Michael Batalla | Poèmes paysages maintenant

Michael Batalla est un poète occupé par les lieux, les paysages et les mots qui les redessinent – en même temps, butent contre.
Il est l’auteur d’un recueil, Poème paysage maintenant, chez Jean-Michel Place.
Il dirige aussi une collection exigeante chez un éditeur, nommé Le clou dans le fer– tout un poème, ce nom, mais aussi tout un paysage. Il participe à silence radio et vous pouvez trouver deux autres de ses poèmes sur le site projectiles

Poèmes Paysages Maintenant

Dans ce recueil, le nom fait aussi leur titre, ce qui les présente à nous, les poèmes, comme éléments du recueil – ce titre, c’est ce qui les unit, les rassemble / ce qui les singularise, c’est le nombre. Les poèmes paysages maintenant sont numérotés de un à sept, et la série n’est pas scellée, se dit-on, puisque conclue ici par des premières subdivisions aux paysages. Le numéro distingue et l’élément de lieu (« à la brouette à feu », « à la balançoire », « le mont Ventoux ») en sous-titre détaille, précise – essaie.

Un sens certain de l’espace – sans être à proprement parler ni formaliste, ni lettriste, ni quoi-que-ce-soit-en-iste, Michaël Batalla ne craint pas de disposer les mots sur la page et d’en varier la disposition, mots qui disent ce que vu par les yeux – et au-delà des yeux, du corps et des sens ensemble du locuteur, ce que perçu par son entier.
Perçu entier, mais restitué vers l’entier, en un geste vers. Et la précision, ou volonté de précision, précision essayée, ici, préserve de trop d’élan lyrique.
Car c’est aussi la singularité du travail de Michaël Batalla, de ne pas appartenir précisément à l’une ou l’autre famille en isme, de n’être ni lyrique ni formel, n’omettant pourtant ni l’éblouissement face à ce paysage (je pense et vois le terme d’épiphanie), ni l’usage insisté du mot en tant que mot : pas de mots justes, juste des mots.

Ce sens de l’espace, il le place aussi, comme le souligne Michel Collot, « dans une vénérable tradition : celle des traités de perspective, qui ont accompagné en Europe l’émergence d’un art du paysage qui a toujours été associé à l’architecture. ». On ne s’étonne pas, d’ailleurs, de trouver traces de collaborations de Michaël Batalla avec des architectes. On ne s’étonne pas non plus qu’il se prête à des exercices aussi périlleux, d’équilibre précaire (on nomme cela des performances), que l’échange de balles de ping pong et de vers et de mots et de phrases, avec une indécise précise comme Olivia Rosenthal.

Dans la foulée, aux sens propres et figurés, de ce recueil, Michael Batalla continue de cheminer et noter, d’écrire, marcher, récrire. Cette foulée se disperse jusqu’en des lieux anonymes et primordiaux de notre monde aujourd’hui, comme les centres de rétention, par exemple.

Poèmes paysages maintenant a paru en 2007 aux éditions Jean-Michel Place

24 octobre 2008
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