Pierre-Antoine Villemaine | Oser Écrire /2

Dialogues


Longueville

A – J’attends le jardinier
B – Il va venir
A – Dans combien de temps ?
B – Dans la journée
A – Il doit faire beaucoup de choses.
Pourvu qu’il ne tarde pas !
B – Il a téléphoné qu’il ne viendra pas
A – Il n’est pas honnête
B – Oui, mais il est gentil !
A –Téléphone-moi
B – Quand tu veux
A – Ah ! Le voilà

Église

A – La fanfare au grand complet
B – Quel est le nom de la fanfare ?
A – Les Majorettes
B – Y a-t-il d’autres instruments ?
A – Oui
B – Lesquels ?
A – Je ne sais pas, je ne connais pas
B – Un enfant ramasse la quête pour le curé
A – Oh zut ! Je n’ai pas de monnaie !
B – Quête pour le concert

Saint-Saen

A – Bonjour
B – Salut, comment ça va ?
A – Ça va bien, merci
B – Je suis venu là. Que j’ai été
malade et ça va se calmer
A – Le groupe va bien
B – Bientôt la fin
A – Du groupe
B – Concentration, silence,
méditation, j’écoute
A – Quoi ?
B – La pluie tomber

           *

A – J’ai oublié mes lunettes
B – Tu aurais du les prendre tu vas voir rien
A – Je vois quand même mais moins
B – Tu les oublies souvent ?
A – Achète une deuxième paire
B – Va au marchand de lunettes
A – Il faut mieux se laver les dents dans un verre à pied, que de se laver les pieds dans un verre à dents.
B – Dans un gobelet
A – On faire une écononmi
B – Chouette alors
A – J’aime bien le hibou

*

A – Ne pars pas mon fils
B – Je dois y aller
A – Tu ne te rends pas compte de la peine que cela me fait !
B – Il reviendra, sois forte !
A – Espère que le soir sera mieux que la journée
B – Mais oui ! La journée se terminera bien pour tout le monde
A – Vive le retour…
B – Du groupe
A – Je tends les bras, je bâille et je t’attends
B – Reviens vite
A – Le plus tôt possible

*

A – Ça y est, j’ai 40 ans
B – Clairon
A – Muzicale
B – On a préparé une jolie fête d’anniversaire
A – Les cadeaux, il ne faut pas oublier les cadeaux
B – C’est un garçon ou une fille ?
A – On va manger du gâteau et chanter « Happy birthday »
B – Du groupe
A – Je suis invité, oui ou non ?
B – Oui, bon anniversaire, tu es le bienvenu
A – Merci à tous !

*

A – Fume pas
B – J’aime me promener
A – Dans le bois
B – Pour contempler l’automne et ramasser des châtaignes
A – Ramassez les feuilles
B – Écouter le chant des oiseaux
A – On ne fume pas dans les bois à cause des incendies

*

A – Bonjour
B – Bonjour aussi
A – Je suis content de la journée
B – Je souhaite que la pluie s’arrête
A – J’ai scié du bois
B – Chez une amie
A – On a fait un bon feu de bois
B – Puis on a fait cuire des merguez
A – On a passé une bonne journée
B – On s’est promis de recommencer
A – Au revoir ! Bonne soirée ! A la prochaine fois ! Tchao !





Il était une fois, je me promenais dans le verger pour aller chercher des champignons, soudain j’ai vu deux jolies biches. Quand elles m’ont vue, elles ont couru à l’opposé du verger.


Il était une fois, un petit garçon qui se promenait dans la forêt. Voyant au loin une biche essayant de l’approcher, la biche se sauva. Un chasseur s’approche de la biche et la tua. Et le petit garçon s’enfuya en voyant le chasseur tuer la biche.


Il était une fois, j’ai été à la fête foraine. Je suis revenu à pied d’Offranville sous la pluie.

Il était une fois un petit garçon qui était perdu. Il voulait trouver une famille. Il arrive dans un village un jour de pluie. Tous les gens sont à l’abri auprès de la cheminée. Il a froid et faim. Il décide de frapper à la porte de la plus grande et belle maison du village. On lui claque la porte au nez lorsqu’il demande un peu de pain et un coin chaud pour passer la nuit. Il pleure, pleure près du puits lorsqu’un vieillard s’approche accompagné d’un éclopé de chien. Celui-ci lui demande pourquoi il pleure. Il lui propose une vieille cabane…


Il était une fois un jeune homme qui allait à vélo chez son amie Paulette, manger des paupiettes avec des courgettes comme légumes ; et il faisait l’andouill… ette.


Il était une fois une petite fille qui faisait plein de bêtises, sa maman rouspétait mais la petite fille s’en fichait.





Pluie

La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, une fraction intense du météore pur. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d’un grain de blé, là d’un pois, ailleurs presque d’une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots convexes. Selon la surface entière d’un petit toit de zinc que le regard surplombe elle ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses de la couverture. De la gouttière attenante où elle coule avec la contention d’un ruisseau creux sans grande pente, elle choit tout à coup en un filet parfaitement vertical, assez grossièrement tressé, jusqu’au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes.





Ravie de cette journée qui a permis à ces personnes de s’exprimer, de s’extérioriser.
J’ai apprécié l’ambiance de cette journée qui a favorisé une rencontre avec un artiste, chose rare pour ces personnes, le groupe – la joie qui s’est dégagée de cette rencontre m’a semblé très bénéfique pour le groupe à l’approche de la fin de l’action. (Lydie)

*

Pierre Antoine, je te livre mes impressions lors de cette belle journée de poésie où tu as réussi un événement si merveilleux, OSER, le fait d’oser dire ou écrire ce que l’on ressent, prendre le temps, comme un moment suspendu, tu as instauré une confiance, les barrières sont tombées, tranquillement, le groupe, Dominique, François, Catherine, Françoise, Isabelle… à tous tu as permis de prendre quelques heures, rien que pour eux, pour chacun d’entre eux, à leur rythme avec ce que chaque personne était capable de dévoiler, un bout de leur histoire mais aussi un plongeon direct du côté de leur sensibilité qu’ils nous offraient et qui par ailleurs se révélait à chacun, à leur grande surprise !

OSER, ça porte, ils embarquent, ils échangent, ils rient, ils s’entraident, ils bougent autrement, tiens pourquoi pas s’asseoir sur le sol et écrire sur la chaise, c’est inhabituel mais tout le monde écrit c’est parti, d’ailleurs tu as pris de très belles photos à ce sujet.

Plusieurs chemins mènent à l’écriture, c’est le message que j’ai ressenti très fort, la parole (communiquer avec une autre personne, échanger un souvenir… ), la pensée (du sujet qui est demandé, divaguer, rêver, ah ça alors j’avais complètement oublié cet instant !…), page blanche, écrire le premier mot, les autres se bousculent à la suite avec toujours ce grand
étonnement, une phrase surgit.

C’est simple, c’est vrai, c’est beau.

Pas d’exclusion (de leur part, ça aurait pu… ) pour les deux personnes qui ne savaient pas écrire, sans se consulter, spontanément, notre main dessinait leurs mots, je pense à Françoise elle aimait beaucoup suivre mon crayon à papier courir sur la feuille (souvenirs d’enfance peut-être…). J’ai découvert Françoise, qui a offert un premier sourire, elle voulait que quelque chose se passe, j’ai ressenti sa volonté, j’étais émue par sa confiance.

J’ai eu la chance de rencontrer le groupe avec Vincent pour leur premier contact au Relais, j’ai senti que c’était un groupe soudé, ils étaient très sensibles à l’accueil de Vincent, à l’écoute, ne sachant pas trop vers quoi ils allaient mais les mots « poésie », « écriture » éveillaient très certainement comme une douceur.

Je suis d’accord avec toi qu’il faille parler de l’enfance, comme tu dis si bien « il faut que ça sorte », par ailleurs j’aurais envie de les voir voyager, vraiment tu as des tonnes d’autres personnages A & B dans ton chapeau, j’imagine ! N’oublie pas que tu es un magicien-poète ! Un grand merci magicien. (Edwige)

1er novembre 2010
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