Antonella Bukovaz [suite] | Quieta e ardente. Viaggio dal centro della terra | Poèmes



Depuis le noyau intérieur

Depuis le cœur interne du cœur qui n’a pas d’oxygène j’ai trouvé mon commencement et je pars dans le rêve du voyage rêvé au milieu des miracles du sommeil

Sur mon front je marque l’éveil
je marque le pas avec l’œil clair qui seul voit
au fond tout au fond le peuple des métaux
la force dans le chemin

si c’est un début, le départ oublie vite le voyage
sagement coquets on va et on esquive d’un mouvement
insouciant de la hanche l’illusion de la clarté

j’ai un bagage de clés et d’os
et des drapeaux pour tout un empire
de souvenirs qui ne dépendent pas
de la volonté mais de la géographie des pieds
et du corps entier, ils dépendent
du réseau enfoui de veines et d’artères
où des voies verticales coulent
comme des hématies
depuis l’inconnu qui nous soutient
dans mon corps de roche
moi enfant du départ
née en juin
mère du voyage
poing de la terre

l’énigme du chemin
recueille de nombreuses sources
cristal sonore du dessous
émet un son où toujours nous avons lieu
structure harmonique des profondeurs
un sentier si impénétrable ne s’éclaircit pas facilement
besoin de lumière à chaque pas
même au hasard et pour jouer
clic clic clic clic
profiter de la douceur géologique
se faire une place dans l’écrasante pression
dans la fréquence de la vibration
au sein de chaque atome

ce n’est que du temps le corps,
que de la volonté l’esprit
et même ici où il semble
ne pas y avoir de direction
les éléments les plus légers
tendent vers le haut

dans les jeunes cristaux
aveugle cherchant le son
et la matière intacte à toucher
dégainée au centre de l’enfer
une neige de fer
une couche visqueuse
comme en hiver.

notes :

Le sommeil est plein de miracles !
« Rêve parisien », à Constantin Guys, Les fleurs du mal, Ch. Baudelaire

Toi dont l’œil clair connaît les profonds arsenaux où dort enseveli le peuple des métaux
« Les litanies de Satan », Les fleurs du mal, Ch. Baudelaire

Tiré de Casadolcecasa
(Miraggi, 2021)

Dal nucleo interno

Dal cuore interno del cuore privo d’ossigeno ho trovato la partenza e parto nel
sogno del viaggio che ho sognato nel pieno dei miracoli del sonno

Sulla fronte segno il risveglio
segno il passo con l’occhio chiaro che solo vede
dentro fin dentro il popolo dei metalli
la forza nel cammino
partire se è inizio scorda in fretta il viaggio
saggiamente civettuoli si va e si schiva con mossa
d’anca spensierata l’illusione della chiarità
ho un bagaglio di chiavi e ossa
e bandiere per un impero
di ricordi che non dipendono
dalla volontà ma dalla geografia dei piedi
e del corpo intero dipendono
dal distendersi sotterraneo di vene e arterie
dove vie verticali come emazia
scorrono dall’ignoto che ci sostiene
nel corpo di roccia mio
figlia della partenza
nata in giugno
del viaggio madre
della terra pugno
l’enigma del cammino
raccoglie molte fonti
cristallo sonoro del fondo
dice un suono dove sempre abbiamo luogo
assetto armonico del profondo
un sentiero così fitto non schiarisce facilmente
è necessario inserire luce in ogni passo
anche a caso e per gioco
klik klik klik klik
usare tenerezza geologica
farsi spazio nella pressione schiacciante
nella frequenza della vibrazione
interna ad ogni atomo
è solo tempo il corpo
solo volontà l’animoe anche qui dove pare
non esserci direzione
gli elementi più leggeri
tendono verso l’alto
nei giovani cristalli
cieca in cerca di suono
e materia intoccata da toccare
sguainata al centro dell’inferno
nevica ferro
una coltre vischiosa
come d’inverno.

note :

Com’è pieno di miracoli il sonno !
da « Sogno parigino », a Constantin Guys, I Fiori del male, Ch. Baudelaire

Tu, con l’occhio chiaro che conosce i profondi arsenali dove dorme sepolto il
popolo dei metalli

da « Le litanie di Satana », I fiori del male, Ch. Baudelaire


*


Depuis le noyau extérieur

Toutes mains qui s’ouvrent et peau luisante de salamandre, je traverse à la nage le fluide ferreux, jonction visqueuse entre les couches générant le champ magnétique

Et ça se peut, qu’on s’empêtre
dans quelque chose de pas clair
matière qui reste collée
tu t’en défais seulement par le regard
attentif très présent
amples brassées et milliards de souffles

il claque dans le flux l’espace rempli de plein
tum tum tum tum tum tum
les parties se tiennent fermement et sursautent
se laissent reconnaître
s’animent tentent un jeu
dans la vase collante et brûlante
inconcevable au feu
elles adhèrent au corps
testent la tenue de la peau
comme aux débuts de l’amour
une matière seulement fantasmée
déguisée en moi
et cela advient sous les yeux de tous,
on s’identifie
avec ce dans quoi on plonge
ça arrive, devenir masse et couler
inutilement

essayer le silence pour évacuer la parole
plongée dans le grondement de la terre
je danse, à savoir je reste immobile dans la fervente attente
du changement
comme un œuf
dans le nid du bourdonnement bas
son d’ensevelies profondeurs
de tels gestes d’abandon sont possibles
dans cet intervalle liquide situé au centre
dans le passage vers la discontinuité
un voyage qui comporte le pardon
d’aimer l’absolu de cet enfer sous-jacent
le mêlant au fragile paradis de l’idée du vide
que la nature ne comprend pas – contemple.

Tiré de Casadolcecasa
(Miraggi, 2021)

Dal nucleo esterno

Tutta mani che si aprono e pelle luccicosa di salmandra guado a nuoto il fluido
ferroso congiunzione viscosa tra strati che genera il campo magnetico

E ci sta che ci si invischi
in qualcosa di poco chiaro
roba che resta appiccicata
te la scolli solo se la guardi
con attenzione molto presente
ampie bracciate e miliardi di respiri
batte nel flusso lo spazio pieno di pieno
tum tum tum tum tum tum
le parti si tengono strette sobbalzando
si fanno riconoscere
si animano provano un gioco
nella melma collosa e incandescente
impensabile al fuoco
aderiscono al corpo
provano la resistenza della pelle
come negli inizi dell’amore
una materia solo immaginata
travestita da me
e succede sotto gli occhi di tutti
che ci si identifichi
con ciò in cui si è immersi
succede che diventi massa e scorri
inutilmente
tentare il silenzio per smaltire la parola
immersa nel rombo della terra
danzo cioè resto ferma intensamente
aspettando il cambiamento
come un uovo
nel nido del basso ronzio
sonoro di profondissime profondità
sono possibili tali gesti di abbandono
in questa parte liquida del centro
nel passaggio verso le discontinuità
un viaggio che prevede il perdono
di amare il pieno di questo inferno sotterraneo
mescolarlo al paradiso fragile dell’idea di vuoto
che la natura non comprende – contempla.


*


Depuis le manteau inférieur

Le passage à ce chaos plastique favorise une sensibilité exponentielle quant aux conditions initiales et la surface est déjà entrouverte

Panaches de matériaux bondissent
et il n’est plus possible
de garder tout à l’intérieur entre miroirs
et cristaux en forme de cubes
échafaudage régulier d’atomes
à la nature ludique parfaitement ordonnée
dans le numéro d’équilibre de la création
pour accéder gaiement
à des fréquences intérieures
à des patiences minérales

rester là-dedans est la seule manière
d’être luxuriants et sauvages
trébucher là où la blessure est propice
sur les silences acuminés
et essayer de ne pas saigner

c’est toute une préparation :
les parties s’enfoncent pour guérir
trouvées et perdues sans cesse
dans ce grand affairement il est toujours plus clair
que le départ
était la maison
et ça ne sert plus à rien de s’angoisser
ou de sonder l’avenir
ou de penser à l’âme du monde
maintenant traqués par le renvoi
depuis l’abîme
quand le mouvement
de la couche comporte désormais l’éjection

prends garde, rien ne remonte encore à la surface
mais tout est prêt
tout est définitif.

Tiré de Casadolcecasa
(Miraggi, 2021)

Dal mantello inferiore

Il passaggio a questo caos plastico favorisce una sensibilità esponenziale rispetto
alle condizioni iniziali e si tiene già a spiraglio la superficie

Pennacchi di materiale sbuffano
e non è più possibile
tenere tutto dentro tra specchi
e cristalli dalla struttura cubica
impalcatura regolare di atomi
dalla natura ludica perfettamente ordinata
nel numero dell’equilibrio della creazione
per accedere gaiamente
a frequenze interiori
e minerali pazienze
stare qui dentro è l’unico modo
per essere lussureggianti e selvaggi
inciampare dove è utile ferirsi
su silenzi acuminati
e tentare di non sanguinare
è tutto un prepararsi :
le parti si aggravano per guarire
trovate e perdute continuamente
nel gran arrabattarsi è sempre più chiaro
che nel partire
era casa
e adesso è inutile stare in ansia
o indagare il futuro
o pensare all’anima del mondo
adesso braccati dal rigurgito
del fondo
quando il moto
dello strato prevede già l’espulsione
bada bene niente viene ancora a galla
ma è tutto pronto
tutto definitivo.


*


Depuis le manteau supérieur

Dans la fusion partielle du contact entre les plaques flottantes le sous-sol pneumatique se déplace vers moi avec la surface

Dans un dessein précis
conçu par la matière éternelle
dans des formes prévues sans cesse remaniées
ce que j’appelle terre ce n’est que la friction
la résistance au mouvement dans le jardin des strates
s’appuie sur moi et reste quiète
pendant que défilent les instructions pour respirer
dans le mystère des combinaisons
corpusculaires et ondulatoires les pas
grondent comme des douleurs inévitables
pour sentir la plénitude et la force
générée par les mottes de terre qui glissent
l’une sur l’autre, qui s’effondrent l’une dans l’autre
et des particules invisibles transportent la mémoire
origine et fonctionnement
tandis qu’on cherche à dire ce qui se passe
et la terre répond de ses bouleversements
par l’orifice des volcans

dans la constellation minérale naît
l’air à cette profondeur
le souffle de la planète inconnu plus haut
comblé de raisons infinies
shhhhhhh...shhhhhh…
ici où tout est encore indicible
par les gestes de la surface
comme un cœur qui n’a pas de battement pour dire
où fuir les ombres en les poursuivant
et où chacun a son propre sanctuaire à profaner
comme un magma qui emprisonne, les priant,
les atomes en treillis cristallins
naissent
des roches immaculées
océans d’eau solide
merveilles sans miroirs
seulement pour l’enchantement des profondeurs

la strate exhale ses humeurs
parle la langue des diamants
elle dit la force elle dit qu’il est temps
elle dit la naissance des dieux
elle dit la fluidité le pendant et la compression
elle dit ta brièveté
l’équilibre des pouvoirs sous-jacents
la pitié
se brise en absence
de bien et de mal
de vide et de plein
pousse pour être à la hauteur
du temps terrestre.

Tiré de Casadolcecasa
(Miraggi, 2021)

Dal mantello superiore

Nella fusione parziale del contatto tra le placche galleggianti il sottosuolo
pneumatico muove a me insieme alla superficie

In un disegno preciso
preparato dalla materia eterna
in forme previste continuamente rimescolate
ciò che chiamo terra è solo l’attrito
la resistenza al moto nel giardino degli strati
poggia su me e sta in quiete
mentre scorrono le istruzioni per il respiro
nel mistero delle combinazioni
corpuscolari e ondulatorie i passi
rombano come dolori inevitabili
per sentire il pieno e la forza
prodotta dai corpi delle zolle che strisciano
l’una sull’altra che sprofondano l’una nell’altra
e particelle invisibili trasportano memoria
origine e funzionamento
mentre cerchiamo di dire cosa succede
e la terra risponde dei suoi turbamenti
con la bocca dei vulcani
nella costellazione minerale nasce
l’aria a questa profondità
il respiro del pianeta sconosciuto all’altitudine
pieno di infinite ragioni
shhhhhhhhh... shhhhhhhh...
qui dove è ancora tutto indicibile
con i gesti della superficie
come da un cuore che non ha battito per la parola
dove fuggire alle ombre mentre le insegui
e dove ognuno ha il suo sacro da profanare
come magma che imprigiona a pregarli
gli atomi in reticoli cristallini
nascono
rocce immacolate
oceani di acqua solida
meraviglie senza specchi
per deliziare la sola profondità
esala lo strato i suoi umoriparla la lingua dei diamanti
dice della forza che è tempo
dice la nascita degli dei
dice la fluidità il mentre e la compressione
dice la tua brevità
l’equilibrio dei poteri sotterranei
la compassione
si frantuma in assenza
di bene e male
di vuoto e di pieno
spinge per essere all’altezza
del tempo terreno.


*


Depuis l’écorce terrestre

Les fossiles entre les plis et les failles et les amas de roches prêts dans les chambres magmatiques racontent mon histoire réelle et insensée et celle de la carapace terrestre

Écoute les sursauts des hydrocarbures
le souffle de l’écorce des silicates
à travers les strates perméables
maintenant que tout se déplace vers là-haut
que tout est glissement
dans le magma sanguin qui gouverne les éruptions
le long des ères transpercées par les séismes
dans les failles qui gardent et qui cèdent l’emplacement
et l’adhérence pour que le monde reste monde
tandis que la terre attend de sa patience insouciante
et les plaques des profondeurs océaniques
s’enclavent dans le manteau
alors que d’autres remontent
dans une perpétuelle alternance millénaire
de plein et de vide
qu’on croit connaître

j’émerge brève comme le Timavo
comme naître à la fin
commencer par la mort
dans une splendeur d’os
dans le chaos moléculaire des naphtas
ordonné et absolu
je perçois la distance des étoiles
l’espace entre moi et ma pensée
car la mort est une racine
confondue avec le silence et le vide
comme si c’était l’éternel mouvement de la planète
alors que la vie en dessous brûle
elle est braise
et tout
ce qui nous soutient
nous engloutit

la nature est capitaine et il n’y a pas d’échappatoire
sinon dans la perfection de la capitulation
dans l’évanescence
dénudée à l’air et à l’eau
chaque vérité est voûtée
avec des yeux de mine
je remue le présent des pierres
l’ère du désordre et des strates superficielles commence
où tout me cerne et me concerne et reconnaît et reflète

et j’avance de travers et j’avance lentement je me greffe
à la chute de poussières au gras des argiles
à la persévérance des flammes aux altérations des roches
à la couleur des bactéries
au rythme brûlé de l’éboulement qui remonte de mes pieds
à l’entêtement des prairies
aux coquelicots trop grands pour notre planète
je me greffe aux illusions des toujours et des jamais
et il paraît que tout cela encore n’est rien
si comparé à l’invisible qui pour exister
n’a point besoin de forme

à présent c’est l’air qui fait tout
il enveloppe pour se retourner et revenir
l’espace à chaque pas est clair
à chaque retour à chaque achèvement
dans le chant d’un pacte minéral
j’entame la partie plus intime du voyage
je reviens sur mes pas je repars
dans mon dos la pensée qui claque
kla kla kla kla kla kla

entre-temps la Terre sursaute
elle fuit la gravité
et elle tombe par amour
seulement par amour
de vérité
au Ciel.

note :

Le Timavo est une rivière souterraine qui naît en Slovénie et ressurgit près de Trieste à quelques pas de la mer.

Tiré de Casadolcecasa
(Miraggi, 2021)

Dalla crosta terrestre

I fossili tra le pieghe e le faglie e gli ammassi di rocce pronti nelle camere
magmatiche raccontano la storia concreta e senza scopo mia e del guscio della
terra

Ascolta i sobbalzi degli idrocarburi
il respiro della crosta di silicati
attraverso strati permeabili
ora che tutto muove verso l’alto
che tutto è slittamento
nel magma sanguigno che governa le eruzioni
lungo le ere infilzate dai terremoti
nelle faglie che tengono e cedono la posizione
e l’aderenza perché il mondo resti mondo
mentre la terra attende nella sua incurante pazienza
e le placche delle profondità oceaniche
si incuneano nel mantello
mentre altre risalgono
in un continuo millenario avvicendarsi
di pieno e di vuoto
che pensiamo conosciuto
sbuco breve come il Timavo
come nascere dalla fine
cominciare la morte
in uno splendore d’ossa
nel caos molecolare delle nafte
ordinato e assoluto
io sento l’altezza delle stelle
lo spazio tra me e il mio pensiero
perché la morte è una radice
confusa con il silenzio e con il vuoto
come fosse l’eterno moto del pianeta
mentre la vita sotto lei fiamma
è brace
e tutto
ciò che ci sostiene
ci inghiotte
la natura è condottiera e non c’è scampo
se non nella perfezione della resa
nella brevità
spogliata all’aria e all’acquaogni verità è curva
con occhi da miniera
muovo il presente alle pietre
ha inizio l’era del disordine negli strati superficiali
dove tutto mi guarda e mi riguarda e riconosce e specchia
e vado storta e vado lentamente e sono innesto
al cadere delle polveri al grasso delle argille
alla persistenza dei fuochi alle alterazioni delle rocce
al colore dei batteri
al ritmo combusto della frana che mi sale dai piedi
alla cocciutaggine dei prati
ai papaveri troppo grandi per il nostro pianeta
innesto alle viscere luminose
in cui cadono gli equilibri segreti
gli incastri delle illusioni dei sempre e dei mai
e pare che tutto questo ancora non sia nulla
in confronto all’invisibile che per essere
non ha bisogno di forma
ora fa tutto l’aria
avvolge per rivolgersi e tornare
è chiaro lo spazio di ogni passo
di ogni ritorno di ogni completamento
nel canto di un patto minerale
inauguro la parte più intima del viaggio
ritorno i miei passi riparto
alle spalle il pensiero schiocca
kla kla kla
kla kla kla
intanto sussulta la Terra
sfugge alla gravità
e cade per amore
solo per amore
di verità
al Cielo.

nota :

Il Timavo è un fiume sotterraneo che nasce in Slovenia e risorge vicino a Trieste
a pochi passi dal mare.


26 novembre 2023
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