Giovanna Sicari | Poèmes



Arrivés à l’heure zéro de notre exploration
longeant le marais sec, près du mur
on a cru que la campagne nous tendait un piège.
Amusés, la vitre brisée, on s’est pris,
le mur était un radeau, pulsation
de notre martyre privé.
Nos corps dormaient après l’averse du jugement
allongés à l’écart des rivalités.
On s’est appelés terre d’épis
les poignets mouillés, on riait
dans un lac en mailles croisées,
en sondant nos fibres.

Arrivati all’ora zero dell’esplorazione
costeggiando la secca palude, vicini al muro
credemmo che la campagna tendesse tranelli.
Divertiti, infrangendo il vetro, ci prendemmo
come se il muro fosse zattera, battito
di un nostro privato martirio.
Dormivano i corpi dopo la valanga del giudizio
stesi lontano dalla rivalità,
ci chiamammo terra di spighe
con i polsi in fondo bagnati, ridevamo
in un lago con le maglie incrociate
scandagliando le nostre fibre.

Tiré de Sigillo
(Crocetti, 1989)


*


Pour ta bonté quand tu collais les papiers
j’ai imaginé pour nous la folie
qui ne s’aperçoit jamais de rien
et quand la force se coagule en incendie
le jour fouille et je meurs heureuse.
Plus loin, dans les mots seulement écrits
et les mots donnés, un souffle lève cette douleur
éclatée, cette joie divine du sang
quand il pleut et que nous sommes invisibles, écrasés
l’un sur l’autre et une nuit se finit
ici sur ton passé, sur ce combat
immobile. Et maintenant reste dehors, sur ces milliers
de minutes insensées sans rien dire, habille-toi
silencieux en équilibre sur le coteau.
Et puis il y avait les femmes
tellement de bruit que je n’arrive pas
je n’arrive pas à voir.

Per la bontà con cui incollavi i fogli
ho immaginato per noi la follia
che non si accorge mai di niente
e quando la forza si coagula in incendio
il giorno scava e muoio felice.
Oltre, dentro le parole soltanto scritte
e nelle date un soffio solleva quel male
scomposto, quella divina gioia del sangue
quando piove e siamo invisibili schiacciati
uno sull’altro e una notte finisce
qui sul tuo passato, su quel combattimento
immobile. Ma adesso resta fuori su quelle migliaia
di minuti errati tacendo, vestendoti
in silenzio sul bilico di un colle.
E poi c’erano le donne
per tanto brusio non riesco
non riesco a vedere.

Tiré de Uno stadio del respiro
(All’insegna del pesce d’oro, 1995)


*


En fin de siège seulement
je serai ton épouse, les invités
touche-les au cœur, et après
soudainement, ce sera le nom de la maison
et rapide le frémissement de juin
les choses autour nous absoudront
exterminées d’écorchures lumineuses.
Oh nos noces
de la deuxième rive, immunes à l’assaut
pointu du vent. Entends-moi
maintenant, intense prodige
les yeux fermés, pas de cri
dans la galerie : embarras, silence,
puis un éclair. D’autres invités
d’autres célébrations.

Soltanto in un finale d’assedio
sarò tua sposa, gli invitati
colpiscili al cuore, che sia poi
improvviso il nome della casa
pronto il tremito di giugno
ci assolveranno le cose intorno
sterminate da abrasioni splendenti.
Oh il nostro sposalizio della
sponda seconda, immune all’attacco
spigoloso del vento. Intendimi
ora, intenso prodigio con gli
occhi chiusi, nessun grido
dalla galleria : imbarazzo, silenzio
poi un lampo. Altri invitatialtri festeggiamenti.

Tiré de Uno stadio del respiro
(All’insegna del pesce d’oro, 1995)


*


Papa, je voudrais t’acheter
touts ces petits riens
exposés au marché,
des choses minuscules, inutiles :
engins, babioles, papiers.
Je voudrais te rendre heureux avec ce rien
qui comble le vide
avec cet amour qui répare,
toi seul tu arroses les plantes fragiles
tu laves et soignes chaque chose
et tu creuses dans la sobriété
de la vie, déterminé
tu ramasses deux petites feuilles et autre,
toi seul tu peux accéder à l’infini.

Vorrei farti felice con questo niente
Babbo, vorrei comprarti
tutte queste piccole cose
esposte al mercato,
cose piccole, inutili :
arnesi, cianfrusaglie, biglietti.
Vorrei farti felice con questo niente
che colma il vuoto
con quest’amore che ripara,
tu solo annaffi le piante lievi
lavi e curi ogni cosa
e scavi nella compostezza
della vita, con decisione
raccogli foglioline e altro
tu solo puoi entrare nell’infinito.

Tiré de Portami ancora per mano. Poesie per il padre
(Crocetti, 2001)


*


Je passais ma journée à la recherche du calme.
En raison d’une étrange grâce amoureuse
j’inspectais les lieux les plus ensoleillés.
Pour cacher les chutes
je te protégeais des curieux de mon cœur.
Les passants étaient des ombres, je voulais
leur expliquer la précision de t’aimer
sans relâche, dans les bassins du vent
dans le tumulte du ciel
au-delà de la portée du paradis.

Il giorno lo conducevo procacciandomi la calma.
Per la stranezza di una grazia amorosa
perquisivo i posti più assolati.
Per nasconderti le cadute ti
proteggevo dai curiosi del mio cuore.
Ombre erano i passanti a cui volevo
spiegare la precisione di amarti
senza posa, nelle conche del vento
nel trambusto del cielo
sopra la portata del paradiso.

Tiré de Poesie 1984-2003 – Giovanna Sicari
(Empirìa, 2006)


*


Amour de l’abri et de l’eau,
amour taciturne loin du danger,
amour des saints hommes, caresse le visage du trouble,
donne-moi les noms du pardon, le chant enfui de la loi,
je sens qu’on sera proches en automne encore,
embrassés dans les maisons vides en se souvenant d’un passé ancien
pour l’oublier, on aura avec nous
seul l’or le plus pur de notre âme, nous serons peut-être juste femme et homme,
peut-être il fera déjà froid et on s’enlacera sous les arbres fatigués,
en s’amusant de tout, le passé nous quittera et nous serons
neufs, légers, sauvés.
Ce sera octobre ou novembre, dans le bois
nous serons tendres et joyeux entre nos bras terreux,
parmi l’eau et le feu, désorientés par les actes.
Au moment de se séparer, notre âme vraie
sera sur le bout des doigts, dans l’air il y aura le soin
de la blessure.

Amore del rifugio e dell’acqua,
amore di poche parole lontano dall’insidia,
amore degli uomini santi, accarezza il viso del turbamento
dammi i nomi del perdono, il canto sepolto della legge,
sento che saremo vicini anche in autunno,
ci abbracceremo nelle case vuote ricordando un antico passato
per dimenticarlo, soltanto l’oro più puro della nostra anima
sarà con noi, forse saremo donna e uomo solamente,
forse farà già freddo e ci abbracceremo fra gli alberi stanchi
ridendo di ogni cosa, il passato ci lascerà e saremo
nuovi, leggeri, redenti.
Sarà ottobre o novembre, nel bosco
saremo teneri e allegri nelle nostre braccia di terra,
fra acqua e fuoco, smarriti dalle azioni.
Quando ci lasceremo sarà sui polpastrelli la
nostra anima vera, nell’aria ci sarà cura
per la ferita.

Tiré de Poesie 1984-2003 – Giovanna Sicari
(Empirìa, 2006)

28 mai 2023
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