Ateliers d’écriture et résidence

par Valérie de Saint-Do, dans le cadre du dossier transversal "ateliers d’écriture en résidence"

Ateliers d’écriture et résidence


En résidence au 6B, j’’y ai proposé un « atelier polar  », ouvert àtous mais qui a surtout vu participer de jeunes adultes. L’idée était d’explorer ensemble les codes d’un genre littéraire, peut-être moins pour leur obéir que pour les subvertir, tout en travaillant ensemble ce qui fait la cohérence et la séduction d’une littérature de genre.


Préalables, formation


Je n’y étais du tout formée en tant que telle, autrement que par des conseils àde jeunes journalistes. La dimension stimulante venait de ce que je me suis mise sur le même plan que les participants : nous explorions ensemble des voies, des pistes, des manières de faire. J’ai eu quelques conversations informelles avec des auteurs habitués àanimer des ateliers. Mais en fait rien ne correspondait vraiment àma pratique autour du roman noir.


La première séance



Pour tout dire, je n’en menais pas large. J’avais peur d’attentes très précises de participants auxquelles je n’aurais pas su répondre. Pas de mauvaises surprises, le plaisir au contraire de voir les participants se prendre au jeu.


Manières de faire



J’ai eu une certaine fidélité des participants et les codes du polar permettaient de mettre en place des exercices assez ludiques (inventer une ambiance, un tueur, une victime, un enquêteur) dans un premier temps. Cela dit, nous avons travaillé sur des synopsis, utilisant entre autres le cadavre exquis. Et au fur et àmesure des séances nous avons élaboré collectivement ce qui pourrait être la trame d’un récit.


J’ai lancé, dans les premières séances, quelques exemples pris chez des auteurs de référence, très différents (de Manchette àEllroy, de Vargas àRuth Rendell). Mais très vite la concentration sur les productions individuelles et collectives ont pris le pas sur la nécessité de la référence. Elle intervient souvent dans les discussions autour des travaux. Alors, pédagogue sà»rement pas, passeuse plutôt, comme dans un club d’amateurs passionnés où l’on se refilerait les livres àlire...


Le travail en atelier et l’écriture personnelle


Il y a frictions et aller-retours permanents. Je donne parfois des exemples – Y compris de difficultés - àpartir de ce que j’écris en ce moment. C’est allé jusqu’àune envie exprimée par les participants d’en connaître le synopsis et de faire des propositions, au demeurant pertinente. Je n’irai pas jusqu’àdire que mon travail s’est mué en une écriture collective, mais il a pu s’inspirer du collaboratif. En tout cas une démystification du mythe de l’écrivain solitaire visité par l’inspiration (mais le mythe était-il encore àdémonter) ?


L’autre, la rencontre



Il y a de la surprise, toujours renouvelée, quant àla richesse de l’imaginaire de l’autre, quel qu’il soit ; comment àpartir d’une situation (nous étions dans un travail sur un genre assez codé, le roman noir, les idées fusent et divergent tout comme les styles et l’abord des situations). Précisément, dans une écriture àpassages obligés, le constat que chacun fuyait les clichés... Et la stupéfaction de voir que toujours, d’une simple phrase, peut jaillir une fiction potentielle.

L’atelier a produit une vraie complicité, et une émulation me laissant croire qu’ils vont poursuivre leurs aventures textuelles au pays du roman noir... et un goà»t marqué pour le fait de travailler àplusieurs sur une intrigue ou sur une forme (dialogue, description, scénario). Il a aussi, me semble-t-il, décomplexé tout le monde : moi novice dans l’animation d’ateliers d’écriture, eux dans l’exercice. Pour le lieu hôte, c’est une autre production collective qui l’a marquée : la fédération de plusieurs artistes résidents pour la production d’un objet, - une revue en l’occurrence.


Les textes


Au départ des séances, il s’agit d’essais, de tentatives, de fragments. Au fil de l’évolution, et en ayant choisi de travailler ensemble sur un récit ou du moins sa trame, il existe quelque chose en gestation qui peut ou peut ne pas trouver une forme achevée.


Et après ?

Oui, l’envie de renouveler avec d’autres publics. Là, il s’agissait d’adultes qui avaient généralement une pratique de l’écriture autre que celle de la fiction. Je souhaiterais vivement travailler aussi avec des adolescents. Et peut -être prolonger ailleurs cet atelier.



Valérie de Saint-Do

21 mai 2015
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