Charlotte Bousquet | Gladys West

Gladys West

Un portrait dans la série Écrire l’égalité (une fille, un gars), thème de la résidence à Herblay.

Née en 1931

Son histoire est extraordinaire. Le GPS a changé la vie de tout le monde, pour toujours. Il n’y a pas un seul domaine de la société – militaire, automobile, téléphonie mobile, réseaux sociaux, parents, NASA, etc. – qui n’utilise pas le système GPS. Gwendolyn James (AKP) 

Gladys est née en 1931, en Virginie dans une famille d’agriculteurs. Passer toute sa vie dans des champs de coton ou de tabac ? Être à peine mieux traitée que les esclaves dont elle descendait ? Non, merci. Gladys a tout fait pour échapper à cette vie dont elle ne voulait pas. Pour commencer, elle a travaillé d’arrache-pied. Elle a réussi à obtenir une bourse et à intégrer l’Université d’État de Virginie, où elle a effectué un cursus mathématiques. Elle y a également intégré – cela a son importance – une sororité d’étudiantes : les Alpha Kappa Phi.

En 1956, elle intègre Dahlgren, base de soutien informatique de l’armée. Dans cette base, ils ne sont que quatre Noirs Américains à être employés. Elle y rencontre son mari, Ira, qu’elle épouse en 1957.

Pendant quarante-deux ans, Gladys recueille des données satellites. Grâce à ses relevés et à ses calculs mathématiques, les ingénieurs et experts de l’armée mettent au point un système remarquablement précis d’identification de positions géographiques : le Global Positionning System… En d’autres termes, le GPS.

Si Gladys avait été un homme, plus particulièrement un homme blanc, son travail aurait été reconnu depuis bien longtemps. Probablement, même, aurait-elle reçu un ou plusieurs prix scientifiques – voire, un Nobel, pourquoi pas ?

En 1979, elle est nommée cheffe de projet pour le Seasat, premier satellite à radiographier les océans. En 1986, elle publie un guide explicatif et analytique sur le sujet : Spécifications du système de traitement de données pour l’altimètre radar du satellite Geosat.

Elle a également participé à une étude qui a démontré la régularité du mouvement de Pluton par rapport à Neptune. Rien que ça.

Et puis, elle a pris sa retraite et repris des études par correspondance – histoire de passer le temps. Sans l’intervention d’une camarade, Gwendolyn James, qui a appris un peu au hasard d’une courte biographie rédigée par Gladys pour une réunion des anciennes AKP, les travaux remarquables de cette femme noire seraient restés anonymes.

Si Gladys avait été un homme, plus particulièrement un homme blanc, sans aucun doute Hollywood se serait depuis longtyemps
emparé de son histoire pour en faire un biopic à Oscars !

Gladys West fait partie des 100 femmes inspirantes et influentes élues par la BBC en 2018.


Charlotte Bousquet

15 février 2019
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