Le dimanche matin, entendre des ronflements dans la rue surprend. Des joggers passent devant le magasin Go Sport, rue du Faubourg du Temple à Paris, mais ils n’interrompent pas leur course vers la place de la République. Ils sont pourtant obligés de zigzaguer pour éviter ces trois dormeurs dans leurs sacs de couchage qui empiètent largement sur le trottoir.

Des dispositifs anti-SDF ont été installés un peu partout dans Paris (voir notre chronique parue en mars), mais ils ne semblent pas très efficaces...

Devant la sortie de secours du vendeur de bicyclettes, il n’y a pas de plots, et là où il y en a on arrive à glisser la tête, une fois allongé. C’est qu’ils y reviennent comme à plaisir, en cet endroit, les paresseux !

Dormeurs étranges, le visage encapuchonné, enfermés dans ce qui ressemble aux « body bags » de couleur noire ou kaki, que l’on découvrit lors de la guerre US au Vietnam et qui servent à nouveau en Irak, le bruit de leurs narines s’échappe sans pudeur avec peut-être aussi des rêves de mieux-être.

Laissés-pour-compte de la société, tombés pour le compte, comme dans un match de boxe perdu contre la vie, ils n’intéressent personne ; ils dorment, ils ne font pas l’aumône, il est 8h.30 et les « bobos » gambadent en short et Adidas pour entretenir leur forme avant de reprendre le collier dès lundi.

L’hiver prochain, les « body bags » contiendront peut-être des corps rigidifiés par le froid : sans doute leurs occupants n’auront-ils pas fait assez de sport.

Dominique Hasselmann, 25 avril 2004.

depuis les photographies des "dispositifs anti SDF " diffusées sur remue.net par Dominique Hasselmann et Philippe De Jonckheere, le dossier est ouvert, et à rebondissements multiples - la misère pourtant demeure... voir Philippe De Jonckheere: "J'irai cracher sur vos installations"