De la beauté à Rentilly
À supposer, donc, qu’on admettrait qu’il soit envisageable
de parler sérieusement dans un poème de « beauté »
il faudrait d’urgence quitter le terrain de l’abstraction
pour atterrir, en évitant les arbres, sur un gazon
car parler sérieusement dans un poème de « beauté »
demande qu’on réfléchisse à ce qu’on appelle « la forme »
pour atterrir, en évitant les arbres, sur un gazon
en pente douce, qui est là, derrière nous, dans la nuit
demande qu’on réfléchisse à ce qu’on appelle « la forme »
mais le pluriel vaut toujours mieux, les formes, qui permettront
en pente douce, qui est là, derrière nous, dans la nuit ?
le visiteur nocturne qui se moque des règlements
mais le pluriel vaut toujours mieux, les formes, qui permettront
aux lectrices et auditrices de se savoir pas seules
le visiteur nocturne qui se moque des règlements
va se coucher dans le parc ni vu ni connu ni cul nu
aux lectrices et auditrices de se savoir pas seules
mais en compagnie de tous les pantoums si c’est un pantoum
va se coucher dans le parc ni vu ni connu ni cul nu
parce que le ciel encadré de branches vaut le détour
mais en compagnie de tous les pantoums si c’est un pantoum
oui, c’en est un, avec ses barreaux d’échelle et sa lenteur
parce que le ciel encadré de branches vaut le détour
il y a des écureuils qui savent ça mieux que personne
oui, c’en est un, avec ses barreaux d’échelle et sa lenteur
ses vers de quinze syllabes mais peuvent-ils être impairs
il y a des écureuils qui savent ça mieux que personne
avec leur queue panache dite souvent de toute beauté
ses vers de quinze syllabes mais peuvent-ils être impairs
je crois qu’il y a tout de même un indice de rigueur
avec leur queue panache dite souvent de toute beauté
aux antipodes de celle du cher rat de labyrinthe
je crois qu’il y a tout de même un indice de rigueur
qui fait que le poème est beau pas de parler de beauté
aux antipodes de celle du cher rat de labyrinthe
celui qui s’y est mis et qui ne songe pas à s’en plaindre
qui fait que le poème est beau pas de parler de beauté
mais concrètement de personnes convaincues et qui doutent
celui qui s’y est mis et qui ne songe pas à s’en plaindre
ça s’appelle une « résidence », être assis durablement
mais concrètement de personnes convaincues et qui doutent
suivez mes regards, ils veulent attester de la rencontre
ça s’appelle une « résidence », être assis durablement
mais surtout debout, stabat le résident sur ses deux jambes
suivez mes regards, ils veulent attester de la rencontre
tu sais, la formule « ça existe, je l’ai rencontré »
mais surtout debout, stabat le résident sur ses deux jambes
parce que les séquoias font de même sur une seule
tu sais, la formule « ça existe, je l’ai rencontré »
eh bien oui, je l’ai rencontrée, la poésie regardée
parce que les séquoias font de même sur une seule
et sans se plaindre, sans déverser les larmes de leur âme
eh bien oui, je l’ai rencontrée, la poésie regardée
comme la langue en question dans le même temps qu’en réponse
et sans se plaindre, sans déverser les larmes de leur âme
qui sont trop nombreuses, toujours, partout, beaucoup trop nombreuses
comme la langue en question dans le même temps qu’en réponse
comme le désir de beautés qui n’est parfois qu’un espoir
jamais trop nombreuses, jamais, partout, jamais trop nombreuses
ici à tous les coins des bureaux, des ateliers, des portes
comme le désir de beautés qui n’est parfois qu’un espoir
comme les « beau comme » en refrain dans Les Chants de Maldoror
ici à tous les coins des bureaux, des ateliers, des portes
la rencontre fortuite d’un moteur d’engin et d’un livre
comme les « beau comme » en refrain dans Les Chants de Maldoror
comme les sollicitations du monde chaudes et vives
la rencontre fortuite d’un moteur d’engin et d’un livre
sur un carré de fleurs du labyrinthe de fleurs mêlées
comme les sollicitations du monde chaudes et vives
les passions à ne pas vaincre si elles sont positives
sur un carré de fleurs du labyrinthe de fleurs mêlées
dont le souvenir hivernal est un dessin dans la terre
les passions à ne pas vaincre si elles sont positives
à cultiver, plutôt : les seuls fruits dont nous serions capables
dont le souvenir hivernal est un dessin dans la terre
ou une remarque en passant dans une conversation
à cultiver, plutôt : les seuls fruits dont nous serions capables
quand la saison le permet et la forme, toujours la forme
ou une remarque en passant dans une conversation
un roi de comédie parle de son frère, un certain frêne
quand la saison le permet et la forme, toujours la forme
mais « forme » dans un sens un peu sportif un peu médical
un roi de comédie parle de son frère, un certain frêne
sans ignorer que c’est au cèdre que ce discours s’adresse
mais « forme » dans un sens un peu sportif un peu médical
physique extrêmement c’est-à-dire spirituel en diable
sans ignorer que c’est au cèdre que ce discours s’adresse
ainsi qu’à tous les êtres ici qui se disent non-cèdres
physique extrêmement c’est-à-dire spirituel en diable
le comptage payé comptant par de l’incommensurable
ainsi qu’à tous les êtres ici qui se disent non-cèdres
sauf ceux qui aimeraient croire à la dendrométempsychose
le comptage payé comptant par de l’incommensurable
combien de visiteurs, c’est assez facile à dénombrer
sauf ceux qui aimeraient croire à la dendrométempsychose
le chêne, le roseau, le tilleul, les charmes marcescents
combien de visiteurs, c’est assez facile à dénombrer
combien d’intimes esthètes, c’est déjà plus difficile
le chêne, le roseau, le tilleul, les charmes marcescents
les couleurs qui changent sur les gens comme les vêtements
combien d’intimes esthètes, c’est déjà plus difficile
on ne va pas leur reprocher leurs réserve et discrétion
les couleurs qui changent sur les gens comme les vêtements
les joues, elles aussi, les post-it et les stabilo boss
on ne va pas leur reprocher leurs réserve et discrétion
leur conviction que la beauté n’est en aucune façon
les joues, elles aussi, les post-it et les stabilo boss
les ciels changeants, les couleurs politiques, non, pas toujours
leur conviction que la beauté n’est en aucune façon
naturelle, mais l’objet, si travail, d’un travail léger
les ciels changeants, les couleurs politiques, non, pas toujours
le bien public est en pleine terre et les choses communes
naturelle, mais l’objet, si travail, d’un travail léger
régulier, presque sans y toucher, et par petites touches
le bien public est en pleine terre et les choses communes
demandent qu’on y revienne toutes les nuits tous les jours
régulier, presque sans y toucher, mais par petites touches
on peut le faire, seulement lorsque le cadre est solide
demandent qu’on y revienne toutes les nuits tous les jours
et qu’on en reparte sans jamais s’arrêter trop longtemps
on peut le faire, seulement lorsque le cadre est solide
qu’on sait son histoire d’amont et son énigme d’aval
et qu’on en reparte sans jamais s’arrêter trop longtemps
beauté, lieu de passage (le café qu’était Jean Racine)
qu’on sait son histoire d’amont et son énigme d’aval
qu’on n’ait pas peur de répéter tous les vers à l’identique
beauté, lieu de passage (le café qu’était Jean Racine
selon Mme de Sévigné) le parfum est vivace
qu’on n’ait pas peur de répéter tous les vers à l’identique
ou presque, les jours se suivent et ne se ressemblent pas
selon Mme de Sévigné) le parfum est vivace
autant que celui de l’herbe après qu’est passée la tondeuse
ou presque, les jours se suivent et ne se ressemblent pas
tout dépend du carré de peau qui se trouve derrière eux
autant que celui de l’herbe après qu’est passée la tondeuse
ou la sousoupe bien chaude à la carotte et à l’orange
tout dépend du carré de peau qui se trouve derrière eux
eux, les jours qu’on dit justement « échelle » en coupe couture
ou la sousoupe bien chaude à la carotte et à l’orange
dont avec un peu de chance il sera question tout à l’heure
eux, les jours qu’on dit justement « échelle » en coupe couture
la beauté du monde ne surgissant donc que dans un cadre
dont avec un peu de chance il sera question tout à l’heure
si le pantoum ne se perd pas dans la tisane d’automne
la beauté du monde ne s’attrapant donc que dans un cadre
les mailles d’un filet, les mailles d’un poème formel
si le pantoum ne se perd pas dans la tisane d’automne
une petite minute encore et vous serez fixés
les mailles d’un filet, les mailles d’un poème formel
et complètement formel on ne peut jamais l’être trop
une petite minute encore et vous serez fixés
la forme fixe est la voie royale de la forme libre
et complètement formel on ne peut jamais l’être trop
on ne peut pas, dans les arts, s’exonérer de ce passage
la forme fixe est la voie royale de la forme libre
et la beauté vient en plus, ça c’est le pourboire éventuel
on ne peut pas, dans les arts, s’exonérer de ce passage
et tout métier, au fond, pourrait avoir cette ambition-là
et la beauté vient en plus, ça c’est le pourboire éventuel
qu’on ne réclame pas à toute force mais qui surprend
et tout métier, au fond, pourrait avoir cette ambition-là
si l’on croit encore au métier qui libère du travail
qu’on ne réclame pas à toute force mais qui surprend
un beau métier, un titre qui ne connaît pas la sottise
si l’on croit encore au métier qui libère du travail
alors on est heureux de le faire et beau par-dessus
un beau métier, un titre qui ne connaît pas la sottise
il y en a plusieurs et à foison il n’y a que ça
alors on est heureux de le faire et beau par-dessus
le marché, car le marché justement marchons-lui dessus
il y en a plusieurs et à foison il n’y a que ça
des métiers d’avenir et semblables au plus vieux du monde
le marché, car le marché justement marchons-lui dessus
ça lui fera les pieds, comme si d’ailleurs il en avait
des métiers d’avenir et semblables au plus vieux du monde
qui est celui de la poésie, pas la prostitution
ça lui fera les pieds, comme si d’ailleurs il en avait
beauté des moments beauté des hommes et beauté des dames
qui est celui de la poésie, pas la prostitution
la langue mesurée, par là propulsée dans la démesure
beauté des moments beauté des hommes et beauté des dames
suivez toujours mon regard, vous ne le regretterez pas
la langue mesurée, par là propulsée dans la démesure
au point que mon dernier vers aura été compté seize
suivez toujours mon regard, vous ne le regretterez pas
rempilez, rentillez, il en restera toujours quelque chose
au point que mon dernier vers aura été compté seize
et le précédent quatorze, ainsi les comptes s’équilibrent
rempilez, rentillez, il en restera toujours quelque chose
à mon sens de la beauté mais peut-être je me vante
et le précédent quatorze, ainsi les comptes s’équilibrent
faisant les bons amis comme dit le proverbe marchand
à mon avis de la beauté mais peut-être je me vante
il faudrait un callimètre pour pouvoir la mesurer
faisant les bons amis comme dit le proverbe marchand.
Voulant que Beauté (le mot) chapeaute toujours une chose
il faudrait un callimètre pour pouvoir la mesurer
il faudrait d’urgence quitter le terrain de l’abstraction
voulant que Beauté (le mot) chapeaute toujours une chose
et à supposer qu’on admettrait qu’il soit envisageable.
de parler sérieusement dans un poème de « beauté »
il faudrait d’urgence quitter le terrain de l’abstraction
pour atterrir, en évitant les arbres, sur un gazon
car parler sérieusement dans un poème de « beauté »
demande qu’on réfléchisse à ce qu’on appelle « la forme »
pour atterrir, en évitant les arbres, sur un gazon
en pente douce, qui est là, derrière nous, dans la nuit
demande qu’on réfléchisse à ce qu’on appelle « la forme »
mais le pluriel vaut toujours mieux, les formes, qui permettront
en pente douce, qui est là, derrière nous, dans la nuit ?
le visiteur nocturne qui se moque des règlements
mais le pluriel vaut toujours mieux, les formes, qui permettront
aux lectrices et auditrices de se savoir pas seules
le visiteur nocturne qui se moque des règlements
va se coucher dans le parc ni vu ni connu ni cul nu
aux lectrices et auditrices de se savoir pas seules
mais en compagnie de tous les pantoums si c’est un pantoum
va se coucher dans le parc ni vu ni connu ni cul nu
parce que le ciel encadré de branches vaut le détour
mais en compagnie de tous les pantoums si c’est un pantoum
oui, c’en est un, avec ses barreaux d’échelle et sa lenteur
parce que le ciel encadré de branches vaut le détour
il y a des écureuils qui savent ça mieux que personne
oui, c’en est un, avec ses barreaux d’échelle et sa lenteur
ses vers de quinze syllabes mais peuvent-ils être impairs
il y a des écureuils qui savent ça mieux que personne
avec leur queue panache dite souvent de toute beauté
ses vers de quinze syllabes mais peuvent-ils être impairs
je crois qu’il y a tout de même un indice de rigueur
avec leur queue panache dite souvent de toute beauté
aux antipodes de celle du cher rat de labyrinthe
je crois qu’il y a tout de même un indice de rigueur
qui fait que le poème est beau pas de parler de beauté
aux antipodes de celle du cher rat de labyrinthe
celui qui s’y est mis et qui ne songe pas à s’en plaindre
qui fait que le poème est beau pas de parler de beauté
mais concrètement de personnes convaincues et qui doutent
celui qui s’y est mis et qui ne songe pas à s’en plaindre
ça s’appelle une « résidence », être assis durablement
mais concrètement de personnes convaincues et qui doutent
suivez mes regards, ils veulent attester de la rencontre
ça s’appelle une « résidence », être assis durablement
mais surtout debout, stabat le résident sur ses deux jambes
suivez mes regards, ils veulent attester de la rencontre
tu sais, la formule « ça existe, je l’ai rencontré »
mais surtout debout, stabat le résident sur ses deux jambes
parce que les séquoias font de même sur une seule
tu sais, la formule « ça existe, je l’ai rencontré »
eh bien oui, je l’ai rencontrée, la poésie regardée
parce que les séquoias font de même sur une seule
et sans se plaindre, sans déverser les larmes de leur âme
eh bien oui, je l’ai rencontrée, la poésie regardée
comme la langue en question dans le même temps qu’en réponse
et sans se plaindre, sans déverser les larmes de leur âme
qui sont trop nombreuses, toujours, partout, beaucoup trop nombreuses
comme la langue en question dans le même temps qu’en réponse
comme le désir de beautés qui n’est parfois qu’un espoir
jamais trop nombreuses, jamais, partout, jamais trop nombreuses
ici à tous les coins des bureaux, des ateliers, des portes
comme le désir de beautés qui n’est parfois qu’un espoir
comme les « beau comme » en refrain dans Les Chants de Maldoror
ici à tous les coins des bureaux, des ateliers, des portes
la rencontre fortuite d’un moteur d’engin et d’un livre
comme les « beau comme » en refrain dans Les Chants de Maldoror
comme les sollicitations du monde chaudes et vives
la rencontre fortuite d’un moteur d’engin et d’un livre
sur un carré de fleurs du labyrinthe de fleurs mêlées
comme les sollicitations du monde chaudes et vives
les passions à ne pas vaincre si elles sont positives
sur un carré de fleurs du labyrinthe de fleurs mêlées
dont le souvenir hivernal est un dessin dans la terre
les passions à ne pas vaincre si elles sont positives
à cultiver, plutôt : les seuls fruits dont nous serions capables
dont le souvenir hivernal est un dessin dans la terre
ou une remarque en passant dans une conversation
à cultiver, plutôt : les seuls fruits dont nous serions capables
quand la saison le permet et la forme, toujours la forme
ou une remarque en passant dans une conversation
un roi de comédie parle de son frère, un certain frêne
quand la saison le permet et la forme, toujours la forme
mais « forme » dans un sens un peu sportif un peu médical
un roi de comédie parle de son frère, un certain frêne
sans ignorer que c’est au cèdre que ce discours s’adresse
mais « forme » dans un sens un peu sportif un peu médical
physique extrêmement c’est-à-dire spirituel en diable
sans ignorer que c’est au cèdre que ce discours s’adresse
ainsi qu’à tous les êtres ici qui se disent non-cèdres
physique extrêmement c’est-à-dire spirituel en diable
le comptage payé comptant par de l’incommensurable
ainsi qu’à tous les êtres ici qui se disent non-cèdres
sauf ceux qui aimeraient croire à la dendrométempsychose
le comptage payé comptant par de l’incommensurable
combien de visiteurs, c’est assez facile à dénombrer
sauf ceux qui aimeraient croire à la dendrométempsychose
le chêne, le roseau, le tilleul, les charmes marcescents
combien de visiteurs, c’est assez facile à dénombrer
combien d’intimes esthètes, c’est déjà plus difficile
le chêne, le roseau, le tilleul, les charmes marcescents
les couleurs qui changent sur les gens comme les vêtements
combien d’intimes esthètes, c’est déjà plus difficile
on ne va pas leur reprocher leurs réserve et discrétion
les couleurs qui changent sur les gens comme les vêtements
les joues, elles aussi, les post-it et les stabilo boss
on ne va pas leur reprocher leurs réserve et discrétion
leur conviction que la beauté n’est en aucune façon
les joues, elles aussi, les post-it et les stabilo boss
les ciels changeants, les couleurs politiques, non, pas toujours
leur conviction que la beauté n’est en aucune façon
naturelle, mais l’objet, si travail, d’un travail léger
les ciels changeants, les couleurs politiques, non, pas toujours
le bien public est en pleine terre et les choses communes
naturelle, mais l’objet, si travail, d’un travail léger
régulier, presque sans y toucher, et par petites touches
le bien public est en pleine terre et les choses communes
demandent qu’on y revienne toutes les nuits tous les jours
régulier, presque sans y toucher, mais par petites touches
on peut le faire, seulement lorsque le cadre est solide
demandent qu’on y revienne toutes les nuits tous les jours
et qu’on en reparte sans jamais s’arrêter trop longtemps
on peut le faire, seulement lorsque le cadre est solide
qu’on sait son histoire d’amont et son énigme d’aval
et qu’on en reparte sans jamais s’arrêter trop longtemps
beauté, lieu de passage (le café qu’était Jean Racine)
qu’on sait son histoire d’amont et son énigme d’aval
qu’on n’ait pas peur de répéter tous les vers à l’identique
beauté, lieu de passage (le café qu’était Jean Racine
selon Mme de Sévigné) le parfum est vivace
qu’on n’ait pas peur de répéter tous les vers à l’identique
ou presque, les jours se suivent et ne se ressemblent pas
selon Mme de Sévigné) le parfum est vivace
autant que celui de l’herbe après qu’est passée la tondeuse
ou presque, les jours se suivent et ne se ressemblent pas
tout dépend du carré de peau qui se trouve derrière eux
autant que celui de l’herbe après qu’est passée la tondeuse
ou la sousoupe bien chaude à la carotte et à l’orange
tout dépend du carré de peau qui se trouve derrière eux
eux, les jours qu’on dit justement « échelle » en coupe couture
ou la sousoupe bien chaude à la carotte et à l’orange
dont avec un peu de chance il sera question tout à l’heure
eux, les jours qu’on dit justement « échelle » en coupe couture
la beauté du monde ne surgissant donc que dans un cadre
dont avec un peu de chance il sera question tout à l’heure
si le pantoum ne se perd pas dans la tisane d’automne
la beauté du monde ne s’attrapant donc que dans un cadre
les mailles d’un filet, les mailles d’un poème formel
si le pantoum ne se perd pas dans la tisane d’automne
une petite minute encore et vous serez fixés
les mailles d’un filet, les mailles d’un poème formel
et complètement formel on ne peut jamais l’être trop
une petite minute encore et vous serez fixés
la forme fixe est la voie royale de la forme libre
et complètement formel on ne peut jamais l’être trop
on ne peut pas, dans les arts, s’exonérer de ce passage
la forme fixe est la voie royale de la forme libre
et la beauté vient en plus, ça c’est le pourboire éventuel
on ne peut pas, dans les arts, s’exonérer de ce passage
et tout métier, au fond, pourrait avoir cette ambition-là
et la beauté vient en plus, ça c’est le pourboire éventuel
qu’on ne réclame pas à toute force mais qui surprend
et tout métier, au fond, pourrait avoir cette ambition-là
si l’on croit encore au métier qui libère du travail
qu’on ne réclame pas à toute force mais qui surprend
un beau métier, un titre qui ne connaît pas la sottise
si l’on croit encore au métier qui libère du travail
alors on est heureux de le faire et beau par-dessus
un beau métier, un titre qui ne connaît pas la sottise
il y en a plusieurs et à foison il n’y a que ça
alors on est heureux de le faire et beau par-dessus
le marché, car le marché justement marchons-lui dessus
il y en a plusieurs et à foison il n’y a que ça
des métiers d’avenir et semblables au plus vieux du monde
le marché, car le marché justement marchons-lui dessus
ça lui fera les pieds, comme si d’ailleurs il en avait
des métiers d’avenir et semblables au plus vieux du monde
qui est celui de la poésie, pas la prostitution
ça lui fera les pieds, comme si d’ailleurs il en avait
beauté des moments beauté des hommes et beauté des dames
qui est celui de la poésie, pas la prostitution
la langue mesurée, par là propulsée dans la démesure
beauté des moments beauté des hommes et beauté des dames
suivez toujours mon regard, vous ne le regretterez pas
la langue mesurée, par là propulsée dans la démesure
au point que mon dernier vers aura été compté seize
suivez toujours mon regard, vous ne le regretterez pas
rempilez, rentillez, il en restera toujours quelque chose
au point que mon dernier vers aura été compté seize
et le précédent quatorze, ainsi les comptes s’équilibrent
rempilez, rentillez, il en restera toujours quelque chose
à mon sens de la beauté mais peut-être je me vante
et le précédent quatorze, ainsi les comptes s’équilibrent
faisant les bons amis comme dit le proverbe marchand
à mon avis de la beauté mais peut-être je me vante
il faudrait un callimètre pour pouvoir la mesurer
faisant les bons amis comme dit le proverbe marchand.
Voulant que Beauté (le mot) chapeaute toujours une chose
il faudrait un callimètre pour pouvoir la mesurer
il faudrait d’urgence quitter le terrain de l’abstraction
voulant que Beauté (le mot) chapeaute toujours une chose
et à supposer qu’on admettrait qu’il soit envisageable.
Jacques Jouet
20 décembre 2012