De nouvelles rencontres.

Quelques jours plus tard, alors que je me prélassais au soleil, je fus alertée par un bruit étranger. Les oreilles dressées, les sens en alerte, je me levais et m’approchais de l’endroit susceptible d’émettre ces sons. Je vis un groupe de jeunes personnes, qui plaisantait àqui mieux mieux. Ces hommes étaient tous habillés pareil et pourtant si différents. Ils rentrèrent dans une sombre cavité, exiguë . Je me demandais franchement ce qu’ils pouvaient y faire. J’entendais les sons de plus en plus faiblement. Leur progression était rapide. Alors, je me risquais àfranchir le pas àmon tour … Au départ, tout était sombre. L’odeur était infecte. Je ne l’identifiais pas, trop occupée àme concentrer sur les éclats de voix. Je ne savais pas où je devais continuer àmarcher. A gauche ? Ou bien était-ce tout droit ou encore, àdroite ? Tous les chemins se ressemblaient et les voix semblaient venir de partout àla fois. Timidement et prudemment, je m’approchais d’une des galeries. Je n’avais pas àcourber la tête car le plafond était haut. Je m’aiguillais avec mes sens. Puis, des flammes, celles des bougies. Je su alors que j’étais dans la bonne direction. Ce qui m’échappa était le fait que ma silhouette, grande et large, se répercutait sur les parois de la grotte. Une jeune fille, surprise tout autant que moi, se leva soudainement et prise de panique, cria. Je ralentis la cadence de mon excursion et me blottis dans un coin comme pour mieux me faire oublier. Un jeune homme, dont la voix était assurée, se tient devant moi, me fixa avec inquiétude sans bouger. Je grelottais sous l’effet de la peur. Qu’avais-je fait là ? M’ aventurer alors qu’il y avait des humains... J’avais été bien inconsciente. Et puis, alors que je ne m’y attendais pas, le jeune homme en question leva la main vers moi comme l’avait fait la petite fille avant lui. Je pris peur et émis un son proche du glapissement. Il dirigea sa main vers mon visage et la retint. Je rapprochai mon museau de sa main pour la sentir. C’était plus par réflexe que j’agissais ainsi. Je le regardais, mes yeux emplis de larmes prêtes àcouler sur mon visage. Le jeune homme se risqua àme toucher comme pour les arrêter dans leurs chutes. Je m’apprêtais àle mordre mais il m’esquiva. Il dit quelque chose que je ne compris pas. Mais dans ses yeux, aucune crainte. Juste la surprise. Il se leva, alla chercher quelque chose dans la pièce aménagée d’àcôté et revint comme si de rien n’était. Ses amis ne bronchaient pas. Je humais le parfum qui se dégageait de la gamelle devant moi. Il posa de l’eau également que je lapais goulà»ment. Rassasiée, j’avais envie de dormir mais restais sur mes gardes. On ne sait jamais ! Les autres parlaient ensemble, les voix se chevauchaient, le débit était rapide. Le jeune homme était àcôté de moi, examinant les nombreuses plaies que j’avais sur le corps dues aux éclats de bouteilles que j’avais rencontré sur le parcours. Il me toucha encore mais cette fois-ci précautionneusement. Je ne montrais plus les dents. Il appliqua quelque chose de froid sur toutes les plaies qu’il pouvait voir. La sensation était étrange. A un moment, je pensais àrebrousser chemin, àles quitter mais j’avais trop peur pour agir. Je me laissais faire. Ils n’avaient pas l’air agressif, ni barbare. Je restais sur mes gardes tout de même. J’entendais des sons qui m’étaient totalement étrangers. Des sortes de « Â boum  » accélérés. Mes yeux étaient lourds, mes paupières se fermaient toutes seules. Je résistais pourtant. Et je sombrais dans un sommeil sans rêves.

Solène Lécuyer

28 février 2017
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