Émilien Chesnot | La vie de qui
nous nous traversons dans les pierres
l’autre nom du soir
y respire
je vois ma main exister
près de l’air
*
je suis une gorge à mon cri
l’herbe autour de moi
construit son silence
y glisse jusqu’au ciel
je ne vis pas je dors
*
neige nuit vent
là où je fus corps
le soir tombe élargi
sur la tête au plus vaste
de son vide
dépossédé là j’envisage
ce devant quoi
je me trouve sans yeux
*
j’écris près de moi
des mots qui m’échappent
c’est tout le temps que j’oublie
l’avenir en est rond
dans la vie je m’endors
*
le caillou est petit est blanc
il me voit faire la taille
de ma couleur
c’est quand je vois le ciel que je pense
par courants la vie m’atteint je pense
et l’herbe est au fond un moment du vert
*
on pourrait dire de la peau qu’elle est
un endroit du vent
*
je grave le mot caillou sur le caillou
le cheval m’emporte dans son rêve
la poussière de l’été nous relie
homme à homme je suis
quelqu’un dans un homme
même si je pars mes mains seront avec moi