Isabelle Fruchart | « L’enfant qui »

Dans les livres de fiction, le son est àla fois omniprésent et impalpable.
Omniprésent comme dans la vie, même quand il est question de silence.
Et pourtant, rarement décrit.
Même quand le roman se déroule sur une autoroute, un chantier, dans un souk, une ville en guerre, ou une famille de musiciens : l’univers visuel est décrit, faisant naître une sensation sonore, instantanée, cependant vague et imprécise, car elle est peu mise en mots.

Et puis parfois, une exception :

« Â Quand tu marches si longtemps, tu peux percevoir chaque bruit de la forêt. Ton oreille, lavée de toutes les paroles, perçoit les frôlements les bruissements furtifs les glissements d’ombre. Tu saisis l’énigme des bruits qu’aucune humain ne crée. Ce sont des sons qui s’enchevêtrent, parfois l’un étouffe l’autre, un temps, mais même les plus ténus, les plus fragiles, réapparaissent, distincts.
Dans le monde où tu marches, chaque son a sa place.
Tu fermes les yeux. Le chant a charrié hors de toi jusqu’àton nom.
Reste ta peau nue, fraîche. Ton ouïe toute neuve. Parfaite.
Maintenant tu entends comme le chien. Tu fais partie du monde de la forêt.  »

Jeanne Benameur, L’enfant qui

17 avril 2018
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