Journal de résidence 5 (par Philippe Dupuy)


Une Histoire de l’Art

Journal de résidence

Une Histoire de L’Art est publiée mensuellement sous forme numérique par Professeur Cyclope à partir de juillet 2013.

Matériellement, elle se présente aussi sous la forme d’un long ruban de papier Moleskine légèrement crème de 19 cm de large. Cette pièce originale du projet est manuscrite et dessinée au trait noir. Elle peut présenter des repentirs, visible en blanc. J’en donne la nouvelle longueur à chaque volet.


22 octobre 2013
Cinquième volet.
Longueur du ruban : 1876 cm

Joël-Peter Witkin est un photographe qui met en scène des cadavres ou des restes humains pour créer des compositions faisant souvent référence à l’Histoire de l’Art, à la religion, mais aussi à des pratiques généralement qualifiées de déviantes.
Son œuvre provoque fascination et répulsion.
Y a-t-il des limites à ne pas franchir en art ? Quelles seraient-elles ? De quoi dépendraient-elles ? L’artiste est-il un être à part qui peut tout se permettre ? La transgression, la provocation peuvent-elles être des postures délibérément adoptées juste pour attirer les regards ?
Marcel Duchamp, les Sex Pistols, Le Dernier Tango à Paris, Le Sacre du Printemps, l’Histoire de l’Œil, Madame Bovary, l’Origine du Monde ou les Demoiselles d’Avignon. Autant d’exemples qui ne relèvent pas de la posture.

Un module vidéo intitulé transgressions dont voici le commentaire :

Être ou ne pas être dans la transgression ?

La transgression quand elle appartient à l’histoire est lue à la lumière des conventions ou de la morale de l’époque. Replacée dans son contexte, elle peut donc être considérée comme telle par tous. Sa nature transgressive n’est pas remise en question.

En revanche, plus l’acte est récent, plus sa classification est sujette à discussion. Quand il s’agit du présent, les lignes sont plus floues et chacun y va de ses propres considérations dont on ne peut dégager une position commune.
Les transgresseurs des uns sont de gentils agneaux pour d’autres, voire des imposteurs.

Et si le risque était le seul point indiscutable permettant de caractériser l’acte transgressif ? Sans risque, mais aussi sans intentionnalité et dénuée de sens, la transgression n’est qu’un jeu, une provocation d’opérette.

Ce cinquième volet est délicat. Je travaille à partir d’images dures ou dérangeantes. Le dessin par sa relecture les rend plus supportables. Mais confronté à leur crudité, j’en ai parfois la nausée. Je ne sais jamais vraiment à l’avance où mon Histoire de l’Art m’emmène. J’espère être plus léger le mois prochain.

Devant une quinzaine d’enseignants puis l’équipe de La Ferme du Buisson, je me suis transformé en conférencier/formateur pour un long exposé sur la bande dessinée, son histoire, son évolution et ses courants. L’occasion de défendre quelques convictions et d’aborder certains préjugés concernant le médium.

Je suis à mi-parcours de ma résidence.

9 novembre 2013
T T+