L’antre de la bête

« Â Le texte écrit aujourd’hui a pour but de résumer une journée d’enquêtes. Une journée dont je ne me rappellerai pas. Pourquoi ? Je l’écris aujourd’hui des douze colonnes pour l’expliquer, avant d’oublier. Afin de montrer les différents lieux de Cergy àPhilippe et Claudia qui ne connaissent pas vraiment les lieux, Joanna et moi-même avons décidé de les accompagner sur le terrain. Cergy, Saint Christophe, la Tour Belvédère, les douze colonnes, la base de loisir. C’est le dernier trajet que nous avons prévu.
La tour, toujours inclinée de trois degrés sur l’axe majeur, y pointait sont laser droit et scintillant, comme l’œil de Sauron surveillant les Terres du Milieu. Nous arrivions de l’avenue du jour, par le chemin que j’empreintais chaque jour lorsque j’étais au lycée Galilée. Celui-ci, dont l’architecture représentait la coque d’un bateau àl’envers (je n’ai jamais réussi ày voir la coque d’un bateau, je tiens àle souligner), était dans notre dos. Face ànous, l’inclinaison de la tour était flagrante, ce qui mérita quelques photos pour souligner ce trait architectural peu commun. Suivant le laser, nous avons rejoint les douze colonnes. C’est àce moment làque nous avons compris que nous arrivions dans l’antre de la bête. Des souvenirs enfouis dans nos mémoires ressurgirent. La tour, source d’énergie créée par la bête, alimentait les douze colonnes de manière àce que quiconque passant àcôté voit ses souvenirs modifiés, voir effacés. Nous ne savions pas d’où nous venaient ces informations, mais elles étaient bien là, encrées en nous. Il fallait trouver un moyen de nous rappeler, pour prévenir Arno Bertina. Ces informations seraient capitales pour notre projet.
La vue de Paris en contraste avec celle de la campagne était impressionnante du haut des nombreuses marches reliant les douze colonnes au lac de la base de loisirs. Nous étions àl’embranchement entre deux mondes. Dans le lac, nous pouvions apercevoir le sommet de ce qui semblait être une pyramide, ou que nous nommerons ainsi n’ayant pas réellement réussi àidentifier exactement de quoi il s’agissait. Nous savions, sans réellement comprendre, que la bête était en dessous, qu’elle attendait notre venue. Nous avions descendus les marches d’un pas hésitant pour atteindre le lac, un large pont rouge nous faisait face pour rejoindre la base de loisirs, nous l’avons traversé, marchant de plus en plus lentement. La pyramide, ou plutôt la maison de la bête, était face ànous. Des dizaines d’oiseaux semblaient nous fixer, comme s’ils étaient prêts ànous sauter dessus si nous approchions trop de la demeure de la créature. Nous étions bel et bien sur son territoire.
– C’est làqu’elle doit cacher ses petits, avait chuchoté Philippe.
Sur le coup j’avais rigolé, non pas parce que l’idée me semblait improbable, mais plus pour détendre l’atmosphère pesante que la bête donnait àce lieu.
Nous sommes partis quelques temps plus tard, remontant les marches nous savions que nous aurions tout oublié quelques minutes plus tard. Ces notes, je ne sais pas si elles disparaîtrons aussi àcause de la magie des douze colonnes, mais je me dois d’essayer de les préserver. Les douze colonne nous font maintenant face alors que je continue de gratter ces mots sur le papier. Des souvenirs refont surface, cette enquête, on l’avait déjàfaite àplusieurs reprises. Chaque vendredi pour être exact depuis le début de l’année scolaire. À peine revenus, les souvenirs s’effacèrent.  »

Je regardais les autres pensifs alors qu’on se disait au revoir, après avoir bu un café au Flunch.
– On a oublié d’aller aux douze colonnes aujourd’hui non ? Fis-je.
– On ira la semaine prochaine, répondit Philippe.
– Avec plaisir, ça complétera notre enquête.
Dans son antre, sous la pyramide, la bête rigolait...

Ronan Kencker

4 février 2017
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