L’éthique féminine

Dans la classe où j’ai posé mon regard depuis plusieurs mois, à Vitry, il y a Jonathan et Karim et puis une vingtaine de filles, de 14 ans à presque 18 ans, qui viennent de pays, de régions du bout du monde mais leur environnement c’est la mode, dans l’espoir d’habiller un jour des corps de femmes. Je travaille avec elles, eux à comment dépasser les clichés, mais aussi leur pudeur, l’écriture sert aussi à ça. Et même s’ils, si elles sont assez désinvoltes, rieurs(ses), joyeux(ses), ils, elles ont été trempés dans un milieu qui les engonce. Je veux dire qu’elles/ils aiment le sexy à défaut de connaitre le romantique. Le kitsch ne les intéresse pas, le criard, l’exubérance, sans doute même les violentent.
Mes interventions se nourrissent du raisonnement de L’éthique féminine, texte dirigé Michel Dion [1], Mariette Julien [2].
Existe-t-il une façon éthique pour les femmes de s’habiller ou de transformer leur corps ? Qui est responsable de l’apparence des femmes dans nos sociétés : les femmes elles-mêmes, les dessinateurs de mode ou l’industrie du marketing, du vêtement et des cosmétiques ?


Voilà un début de leurs textes textes mis bout à bout…
J’ouvre une armoire et voilà…



…des habits neufs, ce n’est pas rien, une tenue qui me vient à l’esprit, ou plutôt un cadeau de Noël, selon que l’on soit gai, triste, énervé, pressé, invité, en attente d’amour, on essaie de ne pas trop se tromper de jour, de semaine, d’époque, de rendez-vous, est-ce qu’ils vont coller à la situation ? Qu’ils sortent de l’armoire, du magasin, emballés bien comme il faut par la caissière, les choisir, les mettre, les ranger chez soi, les dépoussiérer, les créer de toutes pièces, pour son plaisir, celui des autres, pour être admirée, restée discrète, ne pas être vue, remarquée, adulée, savoir prendre le temps, ne pas savoir quoi se mettre, il n’y a pas de robe dans mon armoire, j’en fabrique une, avec un basique, ou du cuir noir, de la dentelle, un tee-shirt, ne pas réussir à trouver, regarder encore son armoire, trouver enfin la petite robe bleue, non ce sera la rouge, et demain la rose, pour le mariage, de la dentelle, du chiffon, évasée sur le côté, un costume de fête que j’aime déjà, une tenue de folie, sexy, en fonction de mon ressenti, des couleurs, des matières, il faut que cela corresponde, des talons aiguille, c’est quelque chose, ma robe de soirée, je ne sais pas quoi mettre, je ne trouve pas, il faut que ça aille avec le reste, et le cintre est vide, où est le vêtement, tombé, derrière, ce sera finalement une salopette, et, je la mettrai quand même pour aller au travail, si vous croyez que des habits neufs, ce n’est pas rien… c’est quelque chose… les manches longues, et puis pas grave, je la mets la robe et je pars à l’école… la robe avec le bustier fait de tissus en pagne, et en bas des cristaux et puis et si cela ne lui plaît pas, tant pis pour lui….

14 décembre 2015
T T+

[1avocat et éthicien, professeur titulaire au département de management de la Faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke (Canada)

[2docteur en communication, professeur à l’École supérieure de mode de Montréal à l’Université du Québec à Montréal