La frite n’est pas à vous

La frite est loin d’être française même si en anglais on l’appelle « French fries ».

La frite est belge.

Je n’ai rien contre les Français, mais ils y sont pour quelque chose tout de même. Et je pense que c’est la race maudite des Parisiens qui ont fait que c’est ainsi. De toute façon, c’est une race rusée. Ils font la gueule, ils boudent, et ils ne répondent pas aux bonjours. Ils refusent d’aller plus loin que les dernières stations de métro, et ne prennent le RER qu’en dernier recours. Ils sont même à la base des colonisations.

C’est à cause d’eux que les Normands sont maintenant français, les Bretons aussi, et ils sont allés jusqu’au Pays basque et en Corse. Comme si ce n’est pas suffisant, maintenant sous le prétexte de la mission civilisatrice, ils vont agrandir Paris pour civiliser ce qu’ils appellent « les ploucs de banlieue ». Ils vont étendre les lignes du métro pour pouvoir se déplacer, mais aussi pour mieux ramener « les ploucs », même les plus reculés de l’Île-de-France, en plein centre de Paris afin de nettoyer les chiottes, de faire les chiens de garde dans les boutiques du 8e arrondissement, et puis ranger les rayons, et tenir la caisse. Enfin, même pas la caisse, car c’est une tâche que la machine maîtrise parfaitement de nos jours.

La frite est belge, la bonne bière aussi. Depuis que je travaille à Paris je n’ai jamais bu de bière française, il suffit de goûter à la bière Belle France pour comprendre toute l’ironie du mot « belle », et si vous la goûtez à Paris, ça vous donnera une image de la mentalité parisienne. Maintenant que je suis de retour à Bruxelles, je ne mettrai plus les pieds sur Paris. À cette occasion, je vous donne rendez-vous à l’Afonoir, Place d’Ixelles, pour afonner les plus bruxelloises des mousses belges. Je paye la tournée.
De toute façon, la bière est moins chère qu’à Paris. Les cinquante centilitres sont à deux euros septante cents, même pas le coup d’un demi à Paris. Et comme je suis gentil, j’en paye pour les Parisiens qui résident à Bruxelles aussi. Les autres ils se la pètent, surtout les politiques, ils veulent étendre leur territoire jusqu’à Bruxelles en passant par la Wallonie.
Le Grand Paris, l’arnaque du siècle ! Ce n’est qu’un nouveau projet de colonisation, déjà pour mieux exploiter « les ploucs », puis pour conquérir la Seine même sur les terres normandes comme l’a dit mon ami Sanson, et pour finir, conquérir la région francophone de mon pays.

À bas le colonialisme et la politique dite « civilisatrice ». Vive la frite et la bonne bière.

Nadir Haddadou

10 septembre 2017
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