La nuit, c’était vers 23 heures.

Deux nuits – 30 ans

– Halt ! Who goes there ?
– The keys.
– Whose keys ?
– The Queens’ keys.

Je ne me souviens plus de la réplique exacte mais les Beefeeters ont laissé passer le capitaine de la garde avec ses soldats. C’est une cérémonie qui a lieu tous les soirs àla tombée de la nuit depuis environ cinq cents ans.
Moi, j’étais làpour dîner avec le capitaine qui devait y passer la nuit. Je suis partie le lendemain matin avec les touristes. On était àla Tour de Londres. Il n’avait droit qu’àun seul invité, en l’occurrence moi – pratiquement une amie d’enfance.

Gare d’Austerlitz, une trentaine d’années après…
– Mademoiselle ! Où allez-vous avec toutes ces couvertures de la SNCF ?
Il y en avait sept. J’allais les prendre tous les soirs dans le chariot au bout du quai et je les rendais tous les matins, après une nuit passée devant l’une des boutiques.

Barbara


Une nuit àParis

Une nuit, j’ai dormi dans un petit parc tout près d’une très grande église située au métro Félix-Faure àParis, parce que je n’avais pas pu obtenir une place par le 115. La nuit ne fut pas très confortable àcause du froid et de la dureté du banc qui se trouva être mon lit sous ce grand manguier. Mais la nuit se révéla intéressante lorsque je découvris des rideaux qui traînaient làprès d’une poubelle, dans la rue, juste àcôté des toilettes publiques. Même si les rideaux ne sentaient pas très bon, ils rendirent mon lit un peu plus confortable.
À côté de l’église se trouvait un bar où buvaient des gens et cela me fit oublier que j’étais seul. Les choses s’améliorèrent même un peu lorsqu’une jeune femme qui semblait rentrer tard de son travail me regarda avec gentillesse et me donna un gâteau aux fruits qu’elle avait sur elle.
Quand le nombre de promeneurs commença àdiminuer et que le bar commença àse vider, les dernières heures de la nuit qui restaient às’écouler se transformèrent en la plus longue nuit jamais vécue.
Mais il est connu que le sommeil ne respecte rien, et je tombai dans un très profond sommeil pour n’être réveillé qu’au petit matin par les lourdes cloches de l’église.

Fred


Une nuit inoubliable

Une nuit qui me semble inoubliable dans ma vie. J’avais 12 ans. C’était àSeke Banza, dans un village, Lolo Ndaw, au fin fond de la forêt de Mayombe dans la province du Bas-Congo, en RDC.
Tout justement la période des grandes vacances.
L’oncle Muendo (l’aîné de ma mère) nous ramenait au village afin de pouvoir passer un séjour ensemble.
Arrivé au village, la tristesse a envahi mon cœur, car pour la première fois, je voyais des maisons pareilles, c’est-à-dire des cases en toiture de paille.
Dans la case de mon oncle, il avait une chambre où il gardait ses chèvres.
La nuit, c’était vers 23 heures. Toutes les chèvres se sont dispersées dans la maison. Étant expert de chasse de nuit, mon oncle est sorti avec son fusil car il avait vu un python de 6 mètres de long en train d’avaler une chèvre.
Il lui tira dessus et le tua.
Ma nuit fut insupportable après ça. J’ai tout de suite décidé de rentrer àKinshasa.

Pierre


Six nuits particulières

1. Une nuit somnolant sur la piste d’un dancing, àBangkok et œuvrant pour la danse, avec la meute d’entraîneuses affriolantes qui nous faisaient refaire nos gammes de play-boy estival, dans une salle grande, blanche et éclairée de mille néons, où les deux catégories se jaugeaient, jusqu’àcette descente de police vers 3-4 heures du matin, qui abrégea ce début d’aube et ce programme chargé.

2. Une nuit dans une salle de jeux sur la route finale du Cap Nord. Nous nous arrêtâmes pour nous reposer dans celle-ci. Une salle aux bois sombres, genre palissandre, avec un grand billard et sa corolle au-dessus, servait de point de repère ànos déplacements. Une moquette rouge isolait le sol des bruits et des aspérités de la chape. La nuit fut courte mais intense, et le réveil n’en fut que mal apprécié.

3. Une nuit dans une école privée catholique de Gyor, en Hongrie. Nous étions les invités des organisateurs de ce tournoi de hand-ball et ils nous avaient logés trois nuits àla sortie de la ville dans la chambre de l’aumônier, tout en bois, un lit pour chacun avec la Croix aux murs qui nous faisait face, et un matelas dur qui abrégea la courte nuit, pour le petit déjeuner à5 minutes dans un lycée. Cette pièce sombre incitait àla méditation religieuse, ce qui nous permis de gâter le directeur pour le remercier de cet hébergement, avant d’aller arbitrer les parties et de reprendre l’avion puis la voiture pour Vienne.

4. Une nuit àl’Institut national des Sports de Tata, en Hongrie, àla sortie de la ville, lieu des entraînements des Teams nationaux de toute spécialité. Après un vin d’honneur et un repas autour des invités de marque, nous regagnâmes la chambre qui nous était attribuée : une grande pièce d’environ 30 mètres carrés, spartiate en objets mais claire en couleurs. Deux lits, une table de chevet pour chacun ainsi qu’une chaise faisaient le décor, mais le plus beau, avant de partir au gymnase en bois de Tatabanya, c’était le décor qui s’offrait ànous àtravers la forêt après les bâtiments, la forêt, les lacs et les terrains garnissant cet espace sportif avec tous les gymnases. L’animation du réfectoire au matin nous permit de respirer la tâche arbitrale.

5. Une nuit en hôtel de luxe àEdmonton au Canada. La navette de l’aéroport nous avait laissés devant cet hôtel de luxe moderne, une grande tour de plus de 35 étages, au milieu des nombreux sportifs canadiens et équipes provinciales pour ces finales nationales, avec presque àcôté, la grande Université d’Edmonton. Nous prîmes l’ascenseur et arrivâmes au 18e étage où notre chambre nous attendait : une grande pièce avec tout le confort pour deux personnes : 2 grands lits doubles au dessus-de-lit blanc nacre. Nous jetâmes nos sacs par terre et visitâmes alors la buanderie, la salle de bains tout équipée aux robinets avec dorures et àla baignoire Grand Siècle, une moquette épaisse piétinée par nos jambes fatiguées par l’avion et les dix heures de vol, la télé aux multiples programmes et la Bible placée sur la table de nuit, le danger étant de ne pas se réveiller le lendemain matin pour 6h30 sous le soleil qui envahissait déjàla ville, la capitale des centres commerciaux.

6. Une nuit en Bed & Breakfast au Connemara (Eire). En finissant dans cette région de lacs et de verdure humide, nous arrivâmes àl’avant-dernière étape après 32 km de marche soutenue sous une pluie insidieuse et bruinante. Le B&B s’offrit ànous au carrefour : une belle demeure irlandaise àla pelouse impeccable. La propriétaire vint nous accueillir avec une nièce qui me tapa dans l’œil. Nous la suivîmes pour découvrir ce refuge routard : dix belles chambres nous tendirent les bras, avec pour point d’orgue le lit pour nous reposer après cette journée et ce verre nocturne au pub surchauffé, où les gigues et quadrilles se succédèrent, avant le retour au petit matin vers l’hostellerie et la nièce prodigue !

Dominique

Extraits de l’atelier du 2 avril 2012.
© Tous droits réservés pour les textes.

11 mai 2012
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