Les Lilas, le 13 novembre 2015

Invité ce soir par La voix du Griot, pour une rencontre avec Anne Montange et Martin Jacques, deux auteurs lilasiens, je lis au public un extrait de mon Journal d’une saison au Triton que je dirai sur scène dans quelques jours avec Andy Emler au piano :

« Â Ce pouvoir qu’a la musique sur moi-même, me disais-je encore en sortant du concert de Emler/Tchamitichian/Darrifourcq trio et en chantonnant : j’aime l’air d’Andy aime l’air j’aime Andy l’air d’Andy aime l’air... car tu connais ce secret Andy que le chant n’est pas seulement mélodie, mais aussi vibration, et quand tu te bats avec le cadre métallique du Yamaha, avec tes mains qui font vibrer ma caisse claire, et sentir déjàau passage la corde au cou de la cinquantaine où tu es déjàpassé, et moi pas encore sà»r d’y réussir le tournant sans tomber dans la fosse commune :

Ce làoù tout finit qui cognait ce soir en ostinato
De ton trio Andy qui doit sans doute détester
Le mezzo forte tant les contrastes entre tes pas sur la neige
Salut Debussy et le ring sur le cours
De ta musique
Terriblement jouissive pourquoi
Je m’émeus de voir Sylvain dans un instant d’écoute du solo de ton piano
Battre la mesure avec sa tête et son corps entier qui écoute
Et qui s’oublie un instant en battant le temps comme des œufs en neige
Au paradis une dernière fois ça te donne l’envie
De croire que c’est pas encore fini les accents
Toniques de la percussion noire et blanche où nous retournerons
A Casablanca la tête et le corps àl’envers comme Syca
Le danseur hip hop que j’ai croisé tout àl’heure sur la terrasse du Triton
Où déjàbruissait le remplacement du batteur en titre
– Toi mon gars tu n’as pas le sens du rythme tu es le rythme tout en finesse, a dà» flairer aussitôt Andy maestro
Quand lui-même pris d’un fou rire spontané
Avec Tchamitchian qu’ils ont tous les deux eu du mal àéteindre
Avec nous les auditeurs contaminés par cette incendie de joie.

La neige sous tes doigts de charpentier
Avec tes larges épaules, voiles dans la grande houle
De ton navire pacifique
Et la révolte furieuse
Inassouvie jusqu’àl’horizon
Extinction
Avec tes doigts de soleil dans les cordes jusqu’en haut du mât
Arcs cuivrés du jour aux nuits échouées de ton piano
The last chance Andy
For the world
j’aime l’air d’Andy Aime l’air
j’aime Andy l’air d’Andy aime l’air
For the world
For the world
Aime l’air
La dernière chance pour le monde ?  »

Puis, répondant aux questions de Cécile Tricoire sur ma résidence d’auteur, je parle de mon second roman sur lequel je travaille actuellement, et que j’ai l’intention de terminer durant ma résidence. J’explique que le personnage principal de ce roman « Â Vincent  » cherche àtrouver la paix avec son histoire, ses racines, et que le titre provisoire « Â Shalom  » veut dire paix en hébreu. Je dis : il est important pour Vincent de trouver la paix et de penser àla paix pour le monde qui l’entoure.
A 22h30, je reçois l’appel d’une amie qui m’annonce que pendant la rencontre il y a eu plusieurs fusillades dans Paris. Après avoir remercié tout le monde, je m’éclipse et monte dans un taxi. Comme tout le monde, je suis sous le choc.

25 novembre 2015
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