Mme Bovary versus le Petit Chaperon rouge

Emma Bovary, anciennement nommée le Petit Chaperon rouge dans son enfance, se trouve insatisfaite de sa situation actuelle. En effet, peu après ses mésaventures de jeunesse, la demoiselle s’est découvert une passion pour la chasse aux loups. A présent mariée àCharles, un charmant boucher qui lui avait fait sa déclaration deux ans plus tôt, c’est avec tristesse qu’elle s’aperçut qu’il ne restait plus aucun loup dans la forêt. Son ennui la dévorant, elle supplia alors son mari de déménager chez sa grand–mère habitant àYonville, en Normandie.

– Emma ma jolie, comme tu as grandi depuis la dernière fois ! Tu te souviens, tu m’avais apporté un bourdelot et un pot de confiture. Ils étaient délicieux et je te remercie encore pour cette attention ma chérie.

– Oh, mère-grand, quel plaisir de vous revoir, et en bonne santé. Vous semblez même rajeunie !

– Que de flatteries, tu es si adorable. Je souhaiterais te présenter Léon, qui vient souvent me tenir compagnie. J’ai pensé que vous pourriez bien vous entendre, et il a accepté de venir vous accueillir lorsque je l’ai convié àse joindre ànous.

– Enchanté de faire votre connaissance, cher Léon. Grand-mère m’a beaucoup parlé de vous. Paraîtrait-il que vous aussi vous pratiquiez la chasse ?

– Effectivement, et ce depuis ma plus tendre enfance. Cela est un réel plaisir de connaître votre amour de cette activité, malheureusement si peu pratiquée par les femmes. Nous tenons làun intéressant sujet de conversation, n’est-ce pas ?

– Très certainement ! Peut-être pourriez-vous même m’accompagner un jour afin que je ne me perde pas dans la forêt ? Je n’ai pas encore de repères et cela pourrait s’avérer plus ardu de commencer seule. Si cela ne vous incommode pas, évidemment.

– Je n’y vois aucune objection et j’en serai même ravi ! A propos, ne serait–ce pas une excellente idée d’aller se promener près du lac dès que vous vous serez remise du voyage ? Cela a dà» être épuisant. Prendre l’air frais est toujours agréable et nous ferions plus ample connaissance.

– Vous m’en voyez comblée ! J’ai ouï-dire que les parages sont infestés de loups !

– Vous êtes bien renseignée, madame. Ne vous inquiétez pas, nous en dénicherons probablement un ou deux, mais restons vigilants. Ceux de notre région se montrent particulièrement agressifs depuis quelque temps, et je doute que votre arrivée soit un événement apaisant pour eux.

– Ne vous inquiétez point, je chasse depuis mon plus jeune âge, ce ne sont pas de pauvres loups qui me feront reculer !

– Votre grand-mère n’a de cesse de faire l’éloge de vos capacités. Il me tarde de vous voir en action.

– Pour être honnête, je dois dire que cela fait un certain temps que je n’ai plus eu l’opportunité de chasser… Il se pourrait que je ne sois pas aussi agile et vive qu’auparavant. J’espère me montrer àla hauteur de ma réputation et vous décevoir est le dernier de mes souhaits, tant vous me semblez être quelqu’un d’instruit et d’intéressant.

– Je suis très curieux àpropos de vous également. Par exemple, qu’est–ce qui vous réjouit dans la chasse ? Quel plaisir y trouvez-vous ?

– Eh bien, voyez-vous, la chair de loup est, selon moi, ce qu’il y a de meilleur au monde, surtout lorsque mon cher mari la prépare. De plus, chasser me procure une véritable adrénaline qui me permet d’être constamment active et énergique, et de ne pas m’ennuyer. C’est une occupation qui est indispensable àma santé, c’est une vraie délivrance de la vie mondaine que de nombreuses femmes recherchent et adorent.

– C’est si rare de rencontrer quelqu’un qui partage la même perception de la vie que moi ! Il m’est agréable de rencontrer une personnalité si semblable àla mienne. Vous ressemblez trait pour trait aux dires de votre grand-mère.

– Comme vous être charmant, j’apprécie beaucoup vos pensées àmon égard. La plupart des hommes de mon entourage se montrent très arrogants et fermés, estimant que je ne reste pas àma place.

– Ne portez pas attention àces remarques futiles et dépourvues de tout intérêt, vous êtes bien au-dessus de ces simples d’esprit.

– Votre soutien me touche.

– Il est temps de vous reposer après ce long trajet. M’autorisez-vous àvous montrer votre chambre, que vous partagerez bien évidemment avec votre mari ?

– Avec grand plaisir. Je me sens si lasse… Un peu de repos me semble être une sage décision.

– Vous n’en serez que plus vigoureuse demain !

10 août 2018
T T+