Nicolas Jaen | Nô 3
L’odeur tiendrait
tendue vers
l’idée de fleur
le vase la ferait fusée
rose du ravin
pétales dont
j’entends le froissement
il est d’un cœur
il tire un vin
La fleur n’a pas dit son nom
elle n’a pas renié
le sang qui la porte encore
elle est peut-être du champ
déserté
dans une main
jusqu’à la table
le vase qui prétend
la contenir
(ainsi du poème)
Une barque
seule
tient la rive en hypnose
vers la jetée
le bruit de l’eau
est la voie
l’équilibre d’un galet
trois fois
puis sa bascule
dans la bouche sombre
Le papillon
est né d’un rêve de soie
son vol heurté
lumière lui-même
ou
reflet du monde sensible
semblant aveuglé
il va boire aux fleurs
se pose et se coule
la rose crépusculaire
La mer se jetait
vers son dépassement
d’une lame même
et continue
mer ciel se roulaient
à substance égale
que brisait le lamparo
si légèrement
l’eau frémissait
la lune dansait
La montagne et moi
nous nous contenons
elle a grandi dans mon sang
j’ai bu à son ombre
La table fait horizon
un bol renversé
ponctué d’arbres peints
comme elles tombent
les feuilles d’automne
en noces avec le vent
Avant de toucher le sol
feuilles et fleurs étaient
les yeux du vent
elles ont fait claire la route
leur silence tourné vers
le regard du ciel
sans jamais s’embrasser
et un jour un pas
ébruite l’automne
Monstres de lichens
paupières du bois
quelque chose se resserre
la mer intérieure
dans un coin du ventre
mais comme il traverse
l’oiseau
traçant dans la nuit
une ligne d’équilibre
le peintre l’habite