Presse-livres

« Si la presse n’existait pas, il ne faudrait pas l’inventer », écrit Balzac en 1842 dans sa Monographie de la presse parisienne (Pauvert, 1965).

Cette phrase-couperet, qui pourrait être le programme d’un de nos grands spécialistes de l’ « entertainment », semble plus que jamais à l’ordre du jour : concentration dans les médias, rachat de certains titres français par des groupes étrangers, plans de « restructuration » (bonjour, Eric Hazan !) avec licenciements à la clé, concurrence d’Internet et des journaux gratuits, prix élevé des quotidiens nationaux, diminution du nombre des points de vente, réduction du temps disponible de lecture, expansion des nouvelles technologies « captatrices », loisirs organisés…

La crise qui secoue Libération est un exemple de cette situation. La disparition d’un journal a lieu généralement dans une sorte d’indifférence mal polie. La télé et les news sur Internet y suppléeront, quoi qu’il en soit !

Le modèle économique de la presse quotidienne nationale (PQN) ou régionale (PQR) est sans doute à revoir, et les investisseurs et les financiers se penchent sur cette passionnante étude de cas. Mais l’on peut craindre que plus dure soit la chute, compte tenu des intérêts en jeu - autres que ceux consistant à apporter un éclairage pertinent sur l’actualité et à proposer une réflexion de fond aux lecteurs qui ne sont pas tous des adeptes du journal-kleenex à lire en vingt minutes, et de préférence dans le métro.

La liste Litor a lancé un débat très animé sur ce sujet (car la littérature est liée aussi à la presse qui interviewe des auteurs, rend compte des parutions des livres, et donne envie de les acheter, avant qu’ils ne deviennent peut-être un jour gratuits…), que l’on se permet de recommander.

Les partisans ou non de la PQN et de la PQR s’y affrontent à fleurets pas forcément mouchetés (les pattes de mouche demeurent, elles, sur le papier) en mettant le doigt sur la problématique de la gratuité et sur la viabilité ou l’intérêt même de l’existence des journaux.

Suivre ces échanges ou y participer est sans doute utile dans la période actuelle, même s’ils sont accessibles sans débourser un rond et lisibles uniquement sur écran !

18 septembre 2006
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