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chroniques de Ronald Klapka

 

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3 - Pierre Bergounioux, le premier mot

 

PIERRE BERGOUNIOUX / LE PREMIER MOT
récit (nrf Gallimard)

Les chroniqueurs littéraires du Monde (Patrick Kéchichian, le 3 mai: Pierre Bergounioux dans les failles du temps, de Libé (Jean-Baptiste Harang, le 10 mai: l'oeuf de Bergounioux , de l'Humanité (Jean-Claude Lebrun, le 19 avril: l'élément manquant, tous connaisseurs de l'oeuvre de PB, ont rendu compte, chacun à sa manière, de son dernier livre : "Le premier mot".

Cette multiplicité de points de vue chez des critiques qui suivent et apprécient l'oeuvre de PB, ont publié des entretiens avec celui-ci (au passage, de bien beaux textes aussi dans le Matricule des Anges n° 16), est une richesse à ne pas manquer et une invitation à lire au moins deux fois le livre ùsurtout quand on a lu tous les autres.

Un récent échange spontané et improvisé avec une lectrice fervente acheteuse de l'ouvrage dans une librairie (l'Autre Rive à Nancy) - fraternisation immédiate - m'en convainquait à propos d'un passage admiré de tous deux (pp 21 à 27) de La casse (FATA MORGANA, 1994) et pourtant perçu différemment. Si vous ne l'avez fait,lisez aussi ce beau livre imprimé sur vergé ivoire avec dessins à la plume de l'auteur...

Pour ce qui est des contributions citées plus haut, j'avoue avoir un faible pour celle de JC Lebrun et son évocation de la logique faulknérienne de "compréhension rétrospective".

Néanmoins à P. Kéchichian revient le mérite d'avoir mis en regard du dernier livre de PB l'opuscule "La puissance du souvenir dans l'écriture", sous-titre "l'effet Zeigarnik" (éditions pleins Feux, Nantes), dont je souhaite citer ceci, p. 34 :

Tout ne commence pas avec nous. Le sol que nous foulons n'est pas vierge, mais sillonné de traces enchevêtrées, hérissé d'interdits et de barrières, grevé de mains mortes. Des ombres inapaisées le parcourent. L'inné, c'est l'acquis antérieur, les pertes, aussi, surtout. C'est le récit lacunaire, effacé qui précède notre petit chapitre, celui que nous tentons d'écrire à la clarté de la conscience tardive, effrayante, qui nous a été concédée. Il importe d'identifier ceux que nous avons été, avant, pour leur rendre justice, bien sûr, mais pour s'en libérer, aussi, vivre au présent, être soi.

Enfin, je suis reconnaissant à JB Harang, de conclure son article par

"Voilà, après dix-sept ans, les comptes apurés, un nouveau cycle s'ouvre de pure littérature."