La poésie,
pour apprendre à vivre |
|
|
18 - Florence Pazzottu, l'accouchée Alain Badiou conclut sa belle et sensible postface à l'Accouchée (éditions Comp'Act, Chambéry) en soulignant que ce bref récit (61 p.) "témoigne pour tous, et peut-être singulièrement pour un homme – un mâle – , à qui il est fait, lui semble-t-il pour la première fois, le don écrit d'un partage intime, ou vrai, de l'accouchement, cet inconnu." L'Accouchée se prénomme Sara ("elle a ri"), son compagnon Oreste (le "nom-du-frère"); quant à la "petite" :
Quelque chose en elle s'ouvrit: une autre porte pour son souffle. Elle respira. Les voilà qui tous – les mots, le jeu, le feu, la lune – se liaient pour lui faire un clin d'oeil, pour recréer en elle, étendue dévastée, le petit coin du rire, et affirmer bien haut le pouvoir de la langue. Avec de tels complices, même à terre, on était invaincue, on restait insoumise, -on demeurait un homme. On l'aura deviné, c'est en poète que Florence Pazzottu établit ce partage. Autrement que Khalil Gibran, elle nous dit "Je ne comprends pas qu'on dise la chair de ma chair mon enfant" [...] et "il est assez incroyable que mon corps ait aimé porter cet enfant, que mon corps mon esprit aient aimé cet enfant, que ce soit un étranger déjà aimé cet enfant..." Et c'est le miracle de l'écriture qui nous fait ici "toucher aux réserves secrètes de l'être". Florence Pazzottu nous a aussi offert l'an passé Petite – c'est aussi le nom de la revue qu'elle dirige – aux éditions de l'Amourier, 44 variations sur l'enfance, 44 courts textes ou "Petite," lance et relance la parole à la manière d'un mot de passe, comme le sésame d'une enfance maintenue, et dont a rendu compte Pierre Hild dans le Matricule des Anges.
Heureux lecteurs montpelliérains
qui ont eu à la librairie Sauramps dans le cadre des rencontres
poétiques la primeur de ce texte magnifique :"Chevauchée
d'un je-jument" et que je vous invite à découvrir.
|
retour remue.net