La poésie, pour apprendre à vivre |
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La lunette décourbeuse |
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Dans le précieux petit ouvrage de Bruno Blanckeman Les fictions singulières paru chez Prétexte éditeur, on relève à la page 106 ceci :
Propos qui nous a plus particulièrement
retenu à l’heure
où d’une part Reims célèbre le Grand
Jeu et
où des universitaires vont réévaluer son apport à l’histoire
littéraire et artistique, à l’heure où également
paraît dans la collection L’un et l’autre chez Gallimard « Les
personnages » de Sylvie Germain, à laquelle prêtent
aujourd’hui une attention plus soutenue et l’Université (cf journée Sorbonne) et la critique (prochain dossier remue.net)
Sans doute, serait-il intéressant de lier l’incessante lutte avec l’Ange qui parcourt l’œuvre de Sylvie Germain, les thématiques du nom (de Nuit–d’Or-Gueule-de Loup à Laudes-Marie-Neige-d’Août) et de la naissance à venir (Daumal lui-même voyait un symbole dans son prénom : Re-né) que l’on trouve encore dans le récent Couleurs de l’Invisible:
Dans un petit livre de Joë Bousquet paru aux éditions Unes et sobrement intitulé René Daumal, Bernard Noël, rejoignant le propos de Bruno Blanckeman, précise dans une note liminaire.
Pour ce qui est de ce petit ouvrage, Bernard Noël en donne le contenu en ces termes.
Pour ce qui est des autres liens entre le reclus
de Carcassonne et l’admirateur
de « Nerval le nyctalope », on mentionnera la parution
dans les Cahiers du Sud, n° 239, octobre 1941, du beau conte symbolique
: Histoire des hommes creux et de la Rose-amère qui sera inséré dans
le chapitre trois du Mont Analogue.
De Pierre-Albert Jourdan, Yves Leclair indique dans la quatrième de couverture du livre paru au Temps qu’il fait :
Quoique inachevé, Le Mont Analogue: quatre chapitres sur les sept prévus, par sa composition et sa structure, constitue une « histoire » dont le déroulement permet - à chaque instant - de saisir le but, unique, indiqué par Daumal. Le lecteur pourra aisément imaginer, et même reconstituer, la suite et la fin de ces « aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques», en se servant des plans publiés pages 158-159, des différents textes pages 161-176 et plus particulièrement des quelques lignes de la page 168 qui résument et rendent parfaitement transparente cette « histoire ». Qui chercherait motif à écriture d’invention est donc servi. De fait, les documents donnés de la page 157 à la page 176, permettent de lire à l’aide de la lunette décourbeuse, non seulement la genèse du livre inachevé commencé en juillet 1939, ses trois premiers chapitres terminés en juin 1940, puis repris en 1943 et interrompu par la mort de l’auteur, mais aussi le trajet littéraire et spirituel d’un des quatre qui furent à l’origine du Grand Jeu. Citons Daumal à la page 174 :
Et lorsqu’il poursuit :
Comment ne pas penser ici aux propos et à la fidélité de Joë Bousquet, dans cet hommage posthume :
Parfois, René Daumal paraissait jouer avec la Révélation. On lisait de lui un livre plaisant, mais tordu, roué d'éclatantes lueurs, il avait trouvé dans le rire une clef d'argent pour des portes connues de lui seul. On sortait troublé de ces lectures, interdit. On se disait que l'homme ne peut avancer dans la connaissance de la vérité sans avoir à rire de son état. Et en effet, on donnera raison à Joë Bousquet, à voir l’équipe réunie autour du professeur Sogol (anagramme de Logos): Ivan Lapse, Alphonse Camard, Emile Gorge, Judith Pancake, Arthur Beaver, Hans et Karl, Julie Bonasse, Benito Cicoria, le narrateur et son épouse, à voir l’argument de l’expédition : la découverte de la Montagne « magique » dont la vue échappe à cause de la courbure de la terre et tout à la fois des envolées telles : « et quant aux silences, comment raconter des silences au moyen de mots ? seule la poésie pourrait le faire. » (36) ou ce genre d’aphorismes : « Ce n’est peut-être pas dans l’ordre naturel des choses, mais ne vaut-il pas mieux marcher avec la tête que penser avec les pieds, comme il arrive souvent ? » (166). On conclura donc avec Pierre-Albert Jourdan présentant sa revue :
Puissent ces quelques mots être à leur tour, des mots-puces, piquant au bon endroit ! Note : il s’agit de la « retranscription » ordonnée d’une « conférence » donnée au Club « Grand Jeu » du lycée Jean Jaurès de Reims. Qui cherchera des ressources sur René Daumal, n’en manquera pas avec le site très complet que lui a dédié Pascal Boué. Jean-Pierre Rosnay, quant à lui, et nous le suivons volontiers, s’emploie à faire nous faire partager son enthousiasme pour le poète : [...] si l'on tenait René Daumal pour ce qu'il est, on lui accorderait, parmi les poètes qui ont traversé ce siècle, l'une des premières places, et l'on ferait lire et relire aux enfants de 6 à 70 ans, déclamer et chanter sur tous les tons, Les Dernières Paroles du Poète, qui constitue non seulement un merveilleux poème, mais aussi un art poétique irremplaçable. |
et dans le sillage du yacht « l’Impossible » : Sylvie Germain, Bernard Noël, Joë Bousquet, Pierre-Albert Jourdan, et sans excepter Zéno Bianu, Marc Blanchet.
« Alors, quand partez-vous ? »
aux lycéens de « Jean-Jau »