Restitution in situ

Invitée dans la carrière en fonctionnement, par le propriétaire des lieux, monsieur De Oliveira.

Inviter des artistes à prendre place dans cet espace de travail, pour se côtoyer, pour travailler ensemble, pour croiser une chose avec l’autre, la matière et le geste, rester sur place plusieurs jours, prendre part. Pour dialoguer avec ceux qui sont là chaque jour. Lieu d’extraction et de taille. Du grès.
L’opportunité des journées du patrimoine, européennes qui plus est, qui permettent d’ouvrir la porte d’une entreprise, ici, dernière carrière en activité, où les hommes taillent à la main, les pavés et les bordures.

Inviter le public qui arrive curieux, passionné, connaisseur ou pas, du métier ou de la pierre, de la forêt ou du Gâtinais, de l’architecture et du patrimoine, ou pas, à entrer dans les autres dimensions : artistique, littéraire, photographique, chorégraphique, musicale, installative...

Alors.

Je termine la mise en page d’un livre extérieur.
Un livre de grandes pages qui seront détachées et suspendues dans le chemin qui mène à la carrière, dans les arbres qui l’entourent, et autour. Des grandes feuilles de papier indéchirable qui supporte l’eau, sait-on jamais le temps qu’il fait un 17 ou 18 septembre ?

Alors :

Condenser le journal de résidence en une vingtaine de pages.

Choisir des extraits des témoignages de descendants de carriers, mon autre matière première.

Présenter Presqu’îl-e, le projet d’écriture sur le changement de genre, le changement de statut comme la matière qui se transforme par solidification évaporation ou sublimation.

Reporter les réponses aux questions étranges de la carte postale (qu’est-ce qui est territoire ? Est-ce que la pierre est un corps ? Qui suis-je au delà de ça ?)

Composer un texte collectif avec uniquement des phrases de tous les textes de tous les participants de tous les ateliers. Cette plongée dans d’autres histoires.

Extraire une vingtaine de photos qui sauront, se tenir. Réduire, réduire le choix, trancher dans les séries, les recherches, et trouver, et garder celles qui pourraient suffire.

Rassembler les textes, choisir dans ce journal, dans mes histoires de maisons et de constructions, ce que je lirai, tout au long de ces deux journées. Lire, lire encore !

Et puis nous verrons.
Puisque la date arrive, qui comme toujours arrive.

Alors...

Vous présenter le menu : Venez donc !

Samedi 17 et dimanche 18 septembre
à la carrière des Grès de Fontainebleau, à Moigny-sur-Ecole
qui vous accueille
de 10h à midi et de 14h à 17h (environ)

Les invité.e.s !

un dessinateur praticien, une, deux, quatre danseuses, un musicien et un circassien.

Barroux, illustrateur et plasticien - dessin sur les pierres

Né à Paris, Barroux passe une partie de son enfance en Afrique du Nord. De retour en France, après plusieurs années d’écoles d’art, Barroux devient directeur artistique dans des agences de publicité. Quelques années plus tard, il s’installe au Canada, puis aux États-Unis, et débute là-bas une brillante carrière d’illustrateur presse et jeunesse. Il travaille pour de nombreux magazines, comme le New York times, Washington Post, Forbes et publie plusieurs ouvrages pour enfants, notamment chez Vicking Penguin Putnam Books.
Il travaille ses illustrations de manière traditionnelle, mélangeant linogravure, mine de plomb, acrylique.

J’ai découvert son univers grâce à son album « Tuvalu, une île en tête », aux éditions Mango. J’ai aussi été épatée par sa manière de dédicacer, de dessiner à grands traits dans ses albums, devant les yeux écarquillés des gamins (et des parents), installée à côté de lui dans un salon du livre sur la ville et la littérature.

Séverine Delbosq et trois danseuses de la Cie l’Essoreuse - danse dans la carrière

La compagnie l’Essoreuse est née en 2002 de la rencontre des interprètes féminines qui la constituent lors des ateliers de butô menés à Saint-Denis par Séverine Delbosq.
La dimension collective et l’identité féminine de cette communauté artistique se manifestent dans son fonctionnement et dans ses créations.
Le butô tissant la toile de fond, la diversité de formation des interprètes (danse contemporaine, théâtre, butô, mime corporel, dessin, écriture, photographie), celle de leurs professions et ou statuts (artiste, enseignante, maman, intermittente) maintient vivant le questionnement sur le sens donné à la création chorégraphique, aux œuvres, au mode d’organisation qui les rend possible.

Avec Séverine, on a partagé une première lecture dansée qui évoquait la maison et les corps qui les habitent.
On a en commun une attraction particulière pour l’idée de l’ile ou de la presqu’île, et pour le dialogue entre la terre ferme et l’eau, ou l’inverse.

Philippe Laccarrière, bassiste et contrebassite

Philippe Laccarrière, musicien du Sud-Ouest aux origines espagnoles partage sa contrebasse depuis une quarantaine d’années dans une générosité sans égal.
Des années d’amitiés musicales et de partage aboutissent en 2012 à la création de LA TRIBU AU SUD DU NORD, orchestre de liberté et d’improvisation formé d’une dizaine de compagnons de toujours : Henri Texier, Emmanuel Bex, Franck Tortiller, David Pouradier-Duteil, Sébastien Texier, François Corneloup, Alain Vankenhove et du festival du même nom.
Dans la même veine, il enregistre en 2013 un album de duos contrebasse / voix avec 7 chanteuses et chanteurs, intitulé Chansons Collages : jazz, folk songs, soul, scat, une palette de couleurs et de personnalités. Toujours l’invitation au partage.

Il m’a dit : j’aime l’improvisation. Oui, j’ai déjà joué sur des lectures, du texte, notamment sur les mots de Mahmoud Darwich, poète palestinien, qui est une des figures de la poésie arabe.

Johann Le Guilherm et la Cie Cirque ici - installation

Artiste issu du cirque, Johann Le Guillerm intègre en 1985 la première promotion du Centre National des Arts du Cirque. Il a travaillé avec Archaos, participé à la création de la Volière Dromesko et co-fondé Cirque O. En 1994, il crée sa propre compagnie, Cirque ici et un premier spectacle solo, Où ça ?, qui tournera cinq ans.
Après un tour du monde au cours duquel il se confronte aux populations traumatisées, handicapées et autarciques, il s’engage en 2002, dans Attraction, vaste projet de recherche – celui d’une vie ? – qui interroge l’équilibre, les formes, les points de vue, le mouvement et l’impermanence... Attraction fait voler en éclat les disciplines traditionnelles du cirque et s’articule autour de Secret (temps 1 et 2).

Dans la carrière de grès, il expérimente l’écoulement du temps dans un jeu de construction / démolition sans fin. Il édifie, érige, échafaude des pavés, mais lorsque le sable s’échappe, le déséquilibre menace.

Bienvenus !

10 septembre 2016
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