Trois étoiles de mer

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Fonds marins, sel, écume, la vie des algues et des mollusques, lente, flottante, comme hors du temps. La durée de vie d’une étoile de mer est de cinq ans, une éternité dans les bruits silencieux de la mer.
Une plage de Noirmoutier ou d’ailleurs, un enfant muni d’une épuisette, entre les rochers, sous les vagues, attentif.
Elle était rose, luisante, avec des nuances tendant vers l’ocre et l’enfant l’avait aimée ainsi, lorsqu’elle était sortie de l’eau comme un trésor glissant ses rayons entre les mailles du filet.
Etendue sur le petit muret de pierre devant la maison, en plein soleil, une feuille de Sopalin pour matelas, l’étoile développe une réaction jaune pâle, comme ses deux autres camarades. La voilà à son tour ternie, racornie.
L’enfant est déçu.
Au retour des vacances, il emporte quand même les étoiles dans son sac, comme un trophée démodé. Il les montre à ses cousins, son oncle, son grand-père pour raconter sa pêche miraculeuse, mais déjà n’y croit plus.
Bruit des moteurs au croisement des feux rouges, nuages bas sur les immeubles, grilles encerclant le pied des arbres. Derrière la vitre, sur l’étagère d’une chambre, entre les livres de classe et les voitures de collection, trois étoiles de mer se couvrent lentement de poussière.

7 août 2013
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