La vie là, faut que ça fasse une halte

par Jean Brotons

retour La Douceur dans l'abîme


 

Je suis tout le temps à la rue.

C'est rarement que je mange. C'est rarement que je dors.

Je suis à la chaufferie de l'hôpital. Je fais un peu les restaurants, la manche. Y a pas de honte à le dire.

Je connais beaucoup de monde, des zonards comme moi.

Les gens s'en foutent qu'on soit ici. Moi je trouve ça honteux, dormir à la chaufferie de l'hôpital, dans les squats.

Moi j'ai pas de toit et j'en ai vraiment ras le bol. La vie là faut que ça fasse une halte.

Vous avez de la chance de savoir écrire. L'école moi je m'en foutais.

Ma femme, je lui fais tout le temps des cadeaux. Avec moi, elle n'est pas malheureuse. Juste, elle est fatiguée.

Je voudrais surtout demander pour un toit, mais ils veulent rien savoir.

J'en ai marre. Ils ne comprennent pas, rien du tout.

Ils ne comprennent pas.