remue.net / débats ateliers d'écriture
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dans l'attaque de "Sauver les lettres"
contre l'écriture d'invention, ce qui passe à la trappe
c'est la littérature contemporaine d'une part, la formation des
enseignants d'autre part : et s'il était temps de déplacer
un peu le débat ?
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retour page ateliers d'écriture |
au départ, cet amalgame du site "Sauver les lettres", dans une demi-page achetée dans Le Monde, et qui me paraît très insidieux
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Cher Monsieur Abonnée à la liste de diffusion de votre site, que je visite régulièrement, j'ai reçu ce matin un message dans lequel vous qualifiez d' "arrière-garde" le combat mené par le site "sauver les lettres", combat que vous semblez croire dirigé contre toute innovation et en particulier contre la pratique des ateliers d'écriture. Bien que n'appartenant pas au collectif SLL (je ne suis pas totalement opposée à la réforme telle qu'elle existe en 2nde), il se trouve que je fais partie de ceux qui ont souscrit pour l'achat de cette page dans le Monde. Je l'ai fait en protestant contre le caractère outrancier de certains termes, mais enfin, je l'ai fait. Pourquoi? Pour fuir comme la peste le sujet d'invention? Peut-être, en tout cas tel qu'il m'a été présenté à travers l'exemple suivant: "Rédigez une page de guide vert pour votre région" Cet exemple (qui fut proposé au G.T.D.) a fait de moi une adversaire du sujet d'invention au bac, sujet pour lequel j'avais pourtant milité auparavant, notamment sur la liste "lettresd" (liste de débats de profs de lettres sur laquelle s'expriment, entre autres, des collègues de SLL). Le combat fut rude et je n'ai pas gagné (ni perdu, d'ailleurs)! Si cela vous intéresse, je peux vous envoyer une synthèse des échanges (bientôt disponible sur SLL). Vous y constaterez que des profs qui argumentent contre le sujet d'invention au bac s'y disent intéressés par les ateliers d'écriture, et que les arguments développés sont plus précis qu'un simple refus de toute nouveauté. Vous pouvez aussi aller voir la page suivante, consacrée aux sujets d'imagination:http://www.sauv.net/lecarme.htm Je crois qu'elle montre que ce collectif n'est pas fermé a priori aux sujets d'invention. On nous impose un nouveau bac, mal ficelé, conçu dans la hâte et la division entre factions rivales, dangereux pour les élèves (jetez un coup d'oeil sur l'argumentaire à propos de l'oral, vous serez édifié), après une simulation de consultation. Permettez nous de le refuser, sans pour autant en déduire que nous sommes tous hostiles aux ateliers d'écriture! Très cordialement PS: J'ai inscrit mes élèves de 2nde à un concours d'écriture sur internet, concours organisé par les académies de Nancy-Metz, Besançon et Strasbourg. J'ai également invité un écrivain (que j'ai découvert grâce à votre site) à venir répondre aux questions de mes élèves sur l'une de ses oeuvres, que nous étudions en ce moment. Ceci pour vous montrer que les souscripteurs de cette page dans le Monde vont même parfois jusqu'à la mise en pratique.. oui, j'ai peut-être réagi un peu viscéralement à un amalgame qui me dérange quand même en profondeur, là où on a tant de difficulté à se battre pour réinstaurer un peu de formation à la littérature dans les iufm, et surtout, surtout, faire comprendre qu'initier les futurs enseignants de lettres aux pratiques créatives ce n'est pas affaire de recettes à appliquer, mais d'un minimum de traversée des oeuvres contemporaines majeures, d'Artaud à Novarina - question d'ailleurs qui jusqu'ici est symériquement évitée par le GTD il y a évidemment dans "Sauver les lettres" des questions justes, par exemple ce qui concerne l'ahurissant contenu des dictées au brevet de collège, niveau CE1.. mais quels dégâts cause le bac français, combien d'étudiants en sciences ne lisent ensuite plus jamais... et quelles aberrations de programme, considéré ce qu'il y a de fort, de vital, de revigorant dans la littérature et des questions fondamentales à poser, dans la division par siècles qui régit toute l'université pour deux auteurs qui me sont essentiels, Rabelais et Proust, certainement la même misère la position "anti réforme" conduit à un immobilisme qui certainement fera plaisir à l'institution, mais qui me paraît suicidaire en tout cas, merci de votre message et de votre confiance |
Comme A.F.Dorbec, j'ai écrit à F.B. pour lui signaler la maladresse qu'il commet en employant, dans la lettre aux abonnés de son site, l'expression "ceux qui mènent contre nous ce combat ". Voici une copie d'un extrait du message que je lui ai envoyé :
Pour comprendre sa position, il faut lire le texte qu'il adresse à Viala intitulé Apprendre l'invention. Je ne saurais bien sûr expliquer mieux que lui sa position ; cependant, j'affirme qu'elle ne va pas dans le sens de celle de Viala. Il part de l'idée ( premier paragraphe) qu'il faut pour écrire aujourd'hui s'en référer aux textes contemporains - Beckett, Faulkner, Claude Simon, Michaux,... Il répète en quelque sorte que Zola et Maupassant, en écriture, sont morts. Il évoque son expérience d'atelier d'écriture mené à la BN avec des enseignants et des documentalistes de l'académie de Versailles. Je comprends, j'y étais. Et décrit la solitude non pas des champs de coton, mais dans un coton bien plus sordide où sont laissés ces enseignants ensuite. C'est une solitude administrative. C'est pointer que pour "enseigner" l'écriture d'invention - et cette écriture-là est beaucoup plus engageante que celle que nous trouvons décrite dans les dociuments rédigés par Viala ou Weinland - il faudrait simplement augmenter les exigences, et offrir aux enseignants des occasions de rencontres et des occasions d'écriture, et créer des liens institutionnels avec des écrivains.Car pour faire écrire hors du pastiche qui ne dit rien du monde d'aujourd'hui, peut-être faut-il écrire dans ces conditions précaires qui sont celles de l'atelier d'écriture qu'il décrit fort bien ( par exemple : "on saura ponctuer quand on aura su, une fois, s'en passer"). Je renvoie aux contributions que j'avais envoyées l'an dernier au site Pages d'écriture, dans lesquelles j'ai tenté de décrire le phénomène : http://www.chez.com/verotibo/ecrit/ressces/chantal1.html http://www.chez.com/verotibo/ecrit/9900/sarc/cjulimpr.html FB est optimiste, il en appelle à "un centre de ressources" animé conjointement par des écrivains et des enseignants ; moi, j'en vois l'utilité - et d'ailleurs certainement pas pour aller vers un sujet de baccalauréat, du moins tel qu'il est proposé par le GTD ! Il est optimiste car il est probable qu'un enseignant de lettres ne peut à coup sûr déclencher des textes de qualité, on ne décolle pas facilement du pastiche (dans ma seconde contribution c'est d'ailleurs ce que je me reproche !), on peut aussi bien sûr admettre qu'il ne se sente pas en cela à sa place. Pourtant il dit clairement à Viala que le stage de formation à la BN "a été considéré par le rectorat comme un supplément d'âme", qu'il n'a pas été reconduit, et que les questions concernant l'enseignement de la littérature " valent moins qu'un huit centième des préoccupations rectorales". FB pense au-dessus ou par en dessous le baccalauréat, c'est une faiblesse, mais je veux y voir un élargissement et une force. Il pense, lui, littérature et je vous invite à lire son texte qui dit que "l'enseignement, pour valider la nécessité du recours au langage, et son organisation en forme de littérature, doit marcher du même pas qu'où la littérature s'invente". J'espère ne pas déformer sa pensée en disant qu'il faut écrire pour lire, et non pas comme on le répète sans plonger dans l'expérience que pour écrire ( = maîtriser l'écrit), il faut lire. Mes élèves qui ont écrit ( mais je ne me suis pas permis de les évaluer par une note - sauf cette année en Seconde, mais à tatons) ont lu. C'est d'ailleurs toujours comme cela : en début d'année, je commence par me lamenter ( "savent pas écrire,...oublient les "s" au pluriel, en mettent au singulier - jamais compris -, utilisent une syntaxe impossible, ...") ; un jour, j'ai confiance : je leur confie l'écriture et ils écrivent ; ensuite, ils lisent et l'heure de cours devient un échange, n'importe quel cours, Flaubert et La Tentation de Saint Antoine, Kowalski, ... Cela ne résout d'ailleurs que cela : l'écriture ( qui n'est pas rhétorique) et la lecture. Bref, je me réjouis que le débat se poursuive aussi ailleurs. Qu'un écrivain défende l'écriture, qu'il adresse un texte lui aussi à Viala se saississant de "l'écriture d'invention" pour rendre public ce qui peut se transmettre, c'est un pavé au fond de la marre. Pour simplifier : le sujet d'invention de Viala and Co est à pleurer ; FB s'en mêle pour dire autre chose de l'écriture et de l'enseignement. Chantal Anglade (Sarcelles) |
Cher François Bon, Je vous approuve entièrement, et jajouterais à votre formule : un vecteur puissant [de connaissance] de la littérature. Les critiques de cet exercice dimagination évoquent, entre autres, l'impossibilité de lapprécier et de le noter. La difficulté est réelle. Mais les exercices de création font bien partie, sauf erreur, des épreuves de certaines agrégations, par exemple darts plastiques. Et on est bien parvenu pourtant à évaluer ces travaux. Le fond de tout cela, cest peut-être le fait que les professeurs de lettres, trop souvent, croient que le destin de la littérature se joue dans la survie tel quel de leur enseignement. Or le destin de la littérature, si elle en a un, dépend dabord des écrivains. Et, partout où quelquun écrit, dans le cadre des institutions denseignement et surtout en dehors, la littérature est vivante. Ainsi, au lieu de réserver lécriture dinvention aux classes de collège, on ferait sans doute mieux de traiter les autres exercices, par exemple celui de la composition française, la fameuse dissertation, comme des exercices dinvention. Pierre Campion (Ile et Vilaine) |
Je vois dans les deux camps le même souci d´échapper à la médiocrité et à la trivialité dans l´enseignement des lettres. Ayant travaillé dans différents collèges en région parisienne, je ne peux pas dire que j´ai rencontré beaucoup d´enseignants passionnés par leur métier et par la littérature. Il me semble même que nombre d´entre eux détournent les gamins de la littérature (et ce n´est pas seulement de leur faute). Beaucoup ressassaient les mêmes auteurs et les mêmes sujets, ce que j´ai pu observer également en tant qu´élève de lycée. Visiblement, il leur manquait quelque chose comme une inspiration qui aurait dû leur être communiquée pendant leur études ou par des proches. Plus tard, pendant mes études universitaires, je me suis rendu compte que cela tenait certainement à un conditionnement mis en place par l´université elle-même, incapable d´aborder la littérature comme une expérience et une réelle ouverture au monde. On ne parlait que du texte et du style, et on se coupait ainsi des sources vives qui poussent quelqu´un à écrire. D´avoir constaté ce carcan universitaire dans lequel il fallait accepter de se tenir correctement CAPES, agrégation - si l´on voulait avoir l´opportunité d´enseigner en lycée m´a conduit quant à moi à gagner mon pain autrement qu´en enseignant. D´autre part il me paraissait impossible d´écrire moi-même et de donner des cours où l´on m´imposerait plus ou moins un certain nombre d´auteurs et de méthodes que je n´appréciais pas. Aucun Etat ne devrait pouvoir décider de ce qui est à enseigner ou pas, comme aucun ministère de l´éducation ou de la culture de ce qui vaut d´être lu ou pas, au nom de valeurs souvent trop nationales et marquées par la mode. Bien sûr qu´il faudrait davantage d´ateliers d´écriture, mais là aussi, pour y faire quoi ? Il me semble qu´au nom de la « créativité » on perd de vue que toute écriture poésie ou prose doit être orientée. Je veux dire par là qu´elle doit répondre à des impératifs qui ne sont pas simplement « littéraires ». L´écriture engage un rapport au monde, et l´invention serait là aussi de confronter des élèves avec une expérience du réel stimulante et neuve, expérience qui engage les sciences naturelles, la géographie, l´histoire, la philosophie. Pour ce que je connais des ateliers d´écriture, on en est très loin. La question n´est donc pas entre : atelier d´écriture
ou cours à l´ancienne, mais ce que l´on entend
en général par « éducation ». La
littérature et la pratique de l´écriture, vraiment
réorientées, peuvent être des vecteurs puissants
de connaissance et d´éducation. |
Le cul entre deux chaises et cest peut-être aussi pourquoi je me suis tenu debout pour faire cours trente-sept années de dépit et damour, sachant bien et voulant le faire entendre, que cétait ailleurs que ça se passait, ailleurs, cest à- dire hors des positions assises, des grilles et tentatives décole pour réduire linconnu au connu, ce qui sappelle pour les esprits sages, selon Nietzschze, " comprendre "... Colère, à lépoque, de lire dans lavant-propos du Lagarde et Michard, et peut-être est-il encore en mains ici ou là, comment ils comprenaient, à quoi ils réduisaient, un poème ( paix à Baudelaire maintenant parmi les " morts, les pauvres morts " en compagnie de Mariette, lun des quatre intercesseurs ) disant que Les Aveugles " serait moins vrai de nos jours où les aveugles se conduisent de plus en plus comme des voyants ", ce qui en dit long sur lidée que ces deux astres se faisaient de la communication littéraire, " Contemple-les, mon âme, ils sont vraiment affreux ! ", du rapport de la poésie à la création, sur ce quils prétendaient le " vrai " dune oeuvre ; mais le vrai est que par force ils navaient pas lu Michon et ce quil dit du petit Banville, ils connaissaient seulement Thibaudet, et reproduisaient allègrement son commentaire dAube, qui est, nest-ce pas, " seulement " une promenade matinale ou une rêverie une manière de se pommader lâme - quand tout le drame - entre autres choses à linfini car, en compagnie des élèves, je nai jamais lu deux fois de la même manière ce texte quand tout le drame donc de ladolescence peut se sentir là, il ny a quà confronter le texte à cet autre qui est comme son double, " Les déserts de lamour ", expérience dun " pauvre jeune homme qui veut la mort ce semble "... Et ce nétait pas que nous fussions tous contre tout axe de lecture, nous avions connu aussi des joies dans les livres de critique, aimé par exemple ce que Serres, il y a longtemps, cest vrai, disait de Don Juan et du don, de Pascal et du décentrement, de La Fontaine et de la relation dordre dans sa série des Hermès, et tant dautres qui nous ont appris à lire ; mais ce que tous disaient nallait pas contre la vie, la portait au contraire, confrontant loeuvre à sa propre part dinconnu et dirréductible, nous renvoyant à la pensée de notre propre énigme ; la Littérature, on voulait le dire et le faire entendre, et cétait cela que nos bons maîtres nous avaient montré, car il y avait eu, il y a, de bons maîtres, na que de la vie à communiquer ou elle nest rien ; de la vie, cest-à-dire du rythme, et ce qui pousse nécessairement à prendre la parole à son tour, et à dire. Mais le cul entre deux chaises, parce quil fallait " noter " aussi et " préparer au commentaire ", à la " dissertation ". Et il fallait tout autant donner les armes justes de la rhétorique, apprendre aux enfants à ne pas se laisser faire par les sophistes Et alors, dira-t-on, qui notera vos textes dinvention, et selon quels critères dévaluation. Voilà bien le drame ! Qui possède les armes pour évaluer le plaisir du texte, plaisir du texte lu, plaisir du texte écrit, qui possède les critères dévaluation du plaisir, qui notera la joie de trouver, le sentiment de soudain " y être ", qui dira, quand enfin on y est, dans le bon rythme : vous êtes dans le bon rythme ; et que cela vaut pour toutes les heures derrance et de lecture à vue basse ; qui notera cela et comment. Oui, le cul entre deux chaises, et layant oublié quelques rares moments de grâce, quand on a pu partager, dégal à égal, élèves et prof, devant la langue devenue promesse, que le sens du texte nétait rien dautre que ce qui était advenu cette heure là, en ce lieu là, dans cette compagnie-là, et pour une brève vérité. Dans la communauté de la classe. Alors on voyait se pencher des têtes vers la page blanche, ou revenir le lundi suivant avec une feuille à montrer. De certains, on entendra des échos plus tard. Mais toujours, comme on voit, le cul entre deux chaises, même si on se sentait mieux là quassis. Alors, vienne vite le temps de ceux qui savent comment conduire à lécriture dinvention. |
Anne-Françoise Dorbec, une nouvelle intervention Je ne suis pas certaine qu' on puisse établir un lien de cause à effet entre la forme actuelle du bac de français et un désintérêt des étudiants en sciences à l'égard de la littérature. Je ne suis pas même sûre qu'il y ait corrélation. Il me semble que le phénomène est plus ancien et plus complexe. Mais peut-être disposez-vous de données que j'ignore? En tout cas, vous m'accorderez, je pense, qu' un sujet d'invention genre "guide vert" n'y changera pas grand chose! J'aimerais que vous nous disiez si vous jugez opportun de proposer un sujet d'invention au bac. Si oui, pourquoi? Comment le concevriez-vous? Quels critères d'évaluation? Comment mettre une note à un texte qui sera peut-être plus chargé affectivement et plus symbolique du moi qu'un devoir traditionnel? Comment éviter, d'autre part, que le sujet d'invention devienne le "sujet-refuge" d'un grand nombre de "fumistes", ou que sa préparation se transforme en "bachotage" de "recettes" fournies par des éditions parascolaires ou des profs emplis de zêle? Comment y préparer les élèves? Dans quel cadre horaire, si l'on ne veut pas délaisser les exercices traditionnels de commentaire et de dissertation (nos horaires ont été diminués...)? Je viens de vous résumer les arguments de mes collègues lors du débat évoqué dans mon précédent message. Ils ne sont pas négligeables! Je crois que tout réside dans le choix des sujets et des critères d'évaluation, qui devraient être conçus de façon à éviter au maximum ces écueils, en même temps que dans la mise en place d'une structure de préparation (heures, contenus). Cela suppose une réflexion approfondie et de sérieuses et nombreuses expérimentations... Un passage en force, avec sujet débile, n'est certainement pas la solution! Qu'en pensez-vous? nota : Alain Viala, consulté, dément formellement avoir jamais proposé cet exemple de faux "Guide Vert" comme thème de "sujet d'invention" - j'ajouterai personnellement qu'un remarquable livre de fiction d'Alain Nadaud, L'Iconoclaste, Quai Voltaire, 1989, se présente sous la forme de la reconsitution d'un ancien guide Baedeker des ruines d'Istambul, et qu'on trouvera dans Espèces d'Espaces de Georges Perec une formidable proposition d'écriture de faux guide touristique londonien - les questions formelles posées par "Saint-Tropez" de Nathalie Quintane, chez POL ce mois-ci, prouveraient aussi que cette notion d'écriture "à contraintes", narration fondée sur l'acceptation d'une réalité pré-existante, est un thème d'écriture fondamental et très riche : le passage de "A la Recherche du Temps perdu" où Proust fonde l'illusion de réalité de son Balbec imaginaire par les étymologies de Brichot en est un autre exemple... ce contre-exemple, tendant à désinformer sur les enjeux du travail de Viala avec une caricature qui lui est étrangère est donc particulièrement mal fondé... à condition, là encore, de savoir présenter l'exercice et d'en définir les enjeux - FB |
Lécole et ses vacances, par Bruno Tackels Enseignant en Arts du Spectacle, Même en périodes de vacances (ou peut-être grâce à elles), je me sens concerné par les affaires scolaires surtout quand elles font débat, comme ici, sur la question des "inventions décritures" dans lenseignement du français. Je tiens à dire, dabord, que ce sont les mots de Jean-Marie Barnaud qui mont touché, et donné la force, lexigence décrire, en ce jour Pascal, sur ces questions scolaires. Voilà déjà une manière de dire quelque chose, comme préambule au débat proposé par François Bon. Oui, les mots vont vivre, donnent envie de vivre, oui les mots sont notre medium, vecteur, levier, mode dadresse pour dire, propager, faire voir et entendre, et comprendre. Ces mots là, nous devons les protéger, les aimer, empêcher quun catafalque vienne les paralyser en discours paresseux. Oui, quelle que soit la discipline enseignée, pour nous, enseignants, la force vient de la langue. Il importe donc de la garde vive, et den faire autre chose quun pure outil communiquant. Il importe que nous aimions les mots, et que nous inventions, par eux, avec eux, les modalités de transmission des savoirs. Inventer les modalités pour la transmission des savoirs. Voilà dune formule condensée lidée qui manime, et me "tient debout" depuis onze ans que jenseigne. Le débat ne peut être dans lopposition binaire jouant linvention contre la compréhension, lécriture contre la critique, lenseignant contre écrivain, la rigueur scientifique contre le spontanéisme de la poésie. Ces schémas sont moribonds, et personne na raison, sil pense devoir défendre lune ou lautre de ces forteresses. Car, comme leur nom lindique, elles appellent un enfermement, les forteresses. Lenseignement nest pas (ou ne doit plus) se vivre comme un lieu denfermement (pas plus quil ne peut se contenter dune revendication du tout est permis, possible, pensable). Ces schémas, décidément, ne sont plus possibles, ni pensables. Ils ne devraient plus être permis Il est temps de poser de nouvelles bases, de nouvelles rencontres, à commencer par les lieux de formation des formateurs, globalement entièrement prisonniers de cette logique denfermement : il faut donner aux futurs enseignants le désir de faire passer leur savoir en lien avec les écrivains. Car au fond les uns comme les autres défendent la même vie les uns linventent, les autres la transmettre. La seule différence tient dans les délais démission. La transmission se fait en général avec retard par rapport à linvention. Comme sil fallait une génération pour être vraiment bien sûr que cette écriture est digne de senseigner. Exemple : aujourdhui, un enseignant de collège, de lycée ou duniversité peut tenter dintégrer loeuvre de Valère Novarina dans ses cours. Cest périlleux, incertain, difficile mais cest globalement possible. Joris Lacoste quant à lui, de vingt ans son cadet, nest pas "enseignable" nest pas aujourdhui enseignable dans léducation nationale. On pourrait multiplier les exemples à linfini. A chaque fois la même logique : comment sassurer quun corps vivant donnant lieu à de la vie va pouvoir sintégrer au corps (mort) de la littérature à transmettre ? Là réside la vraie question, dans toutes ses cruautés. Mais elle ne se tranchera certainement pas en demandant aux enseignants de savoir aujourdhui qui seront les panthéonisés de demain. Voilà encore un schéma dhier. Il est beaucoup plus juste de prendre les choses à lenvers : parmi tous ceux qui écrivent, beaucoup (beaucoup plus que prévu) souhaitent confronter leur pratique décrivain avec des classes, en partenariat et en dialogue constant avec les enseignants permanents (sur le mode de ce qui se passe pour les classes avec mention théâtre). Ces confrontations, si elles se passent vraiment (cest-à-dire en vérité, à laune de vérité dune réelle exigence de lart, et de celui qui le porte), ces confrontations entre lart et lécole ne déforcent en réalité personne. Bien au contraire. Elles montrent clairement aux élèves lexigence de lécriture (sans leur faire croire quils sont des génies ou quils ont forcément du talent). Quant aux artistes et écrivains, on constate quils y apprennent beaucoup, eux aussi. Et quils aiment venir en ces lieux pour y découvrir deux-mêmes, au-delà du don quils y font. La question de la "note" na du coup plus vraiment de sens. Le travail décriture posé par chaque élève (et surtout pas de façon optionnelle) devient lune des strates du travail conduit dans le cours de français. Strate qui peut (qui doit) donner lieu à un avis, un regard, une impression de lécrivain-pédagogue mais qui ne peut se ramener à la note dévaluation traditionnelle. Autrement dit, il me semble que ce type dacte doit nécessairement être doublé dune autre activité pédagogique (conduite par lenseignant-titulaire), fondée sur des méthodes et structures plus repérées, mais en lien avec cette expérience dinvention par lécriture. Les deux champs doivent pouvoir dialoguer, et très naturellement. Avec un bémol, évidemment cruel : il faut que la rencontre ait lieu, et bien lieu entre lenseignant et l écrivain. Sinon, lécriture et le savoir continueront leur divorce interminable. Voilà donc quelques remarques, à chaud, suite à ma lecture de ces premiers linéaments de débat sur une question brûlante. Une question que je ne connais pas très bien dans les lycées, mais que je fréquente assidûment depuis six ans dans luniversité (où les questions se posent en fait de manière très proche). Il est évident que ces débats sont urgents et précieux, car il y va de la sur-vie de la littérature, et du désir quelle suscite, et des forces quelle donne. Quelle que soit le niveau dans les eaux du savoir, on comprend mieux les choses quand on a touché du doigt, même dun doigt petit. Oui le savoir, avec ses pleins et ses formes entières, a sans doute besoin du vide, et de ses vacances improbables école et vacance, lart avec le savoir, et non plus contre. Cette intuition simple est en train de faire son chemin . A nous dinventer les étapes suivantes. Sortir de lentre-deux inconfortable (le cul entre deux chaises dont parlait Jean-Marie Barnaud) pour assumer de passer le gué, ensemble. et réponse de Jean-Marie Barnaud à Brunot Tackels S'il s'agit en effet non plus d'opposer les deux forteresses de l'invention et de la critique (Ah Guillaume, notre ami, qui déjà jugeais, dans ta Jolie Rousse, cette longue querelle de la tradition et de l'invention, de l'Ordre et de l'Aventure) mais de tenter de les joindre, deux petites choses encore : Un : - montrer aux élèves que la position critique qui, observant un produit fini, en cherche les lois de fonctionnement n'est qu'une posture parmi toutes celles que la lecture autorise; que, comme je le disais l'autre fois, il n'y a de sens qu'à partir du geste qui s'approprie le texte et le réinvente, le maître étant là pour garantir qu'on ne s'égare pas dans la voie des faux-sens, et pour éclairer ledit geste par sa propre connaissance du corpus général de l'auteur et des conditions historiques, voire biographiques de la genèse, parce que, quand même, lire, c'est aussi apprendre à percevoir les différences et l'altérité . Deux : - faire comprendre que inventer, c'est découvrir
à mesure qu'on va. Et là, offrir les textes incontournables.
Et Montaigne, qui en a dit sur ce sujet, Pascal, Mauriac, Simon, Duras
etc. parmi tant. Aller, comme dit Apollinaire, à l'aventure
; ou Char : " trouver la réalité de ces poudreuses
enjambées qui livrent un printemps derrière elles ",
parce que toute écriture d'invention est peut-être bien
dans son essence aphorisme. Et voyez ce que dit Deleuze dans Nietzschze
et la philosophie sur cette figure. |
copie de mon envoi par e-mail le mardi 17 avril C'est un crime qu'on prépare
Plus rigolo
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Monsieur, Je vous prie de bien vouloir publier le droit de réponse suivant. Vous publiez sur Remue.net, sans mon autorisation, un message privé, en lieu et place d'un message précédent nettement plus constructif. Au passage, les programmes belges, une merveille d'équilibre pourtant pour la question qui nous occupe, passent à l'as. Voudrait-on disqualifier d'avance un interlocuteur et ses positions que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Comment, dans ces conditions, vous étonner que l'on ne souhaite pas décliner son identité complète dès l'abord ? Vous ironisez sur mon pseudo. Je n'ai pas à m'en justifier. Notez seulement qu'il y a là un curieux manque d'équité : je vous avais donné mon nom (je ne me "cache" donc pas), mais en préférant que vous ne le mettiez pas ; et j'avais accepté que vous fassiez apparaître mon prénom et mon email. Or, je vois sur votre page (ce mercredi matin encore) que vous avez déjà publié un message de soutien ne comportant ni nom, ni prénom, ni courriel. Y aurait-il donc deux poids, deux mesures ? C'est manifeste. En privé, vous vous justifiez en avançant que votre page vous appartient, qu'elle est un peu votre jardin, que vous souhaitez y conserver un peu d'harmonie. Je comprends ce souci. Mais mon premier message, sur le sujet d'invention et les programmes belges, n'avait rien de particulièrement polémique. Je vois mal en quoi il était en mesure de rompre une harmonie. Si ce n'est, peut-être, une harmonie idéologique. Par ailleurs, pourquoi intituler votre page "forum", avec le titre "exprimez-vous", si ce n'est pour donner l'image d'un lieu de débat libre et indépendant ? Vous voulez un débat, mais, comme le ministère, vous refusez que des gens le posent dans d'autres termes que les vôtres. Est-ce bien cela, l'exercice de la démocratie ? Je m'en faisais une autre idée. Les grecs avaient inventé la notion d'espace public. Dommage que votre forum, lui, se réclame du jardin. Quant à la question de l'harmonie, sachez que pour avoir pratiqué l'écriture d'invention dans plusieurs classes, avec 30 élèves à chaque fois, qui tous voulaient parler de sujets qui leur tenaient à coeur comme la violence de l'institution scolaire, la misère des SDF, le racisme, l'inceste ou la shoah (vous imaginez comment "reprendre" cela, sans y passer un mois à chaque fois ?), j'ai une petite idée de ce que c'est, le désir d'harmonie. Et je peux vous dire que l'enseignant a rarement les moyens de la préserver, pour lui-même, jusqu'au bout. Et que la promotion du sujet d'invention, censée pacifier les lycées, risque bien de produire l'effet inverse, faute de pouvoir aller jusqu'au bout de l'idée (faut-il préciser, encore une fois, que je ne parle en rien, ici, d'ateliers d'écriture, avec des élèves volontaires ?) ; ou alors de dégénérer en application mécanique de recettes. Quant à l'expression "écriture d'invention", que j'ai dite malheureuse, le contexte (l'EAF quand même !) et la référence au site ne devait pas permettre les malentendus que vous avez faits. C'était une concession que je vous faisais, la reconnaissance d'une éventuelle maladresse, mais nullement d'une erreur. Nous ne refusons pas l'écriture d'invention en soi, c'est sa valeur certificative que nous refusons. Etait-ce si compliqué à comprendre ? Pourquoi continuer à faire comme si nous parlions des ateliers d'écriture quand nous ne parlons que du sujet d'invention à l'écrit du bac de français ? En vous présentant donc mes sincères regrets si j'ai pu vous troubler, mais plus que jamais stupéfait par votre façon d'arbitrer le débat, je vous prie d'agréer, Monsieur, mes sentiments les plus dévoués au service de l'Education nationale. J.Baptiste |
Qu'avons-nous à perdre ? Yves Ughes (Grasse) Je ne prendrai pas appui sur les vingt-cinq ans d'enseignement que
j'ai derrière moi. Tout simplement parce qu'ils sont légers,
faits de ces bonheurs à la fois intenses et volatils que l'on
ne peut enfermer dans un quelconque système. Ma démarche
se limitera à un témoignage s'inscrivant dans l'année
scolaire en cours. |
Marcher sur la tête par Raphaël Monticelli agrégé de lettres modernes Bel échange que je suis, depuis quelque temps, et auquel je
n'ai guère eu le temps de participer... Ce serait lâchage
ou lâcheté de ma part de ne pas me ranger aux côtés
de mes frères de littérature et de pédagogie
que sont Jean Marie Barnaud et Yves Ughes. De ne pas dire aussi mes
arguments et mes positions dans cette nécessaire et urgente
refonte de l'enseignement des lettres et de la littérature.
De ne pas faire part de mes convictions qui sont du côté
du travail de couture et de lien de François Bon, Jacques Séréna
ou Michaël Glück... Je ne reprendrai pas le positionnement
de Yves Ughes et de Jean Marie Barnaud; mon approche concernera davantage
l'intérieur du système éducatif. |
Lécriture " inventée " ? Une indispensable respiration à faire partager ! par Alain Bellet Et si lécriture inventée, dont certains se gargarisent du bout des phalanges, était tout simplement la vie, le rapport au monde, léveil culturel ? Soi, lautre, votre voisin, confrontés au sensible, à limaginaire, à la recomposition littéraire dun réel étouffant ? Pour une fois, les pédagogues en vacances se la jouent sérieuse ! Mais pardon, Messieurs, lenseignement et la découverte de la langue française nest pas lapanage des seuls enseignants. Cela concerne les citoyens, tristes de constater que les métalangages des années qui souvrent (des Vas-y banlieusards à lÉconomiquement Correct des énarques relayés par le pauvre parler médiatique ) nous grignotent de plus en plus léchine et lintelligence. La littérature nest pas quune vieille relique embaumée, un héritage public, capté par une poignée de spécialistes ! Elle est aussi un champ dexpérimentation, un lieu déclosion où le présent des mots ne saurait être réduit à de ridicules considérants, attachés à la réforme des notations Désolé, pour moi ce nest plus la critique besogneuse des sacro-saints auteurs disparus, disséqués et fragmentés à lenvi, qui donne la passion de la littérature et le goût de lire, mais une pratique personnelle, une ébauche de passage à lacte, une implication réelle. Elle est une sente sinueuse où sacquiert une autonomie, un sens critique et cette impertinence intellectuelle qui semble, hélas, disparaître, trop souvent combattue par nos doctes mentors. Combien de jeunes et denfants se sont réconciliés avec la langue et la littérature, grâce à une simple rencontre avec un auteur de chair et de sang, un écrivain vivant descendant dans la mêlée des vies ordinaires, pour présenter ses propres histoires inventées avant de convier les élèves à prendre place autour de létabli, pour un voyage initiatique dans larrière-cuisine de la littérature Là où elle se fabrique, avec émotion, sans thème, sans sujet imposé, sans manipulation scolaire Dun côté, il y aurait la Grande uvre, maîtrisée et solitaire, prestigieuse et quasi-éternelle, le Nirvana de lAuteur intemporel, et de lautre, des pratiques presque honteuses, alimentaires, bâclées, épuisantes. Si lauteur créé par essence, parfois, il bat la campagne et court la ville, de groupes en groupes, de classes en classes, pour animer, dit-on à tort, des groupes décriture, diriger des travaux de fictions collectives, jeter en pâture sans gloriole le B.Aba du romanesque à qui veut bien sen saisir... Lécrit inventé ne peut jamais être conduit par des gens extérieurs " au bâtiment " et cest sans doute pour cela que certains assassinent volontiers les pratiques où se mêlent volontiers oxygène et liberté ! Depuis une dizaine dannées, une aspiration à de nouvelles pratiques décrivain sest largement développée. Sans mission précise et plutôt au jugé, ces évangélistes de la plume se trouvent investis dune mission de sauvegarde de la lecture, de conscientisation, de développement de la maîtrise de la langue, dans une jolie logique de cailloux à poser pour de nouveaux petits Poucets, attentifs au sens des choses... Des chantiers de création littéraires conduits par des écrivains fleurissent dans les écoles, les collèges, les quartiers dits sensibles, les prisons, les hôpitaux... Ces pratiques concrètes redéfinissent la place de lécrivain dans la société, le désacralisent et proposent ainsi dautres rapports à la lecture, à lapproche de la littérature, quune accumulation de savoirs un peu rigides. La densité, la musicalité dun texte, la fragilité dune uvre donnée à entendre, redistribuent les savoir-faire, gomment les rôles institués. Tous ces auteurs vont à la rencontre des publics en qualité décrivain et non au titre dun vague statut bâtard danimateur social bis ou de double prof des mots ! Depuis longtemps, la Sorbonne et la rue du Bac ne sont plus les seuls espaces de lécrit littéraire et aujourdhui, la question dune pratique décriture amateur accompagnée, celle, dune reconnaissance, sont à lordre du jour. Si lécriture littéraire constitue un jeu complexe de navettes, entre les autres et soi-même, entre le monde tel quil se montre à voir et une intériorité toujours mutante, éternellement en devenir, personne napprend réellement à écrire. On sy jette, comme un besoin dair pur, une volonté de sauvegarde, un espace à gagner sur le rationnel, un lieu de retrouvailles avec sa propre histoire, en quête dhumanité. Lécriture offre alors un dépassement de fractures, de non-choix accumulés avec le temps. Écrire avec autrui, cest participer à un ensemble dactions culturelles plantées sur le champ littéraire dune ville, dune zone géographique. Cest aussi accepter une authentique confrontation aux réalités sociales, aux vraies questions de lheure, des hommes, des femmes, des enfants. Accompagner les jeunes dans lécriture, leur en donner lenvie, en reconnaissant lexistence et la valeur de leur propre imaginaire, consiste à jouer les passeurs permissifs, à poser sur le réel un regard sans complaisance ni tricherie. Partage et confiance simposent alors. Ce faisant, le travail de lauteur va sen trouver grandi, parce que confronté à toutes ces richesses et complexités enfouies quil va aider à révéler, autoriser enfin à exister. Et sil faut affirmer un simple credo dans lunivers des mots, ce serait sans doute de toujours permettre le retour à lhumain, de proposer une ouverture au monde, de se tenir debout, face à ladversité la plus insidieuse, ne serait-ce que celle des habitudes et de la rigidité pédagogique le site perso d'Alain Bellet : http://perso.wanadoo.fr/alain.bellet/ |