Passages en revue(s)
« pour un je ne sais
quoi
qu’on vient d’aventure à trouver »
A intervalles réguliers, un
petit point sur les parutions revue, par Ronald
Klapka.
Nous signalons d'autre part, mis en ligne ce jour sur remue.net: Gisants
magnifiques, chronique photo de
Dominique Hasselmann, déambulation parmi quelques-unes des "sépultures
les plus demandées" du cimetière Montparnasse....
Ci-dessous, donc, un avant-goût des
derniers numéros de Conférence, Cadmos, L'Etrangère,
et Nu(e)...
Conférence
Le numéro
17 est paru il y a quelques jours. La revue dirigée par Christophe
Carraud est toujours aussi impressionnante dans sa présentation, la
qualité et l’éclectisme de son contenu.
De suite s’y reconnaît une charpente désormais familière,
le retour d’auteurs choisis : Gunther Anders, Maurice Chappaz, Rachel Bespaloff,.
Nous est alors donné de réfléchir avec le premier sur
l’obsolescence du travail, porter un regard affectueux sur Gustave Roud (dont
nous est offert un émouvant poème daté de Noël
1969, précédé d’une gravure de Palézieux) avec
Maurice Chappaz, enfin effectuer une plongée dans la vie intellectuelle
d’une très
grande telle que la dernière, dans sa correspondance avec le musicologue
Boris de Schloezer. (on se souvient :
Et Boris de Schloezer, quand il est mort
Entendant sur l’appontement une musique
Dont ses proches ne savaient rien (était-elle, déjà,
La flûte de la délivrance révélée
Ou un ultime bien de la terre perdue,
« Oeuvre », transfigurée ?) – derrière soi
N’a laissé que ces eaux brûlées d’énigme.
(Yves Bonnefoy, Dans le leurre du seuil)
Fahrad
Ostovani nous revient avec après l’arbre, deux autres séries
: grappe, et lilium, de quoi laver son regard.
Mais c’est aussi Claude
Dourguin, la voyageuse (Laponie) ou Alain Bernaud,
pour lequel le voyage se fait intérieur, et où fontaine, pommier,
tas de bois et même fumier acquièrent une dimension spirituelle.
Pierre Chappuis, lui réalise un délicat jumelage entre le paysage de l’auteur
de Venant,
et celui de son enfance (voir Le lyrisme de
la réalité à La Dogana) ;
Vous voulez une nouvelle traduction de Lucrèce, lire le sermon Dolbeau
15 restitué de Saint Augustin, c’est là que vous les y trouverez.
Vous pourrez aussi rencontrer Zachée vieilli ( Pascal Riou),
ou visiter les provinces de l’Est (de la France) avec Philippe Blanc. Et
ceux qui ne sont pas cités ne sont pas moindres...
Tout cela fait 572 pages, sur papier bible et un volume à parcourir
littéralement et dans tous les sens.
Cadmos
La revue animée par Philippe Grosos, en est à sa quatrième livraison,
dédiée à la mémoire d’André du Bouchet.
De celui-ci on est heureux de trouver cet inédit il y a quelques
années … poème-méditation tourné vers Henri
Maldiney, l’ouvert. De celui-ci, nous est donné Sur la traduction,
langue parole poésie. On connaît le dialogue des deux hommes
(L’art, l’éclair de l’être et à propos
de In media vita
dans Existence
crise et création). On attend la réimpression chez Klincksieck
de Art et existence (1985).
L’ensemble de Cadmos, est consacré à « L’oral,
l’écrit
», y figure en particulier un entretien avec François Bayrou
sur « La parole de l’homme politique ».
L’étrangère
(4/5)
la revue belge publiée par les éditions La lettre volée se
signale non seulement par l’italique du g, mais aussi en quatrième
de couverture par cette profession de foi :
Tout reste à dire de l’étrangeté du réel
d’autant que la parole qui exprime
ce qui n’a pas encore été exprimé demeure
étrangère à elle-même.
C’est un numéro double, d’anthologie au meilleur sens du terme, dont
Pierre-Yves Soucy, nous fait présent. Revue de création
et d’essai, l’étrangère a
adopté pour ce numéro le principe des éditions
Prétexte (Singularités
du sujet, Pluralités du poème, études sur la poésie
contemporaine).
Soit conjoindre un inédit et un essai d’un critique ou poète,
en « amoureuse intelligence ». On ne citera pas les quinze
« duos » constitués on devrait- je dirai mon affection
pour Antoine Emaz (rappelons la parution récente des « notes
» :
Lichen, lichen éditions Rehauts) lu par le directeur de la revue,
Didier Grandmont par Xavier Bordes, Pierre Chappuis par Antonio Rodriguez,
et rappellerai que remue.net avait déjà publié
Esther Tellermann
par François Rannou.
Un panorama subjectif, mais d’une grande ampleur de vue...
Nu(e)
On ne discute pas la très haute tenue de la revue dirigée à
Nice par Béatrice Bonhomme, professeur de littérature contemporaine
à l’université de cette ville.
Le numéro 27, met en
regard la poétique de Claude Louis-Combet
au fil du trajet réalisé avec Henri Maccheroni. Du second,
on sait les « Deux mille photos du sexe d’une femme », de
leur collaboration, chez Corti : Le chemin
des vanités, chez Leo Scheer Corpus Christi.
De l’auteur de Transfigurations, nous sont donnés
un entretien très
éclairant avec Tessa Tristan, un texte : Les métamorphoses
d’Eros, et une conférence donnée en 2001 à la
Maison européenne de la photographie : la beauté, la mort.
Et les magnifiques photos d’Henri Maccheroni. A cet égard, un
chapitre du livre de Gérard Bonnet :
Défi à la pudeur, dit ce que sont ces « images inspirées
et leur enseignement »
Un poème de Bernard Vargaftig donne la
tonalité de l’ensemble
où se joignent des études de Pierre Jourde, Stéphane
Lavauzelle, Frédérique Joseph-Lowery et José-Laure
Durande.
Des chemins d’adoration .
On ne dira que peu de choses du numéro
28, sinon qu’il se présente
lui aussi comme particulièrement attirant avec ses « relectures
de Pierre Jean Jouve », l’entretien initial de François
Lallier
avec Yves Bonnefoy, est incitation à poursuivre la lecture avec
entre autres Béatrice Bonhomme, Michèle Finck, on y est sensible
à la présence de la musique (Tancrède, Don Giovanni,
Lulu)…
Terminer en beauté ?
Cette fois ce ne sera plus une revue, mais une exposition en résonance
avec toutes celles dont vient de parler : Roni Horn au centre Pompidou
; une
poétique des lignes, un entretien avec l’artiste dans Libération justifie
cette affirmation.
Ronald Klapka
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