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le livre de la semaine : Adorno,
une biographie ___
remue.net asso : un nouveau président pour
l'asso, et compte-rendu de l'assemblée générale ___ vie du livre
: un CRL à quoi ça sert , et si
on réfléchissait à échelle nationale? ___ prix
Louis Guilloux
attribué à Catherine Lépront ___ à l'affiche
dans les blocs remue:
nouveaux sites, et l'actu littérature ___ mention
spéciale:
handicap et fraternité, concours de poèmes à la Ligue des droits
des l'homme.
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le livre
de la semaine: Adorno, une biographie
L'actualité éditoriale
autour du philosophe Theodor Adorno continue d'être très
riche.
La sortie de la traduction française (par Bernard Lortholary)
de la biographie de Stefan Müller-Doohm confirme un nouvel
intérêt français pour le philosophe de l'école
de Francfort.
Sobrement intitulé Adorno, une biographie , l'ouvrage
est précieux à plus d'un titre. En établissant
cette biographie avec une très grande rigueur et une documentation
très pointue, Müller-Doohm trace également le
parcours intellectuel, historique et politique d'une vingtième
siècle aussi riche que cruel. Né en 1903 (un 11 septembre)
et mort le 6 août 1969, Adorno a vu, vécu, participé et
analysé avec une très grande puissance les grands événements
de la modernité.
Cette biographie vient confirmer et rompre en même temps
l'image un peu rude du philosophe allemand. Sa rigueur intellectuelle
est incontestable. Mais le regard de Müller-Doohm permet de
mesurer les nombreuses facettes du personnage. Il contrarie toute
tentative qui enfermerait trop rapidement cette pensée dans
un portrait monolithique. A la fois passionné par la musique,
la littérature et les idées (celles de la philosophie,
de la sociologie ou de la politique), Adorno ne rompt avec aucune
d'elles. Il les tisse et les prolonge dans une écriture
philosophique dense et complexe qui s'expérimente tout au
long de sa vie.
On ne trouvera dans cet ouvrage aucune de ces révélations
scandaleuses qui enthousiasment l'époque, sinon peut-être
le goût d'Adorno pour la série télévisée
américaine Daktari . En revanche, on comprend au fil de
la lecture que ce sont les amitiés qui structurent le parcours
d'Adorno. Tout au long de l'ouvrage, on croise Berg, Kracauer,
Benjamin, Horkheimer, Thomas Mann ou Samuel Beckett. Tous déterminent
des évolutions décisives dans l'existence d'Adorno.
On lira avec un intérêt particulier les pages consacrés à l'échange
entre le maître Berg et son élève Adorno, incapable
de choisir entre une carrière de compositeur et celle de
philosophe (on comprend qu'il ne tranchera jamais). La grande collaboration
entre Thomas Mann et Adorno au sujet de la genèse et de
l'écriture du Docteur Faustus est également passionnante à lire.
Elle montre l'accomplissement oblique d'Adorno dans la littérature
(l'autre grande affaire du philosophe).
Müller-Doohm a également l'intelligence de remettre
dans leur perspective historique et critique certains aspects laissés
dans un flou douteux. Il revient avec une très grande force
de conviction sur une des plus belles amitiés de ce siècle,
celle d'Adorno et de Benjamin. Il tord le cou aux rumeurs distillés
par Hannah Arendt après le suicide de Benjamin et s'en prend
aux critiques souvent injustes autour de la postérité de
Benjamin portée par Adorno. C'est bien lui qui a assuré l'édition,
la diffusion et la connaissance de Walter Benjamin. Il fait également
le point sur les allégations liées à la postérité du
Docteur Faustus , rappelle avec précision et élégance
l'incompréhension première d'Adorno face à la
montée du nazisme jusqu'à son exil anglais puis américain.
L'évocation de cette période (les années trente
et quarante) est sans doute la plus riche car elle permet de comprendre
les renversements intellectuels d'Adorno et la mise en place des
concepts les plus denses de sa philosophie.
La richesse de cet ouvrage ne permet pas d'évoquer ici l'amitié avec
Beckett, la rencontre ratée avec Celan mais ajoutons une
mention spéciale pour les années soixante et le récit
et l'analyse de la mécompréhension grandissante entre
une jeunesse activiste, nourrie par les lectures de l'école
de Francfort et la réserve du philosophe face à ce
que de l'autre côté du Rhin on appelait l'engagement.
Une seule réserve pourrait être faite à ce
livre indispensable : la place de Gretel Adorno. Elle sera restée
dans l'ombre de son mari malgré une activité déterminante
pour lui. Stefan Müller-Doohm met trop peu en lumière
cette place essentielle et cet amour discret qui ne supporta pas
la disparition de celui qui apprit à « penser contre
soi-même ».
pour remue.net, Sébastien Rongier
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remue.net
association, 3ème assemblée générale
Nous étions plus de quarante, vendredi
25 avril, pour le rendez-vous annuel de l'association liée au site.
Bien sûr un pot fraternel, on commence à se connaître, mais une
vraie séance de travail, avec les perspectives techniques, la répartition
des tâches, le rôle et les orientations du site. Et un nouveau
président pour l'association, Ronald Klapka succédant à François
Bon. Et un site en bonne santé grâce à ce travail collectif depuis
un an, qui reste ouvert bien sûr à d'autres collaborations, d'autres
amitiés... Compte-rendu
photo, nouvelle page
asso, on rend compte
de tout cela sur le site, et la liste [asso] réservée aux adhérents
complètera. On prépare notamment sommaire juillet de la revue en
ligne.
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un CRL à quoi
ça sert ? élargir le débat
Si en Languedoc-Roussillon le pouvoir
politique s'est arrogé le droit de trancher sans débat, la vague
suscitée par l'arbitraire de cette décision est devenue un événement
national. Evidemment, c'est plus simple dans les régions qui (je
n'en vise aucune, non non) ont décidé par exemple que leur politique
de communication culturelle c'était leur logo à la fin d'un long
métrage, et tant pis si rien pour le livre. Mais dans la carte
nouvelle de la décentralisation, ces instances régionales sont
appelées à un rôle d'amplitude croissante, y compris en Île-de-France
où le projet CRL est à l'étude. Entre l'implication dans la vie
du livre, via les bibliothèques, la formation, et le soutien à
la librairie de création, l'appui aux éditeurs en région, et la
question tout aussi importante du dialogue avec les créateurs eux-mêmes
(oui, les auteurs ça existe), le coup d'éclat du Languedoc appelle
l'ensemble des acteurs de la chaîne du livre à poser publiquement
une définition un rôle et les charges de ces instances souvent
jeunes, et éventuellement leur donner cadre légal. Notre réaction
il y a quelques mois à l'opération devenez
écrivains soutenue par la région Pays-de-Loire ne doit
pas occulter le plaisir que nous avons à lire la revue
Encres-de-Loire qui y
est publiée (et téléchargeable). Cette réflexion nous concerne
bien évidemment. Nous joignons donc à ce bulletin le texte rédigé
par les directeurs de deux Centre régionaux du livre, Sylvie
Bénard du CRL Basse-Normandie, et Dominique Bondu (par ailleurs
trésorier et membre fondateur de remue.net)
du CRL Franche Comté.
F Bon
POUR LE DEVELOPPEMENT
DE POLITIQUES PUBLIQUES RÉGIONALES
EN FAVEUR DU LIVRE
À
TRAVERS LES CENTRES RÉGIONAUX DU LIVRE.
Sans nier les singularités de chaque région et exiger
une homogénéisation des politiques régionales
en faveur du livre, il est urgent que les CRL définissent
une plate-forme commune, fédératrice, en posant quelques
principes communs, garants d’une politique cohérente
en faveur du livre sur tout le territoire français. De plus,
cette plate-forme vise à pouvoir jouer le rôle, ô combien
nécessaire aujourd’hui, d’un point d’appui
commun, d’une référence partagée, à laquelle
chaque CRL peut s’adosser pour promouvoir et développer
des actions pertinentes dans chaque région.
Une analyse de la situation générale en France nous
paraît en effet rendre désormais indispensable l’activation
d’une telle plate-forme fédératrice, réunissant
les CRL prêts à défendre ces principes.
Tout d’abord, nous assistons aujourd’hui à un
processus de concentration accélérée dans
le champ de l’économie du livre. Cette concentration, à travers
des absorptions, des fusions, des rachats, des regroupements, conduit à l’émergence
de groupes dominants dans les domaines de l’édition,
de la diffusion, de la distribution du livre. De même en
est-il pour la librairie : les librairies indépendantes
se trouvent de plus en plus confrontées à la concurrence
avivée des groupes, des chaînes et des grandes surfaces.
C’est ainsi que la création littéraire et sa
chaîne de diffusion se trouvent aujourd’hui fragilisées
et que le risque subséquent d’un appauvrissement de
l’offre devient réel.
Ce contexte général appelle la mise en place d’une
politique volontariste et énergique du livre, visant à protéger
et développer la petite et moyenne édition, ainsi
que des structures de diffusion indépendantes qu’il
est urgent de réinventer.
Pour des raisons de compétences, d’échelle
de territoire et de tradition, une telle politique doit se développer
au niveau de chaque région, avec le soutien des collectivités
locales, au premier rang desquelles les Régions, ainsi que
de l’Etat. Véritables fers de lance des politiques
publiques en faveur du livre dans les régions, les C.R.L.
constituent les organismes adéquats pour la mise en oeuvre
de programmes d’actions cohérents et inscrits sur
le long terme.
Précisons toutefois qu’une politique régionale
du livre signifie que la région constitue un territoire
de proximité, qui est une échelle adéquate
pour l’action. Elle ne doit pas consister à légitimer
et soutenir de façon prioritaire et exclusive les particularismes
locaux et régionaux : le régionalisme ne constitue
qu’un domaine de la production littéraire, qui doit être
soumis aux mêmes exigences de qualité et de portée
universelle que n’importe quelle autre production littéraire.
Enfin, comme pour toute politique culturelle, les CRL doivent bénéficier
d’une large indépendance dans la mise en oeuvre de
leurs actions. En effet, si les Régions et l’État
doivent contribuer à la définition des grandes orientations
stratégiques de ces structures culturelles, nous ne saurions
accepter ensuite qu’ils fassent de l’ingérence
dans nos programmations respectives. Chaque CRL doit être à même
de développer une action ample, sur son territoire régional,
défini comme territoire stratégique d’intervention,
grâce à la définition d’un cahier des
charges clair déterminant les grands axes de son action.
Il s’agit de s’en tenir à un point de vue strictement
professionnel de promotion du livre. Cela implique un engagement
clair des pouvoirs publics dans chaque région, pour permettre
l’essor d’une telle politique volontariste dont l’enjeu
est à la fois culturel et économique. D’ailleurs,
il y va là d’un nouvel élan de la décentralisation
culturelle.
L’action d’un CRL vise au développement de la
vie littéraire et intellectuelle, ainsi que de l’économie
du livre, en région.
Le développement de la vie littéraire et intellectuelle
implique de soutenir, accompagner, promouvoir, valoriser la création
littéraire, correspondant à une exigence de qualité,
grâce notamment au développement de rencontres littéraires,
de manifestations multiples, ainsi qu’à l’aide
aux créateurs (résidences d’écrivains,
bourses de création). L’action du CRL doit consister à proposer
et rendre accessible le meilleur à tous les publics sans
discrimination. “L’élitisme pour tous”,
expression empruntée à Vitez et Vilar, n’est,
de ce point de vue, pas du tout anachronique. Le C.R.L. poursuit
un rôle éducatif, en s’attachant à informer
et former sur la création littéraire et intellectuelle
contemporaine, tous les médiateurs du livre, que sont les
enseignants, libraires, bibliothécaires, animateurs d’associations
culturelles, et en permettant à toutes les catégories
de public, sans exclusive, d’accéder à une
offre diversifiée et de qualité. Nous savons en effet
qu’en matière de culture, c’est l’offre
qui crée la demande, et non pas l’inverse. Il s’agit
donc bien ainsi de partir de l’amont de la chaîne du
livre et non pas de son aval. En revanche, il ne s’agit pas
de vouloir “cibler” des catégories de public
a priori, en suivant leur demande, mais bien de tout mettre en
oeuvre pour diffuser auprès du plus grand nombre et de faire
vivre, sur tout le territoire régional, la création
littéraire et intellectuelle.
L’épanouissement de la vie littéraire, l’essor
d’une offre diversifiée et de qualité supposent
le développement de l’économie du livre en
région. Aussi, les C.R.L. doivent-ils pouvoir intervenir
sur la totalité de la chaîne du livre.
Il s’agit de développer des programmes d’aides
directes et individuelles à la création (écrivains), à l’édition
(éditeurs), à la diffusion (structure de diffusion)
et à la librairie indépendante, de mettre en oeuvre
des actions collectives concertées, au sein de chaque catégorie
d’acteur et de façon interprofessionnelle.
L’activation d’un tel cahier des charges suppose que
chaque CRL soit à même de mobiliser des moyens adéquats
: financiers et professionnels, institutionnels :
- financiers : une politique régionale du livre efficace
suppose une “force de frappe” suffisante, pour produire
des actions susceptibles d’avoir des effets levier sur le
développement des acteurs du livre. Cela suppose que chaque
Région mobilise, au sein du budget culture, des crédits
suffisants dédiés au livre ; il serait désastreux
que les politiques culturelles s’orientent exclusivement
vers le champ socioculturel et/ou un “social-divertissement”,
- professionnels : en tant qu’opérateurs chargés
de mettre en place une telle politique régionale du livre,
les CRL doivent de se doter des compétences techniques et
du professionnalisme leur permettant d’avoir une maîtrise
de toute la chaîne du livre, depuis la création littéraire
jusqu’à la diffusion des oeuvres et l’animation
de la vie littéraire et intellectuelle d’une région.
-institutionnels : quelle que soit leur forme juridique, qui au
fond importe peu (de toute façon, les CRL sont des opérateurs
des politiques publiques, en concertation avec les professionnels
d’une région), les CRL doivent être dotés
de la légitimité institutionnelle pour pouvoir développer
une action efficace auprès des professionnels du livre de
chaque région. Dans ce sens, il serait utile que, moyennant
disposition légale, ils puissent avoir la possibilité de
reverser, à partir de leur budget propre, des aides aux
tiers (libraires, éditeurs, associations, auteurs, etc.).
Ces quelques principes, fondateurs d’une plate-forme commune
aux CRL, sont les garants d’une politique publique régionale
en faveur du livre dont nous espérons que la légitimité n’est
plus remise en cause, tant la situation des professionnels du livre
est alarmante.
Sylvie Bénard, directrice du Cente régional
des Lettres de Basse-Normandie
Dominique Bondu, directeur du Centre régional du Livre de
Franche-Comté
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prix Louis-Guilloux
à Catherine Lépront
Parce que c'est Louis Guilloux, parce
que c'est Saint-Brieuc (où on visite toujours la petite chambre
de l'écrivain, avec ses livres et ses cahiers), et d'un jury atypique
(auquel participent notamment Michel Le Bris et Yvon Le Men), le
prix Louis Guilloux définit comme une famille. Heureux qu'il soit
décerné cette année à Catherine Lépront pour ses Gens
du Monde.
FB/RK
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littérature
sur web, actu actu
Contexte juridique mouvant et optimisme
limité, nous devons être vigilants et intervenants sur toutes les
questions touchant à la juridicisation
et la mémoire d'Internet, en particulier
via la logie Odebi et les travaux de la BNF ___ nouvelle édition
du festival de La Baule écrivains
en bord de mer, avec la complicité
des Nantais de Joca Seria ___ on n'y peut rien, même avec plus
de 4000 pages html en ligne, remue.net est bien loin de refléter
la création contemporaine de langue française, par exemple on n'a
pas encore de dossier
Patrick Laupin, parlons-en cependant ___
mise à jour des pages Antoine
Emaz et Jean
Echenoz ___ nouveau
site, celui de l'ami Martin
Winckler, un site qui lui ressemble,
bouillonnant et réflexif ___ actualité
poésie (Europe / Yvan Goll,
Corti et divers) par Ronald Klapka ___ et quelques balades textes/photo
pour expérimenter en tant que media neuf l'Internet, avec Dominique
Hasselmann (direction
gare de l'Est), François
Bon (Beaux-Arts Paris), Patrick
Rebollar (journal littéréticulaire,
depuis Tokyo/Nagoya) et Philippe De Jonckheere (bloc notes
du Désordre) ___
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mention spéciale:
handicap et fraternité
concours de poèmes avec la Ligue des droits de l'homme
Suppose
Que je sois une fleur
Et que je n’aie plus de pétales
Et que je sois différente des autres
Alors j’espère que tu m’arroseras
D’AMOUR.
la Ligue des Droits de l'Homme organisait son concours de poésie
sur le thème handicap,
fraternité
compte rendu par Philippe Rahmy, membre du jury, avec de nombreux
extraits des textes
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