cartes mémoire
Comment se mêlent-ils au quotidien, à l’endroit où on vit ?
Inventer un pays entre deux pays. Un lieu entre deux lieux.
Choisir un lieu sur la terre. Un lieu qui signifie quelque chose pour vous. Là où vous avez des souvenirs, où là où vous voudriez en avoir.
Les États-Unis, on a le droit ?
Moi, je voudrais faire les jardins de Kyoto parce que c’est beau, je crois. Et calme.
On a le droit.
D’un côté, ce lieu lointain. De l’autre, votre lieu de vie. Là où vous habitez, là où vous allez tous les jours.
Vous allez dresser une carte qui mêle ces deux lieux. Comment ils marchent ensemble, ou pas. Comment ils s’opposent, comment ils se rejoignent.
Inventez un troisième pays, dans le frottement de ces deux-là .
Dressez votre carte mentale. Entre ici et ailleurs.
On regarde l’Atlas imaginaire de Wim Delvoye. Les cartes-balançoires de Mona Hatoum. Celle de Satomi Matoba — Hiroshima et Pearl Harbour réunis en une seule île utopique.
On discute de l’Amérique du Sud inversée de Joaquin Torres Garcia : pourquoi le Sud ne deviendrait pas le Nord ? Puisque ce sont les plus puissants qui décident, toujours, de ce que l’on place au centre ou en haut de la carte.
Cette carte qui dessine le parcours de l’exil d’un enfant juif. Je veux faire la même chose. Raconter mon voyage. Même si j’y suis jamais allée, là -bas.
Moi, le lieu lointain que je choisis, c’est Le Raincy. Parce que j’y vais pas souvent.
Les autres, ils ont pris leur pays d’origine. J’ai pas envie de faire comme eux alors je vais prendre l’Angleterre, parce que j’y ai des bons souvenirs.
J’ai apporté des photos d’enfance. Je vais les redessiner sur la carte. Là où on allait, ma famille et moi.
Je vais prendre une carte d’Algérie et je la redessinerai au cœur d’une vraie carte de France.
Moi, je vais faire une boîte avec une carte de l’île de France. Et dedans, je ferai de l’origami, avec des cartes d’Algérie. Des pliages en forme d’étoiles.
Pourquoi tu as écrit Françafrique ?
Parce que ma carte mélange la France et l’Afrique.
Tu sais ce que c’est, la Françafrique ?
Ah oui, bon, ben je vais mettre France-Ã -fric.
Certains choisissent d’explorer une histoire personnelle sur laquelle ils disaient, au départ, n’avoir rien à dire. Racontent des souvenirs, de plus en plus précis. À l’oral, à l’écrit.
Là -bas, il y avait partout des églises. Je passais des heures dans les plantes du jardin. Il y avait une lumière aveuglante.
Pour d’autres, c’est la fiction qui donne naissance aux images.
J’ai toujours vu cet endroit très grand, je veux dire, très vaste. Comme un désert, sec, où il y aurait des pick-up qui roulent à 200 kilomètres à l’heure sur une route enflammée, écrit Zoé.
Les cartes, peu à peu, se dessinent. Les trajectoires se croisent.
