Zeno Bianu / suite pour Gherasim Luca
C’est bien peu deux rives
disais-tu
comme si tu n’avais cessé
de chercher la troisième rive
où la langue
dévoile sa transe interne
son sanglot de rire
son phrasé originel
toujours du côté
de la voix vivante
toujours du côté
de la vie naissante
obsessionnellement
comme il se doit
entre le ressort vivant de la voix
et le ressort voyant de la vie
très exactement
soucieux à chaque instant
de repassionner le monde
loin du non-traversé
laisse les pitres enterrer les pitres
aurais-tu pu dire
du côté des poèmes de faim
selon Artaud
sans fléchir
en tablant sans relâche
sur ce qui vibre
d’indicible en toi
le toit de l’enfer
en regardant les fleurs
comme il se doit
convoquant
comme personne
le tremblé du souffle
arpentant
© Zeno Bianu
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