Éric hoppenot / Maurice Blanchot et
l’écriture fragmentaire "le temps de l’absence de temps" |
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Eric Hoppenot a fondé en juillet 2003 le site Maurice Blanchot |
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"L'Ecriture fragmentaire : théories et pratiques" a été publié dans les Actes du 1er Colloque International du Groupe de Recherche sur les Ecritures Subversives, Barcelone, 21-23 juin 2001. Textes réunis et présentés par Ricard RIPOLL. Editions Presses Universitaires de Perpignan, 2002, 363 p. Maurice Blanchot et
l'écriture fragmentaire Éric Hoppenot propose en octobre prochain, parmi
les réputés colloques virtuels de Fabula
: "L’œuvre du Féminin dans l’écriture
de Maurice Blanchot. Date limite d'envoi des textes : 30 mars 2003 Éric Hoppenot propose en octobre, sur le Site Maurice Blanchot un colloque en ligne sur "L'oeuvre du Féminin dans l'écriture de Maurice Blanchot." Pour en savoir plus, consulter : http://www.mauriceblanchot.net/colloque/ Éric Hoppenot a fondé deux
listes, sur Maurice Blanchot et Pascal Quignard, objectifs :
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Maurice Blanchot / « Le premier roman de
Joyce » « Le début d’Ulysse est la suite du Portrait. Stephen Dedalus s’y montre tel que nous le proposent les dernières pages de la biographie. Il est l’artiste qu’il a voulu devenir. Ce mot d’artiste, plein d’amphibologies, de sens glissants, comme la plupart des termes maniés par Joyce, est un des mots-clés de l’ouvrage. Il ne fait pas seulement allusion à l’écrivain dont il qualifie le portrait, il désigne l’idéal qu’il a cherché et les lents mouvements par lesquels il en a pris possession. L’artiste n’a rien de commun avec les couleurs faciles et brillantes sous lesquelles le sens vulgaire se le représente. La conquête de l’art est conquête de l’absolu. Elle est négation du monde traditionnel, affirmation d’une liberté qui ne souffre pas de limite, expression d’une existence particulière dans les privilèges qui lui sont indispensables. Elle ne se rapporte pas à une technique, mais à une vision du monde et à la vie que cette vision suppose. Le profond et sérieux Dedalus qui, portrait d’un des écrivains les plus riches en inventions comiques et en cocasseries verbales, ne rit presque jamais, vit profondément tout ce qu’il vit et recherche toujours plus qu’il ne trouve, est avant tout avide d’absolu. La tragédie religieuse qu’il traverse n’est en rien la crise de conscience d’un « séminariste émancipé qui a eu le malheur de perdre la foi entre les bras d’une fille de Dublin », comme l’a cru Louis Grillet [sic] : c’est plutôt tout le contraire ; la fille de Dublin, en lui révélant le péché, lui révèle la signification de la foi ; tous les jours, les semaines qu’il passe ensuite sont voués à une dévotion scrupuleuse qui tend, autant qu’elle le peut, à la perfection. Ce n’est pas entre les fièvres de l’adolescence et une croyance ordonnée et ascétique qu’il choisit finalement, c’est entre deux sagesses, et l’heure décisive pour lui est celle où le directeur de son institution, édifié par sa vie exemplaire, lui propose d’entrer dans l’ordre des Jésuites. A ce moment, Dedalus se sent appelé à une vie libre, étrangère aux ordres sociaux ou religieux, une vie difficile mais orgueilleuse, peut-être marquée à jamais par l’erreur, mais telle que l’esprit peut rêver de s’y exprimer avec une liberté absolue. « Vivre, errer, tomber, triompher, recréer la vie avec la vie ! », dit Stephen dans l’admirable scène du bord de l’eau, lorsque l’image d’une jeune fille lui apparaît comme un ange de jeunesse et de beauté, la messagère des cours splendides de la vie. La liberté est l’âme de l’artiste, et cette liberté est négation perpétuelle, négation au profit d’une avidité que rien ne satisfait, aussi bien que pressentiment de ce qui ne peut jamais être atteint. A la fin du livre, Dedalus dit à son ami Granly : « Je vais te dire ce que je veux faire et ce que je ne veux pas faire. Je ne veux pas servir ce à quoi je ne crois plus, que cela s’appelle mon foyer, ma patrie ou mon église. Je veux essayer de l’exprimer, sous quelque forme d’existence ou d’art, aussi librement et aussi complètement que possible, en usant pour ma défense des seules armes que je m’autorise à employer : le silence, l’exil, la ruse. » C’est là le thème essentiel de Dedalus, et l’existence ainsi que l’œuvre de Joyce n’en sont que la mise en œuvre paradoxale (car l’énigme y est l’équivalent du silence). » |