Danielle Collobert / Il Donc, un extrait |
|
Il coule il se cogne heurté aux murs il se ramasse piétine il ne va pas loin quatre pas vers la gauche nouveau mur il tend les bras - s'appuie appuie fort frotte sa tête encore plus fort le front là le front fait mal frotte plus fort s'irrite pas le front de l'intérieur pleure un corps là qui s'exerce à la douleur comme s'il n'en avait pas assez de cete souffrance - à chaque instant par flots par vague immense s'essayant au dérisoire de l'exercer murs fictifs aussi murs sans nécessité - non seulement à voir du côté de l'invisible présent ici face au corps démuni bras immobiles balayant pourtant l'espace autour sans rencontrer de support ou prendre appui attache provisoire rien qu'un instant pour ralentir son souffle ralentir les battements s'apaiser ce corps cherchant la place le creux où se refondre encore chaleur rompue et froid du monde autour sa place ou position incertaine à inscrire contre le manque les heurts du jour pour l'instant si l'on veut joue entre en scène le corps parlant mots par résonance se fraient des voies par flux à travers les couches de mots dépôt horizontal au fond de quoi parfois s'échappe s'isole solidifié un mot muré à l'intérieur n'échappe pas il crie hurle toujours même mot se tord étouffe sans expulsion ni crachat ni vomissure brûlure lente foudroyante
voix silence souterrain profondeurs calmes à rompre à surgir encore du sol plissements et fractures ruptures des épaisseurs surabondance des couches en difficulté d'être au jour sortir au visible à l'écoute corps s'éloignant toujours désir au-devant la parole d'atteindre un mot lente traversée ou projeté expulsé ou vomi en malléable à dire l'éveil bouche ouverte enfin désespérant afflux douleur |