au café parlé de Berteaucourt-les-Dameson on devait parler de la retraite mais en fait on a surtout parlé du travail de sa dureté partir et mourir l'année suivante les poumons pleins de goudron à 54 ans la poussière, le bruit une personne qui travaillait au goudronnage elle n'avait pas besoin de fumer elle avait la moitié des poumons usés et un an après elle sentait encore le goudron
ou encore on parle de tout ce qu'on n'avait jamais appris et qu'on voulait tellement apprendre mais on n'avait pas le temps parce qu'on travaillait en équipe comme : nager
et le grand OUF qu'on a dit le premier jour de la retraite ouf je n'y vais plus ouf c'est fini ouf cette vie-là
mais la retraite ? le temps de la retraite ?
eh bien c'est le jardin les cartes le café avec les copains la famille les petits-enfants
alors justement à propos des petits-enfants qu'est-ce qu'on leur transmet, aux petits-enfants ?
est-ce qu'on leur transmet un patrimoine ? les cités ouvrières ? les murs et les briques est-ce que ça fait un mode de vie que l'on peut transmettre ? mais un patrimoine sans parole est mort et d'ailleurs, dit Nadège, dans ma cité on n'est plus que deux anciens
alors est-ce qu'on transmet les valeurs qu'on a soi-même héritées des parents ? ah, dit Marie-Thérèse, plutôt le contraire ma belle-mère voulait pas de chauffe-eau elle n'avait pas connu elle voulait pas pour elle, ce qu'il fallait c'était : pas dépenser le fameux "sens de l'économie", non, non, non
mais alors si ce n'est pas un patrimoine ni des valeurs héritées qu'est-ce qu'on leur transmet aux petits-enfants voilà ce que j'aimerais vraiment entendre
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