Ecrire, 1

Puisque dix mois me sont offerts où je ne suis censé qu’écrire ou faire écrire, je vais prendre, ici et pour la première fois, le temps de réfléchir àl’écriture en tant qu’activité. Ce seront quelques notes introspectives ponctuant certaines journées de résidence. Une pause dans l’écriture, une pause sur l’écriture.

Mon ordinateur est sur mes genoux et comme toujours je n’écris pas àtable. Je suis assis (aujourd’hui) dans le canapé en velours bleu de l’Institut Charles Perrault, àl’extrémité nord de la salle de bal de l’hôtel de Mézières, entouré de milliers de livres jeunesse, multitude déprimante où se noieront sans doute les petites histoires que j’invente.

Depuis quelques années, la position que j’adopte pour écrire, ou plutôt que j’ai adoptée depuis que mes lombaires soudées m’empêchent de travailler assis face àun bureau, cette position me provoque des douleurs : àla main droite, au dos et aux cervicales. Aujourd’hui c’est la main qui est la plus sensible. Les touches de mon clavier sont très fines et pourtant la moindre frappe se ressent sur le dos de ma main que je visualise comme une mécanique rouillée.

A l’époque où je pouvais écrire assis àun bureau, et où je n’écrivais pas encore d’histoires, mes mains et mon dos souffraient déjà. Pendant quatre ans, j’avais écrit des articles àdeux doigts sur une machine àécrire puis quatre autres années sur un ordinateur aux touches bien plus lourdes qu’aujourd’hui. A la fin, quand mes deux doigts couraient sur le clavier, deux poignards ravageaient mes cervicales. Pour moins souffrir, et àl’aube de me lancer dans la rédaction de ma thèse, j’avais acheté un logiciel pour apprendre àécrire àdix doigts. Et effectivement, pendant quelques années, les douleurs avaient diminué.

Revenues, elles sont aujourd’hui le prélude de tous mes textes.

15 octobre 2021
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