Gérard Haller | Menschen

Menschen, de Gérard Haller, vient de paraître aux éditions Galilée.

Présentation de l’éditeur

Aile, tu es béquille. Nous – –

Nous chanterons la chanson d’enfant, celle,
entends-tu, celle
avec les men, avec les schen, avec les menschen, oui, celle
avec la broussaille, avec
la paire d’yeux, qui restait prête là-bas :
larme-et-
larme

Paul Celan, La Rose de personne

Poème double ici, coupé en deux. Le premier ouvrant sur les images intranquilles du pays natal, le second sur l’extermination. Deux échos, deux tenues, deux aller au bord des larmes et retour pour mieux entendre l’intime partition qui nous précède et le nous ainsi qui reste à venir.

*

L’extrait suivant est tiré de la deuxième partie du livre, qui donne son titre à l’ensemble (p.112-114) :


menschen
menschen

morts et pourtant là
il faut partir de là

de la mort
au commencement
et de l’immémoriale
intimité commune
qu’elle ouvre
et nous abandonne
ainsi à nous seuls
au bord
l’un de l’autre

chaque fois
qui nous fait revenir
au bord et connaître
ensemble l’autre
de nous devant
nous et l’abîme
et appeler

naama
naama
nachman
nadia
nadine
nahama
nahama
nahman
nahum

dire le nom
pour franchir
quand même
sans fin
être gardés

même morts
non-présents
être toujours
portés

il faut partir de là

les noms les namen
là-bas désâmés
les laisser faire
écho dans nous
revenir trembler

c’est peu
c’est le peu qu’il faut
pour recommencer


Gérard Haller, Menschen, Galilée, 2020 (Isbn 9782718610016)


Prolongements :


 "Nous qui nous apparaissons", un poème à écouter sur la chaîne "philosopher au présent".
 Gérard Haller sur Remue.net.
 Une note de lecture d’Isabelle Baladine-Howald et un autre extrait du livre, sur Poezibao.
 P.H.O.T.O.G.R.A.P.H.I.E.R. 13 lettres 13 photographies (suite de poèmes de Gérard Haller sur des images d’Alain Willaume, lus par le musicien Philippe Poirier).

21 novembre 2020
T T+