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entiment indéfinissable, mélange d’angoisse, de tristesse et de mélancolie le soir lorsque la vieille femme proposait une tisane avant d’aller se coucher, après la diffusion des Cinq dernières minutes ou des Dossiers de l’écran, le vieil homme roupillant déjà depuis des lustres dans son fauteuil face à la télévision, ouvrant seulement les yeux au moment du générique pour refuser d’une moue, dépliant ses jambes ankylosées par la longue station immobile, se levant lourdement pour aller pisser, rentrer les poules, faire le tour de la maison pour fermer portes et volets, ce rituel se répétant invariablement dans une sorte de monotone et lourd silence qui le faisait immanquablement songer à la vieillesse, au dénuement et à la mort ; et le crépitement des bûches dans le feu, l’implacable bruit du mécanisme, l’affreux tic-tac de la pendule au-dessus de la cheminée laissant filer inexorablement de minuscules parcelles de temps qui lui brisaient le cœur comme si, déjà enfant, cette sensation d’écoulement, de fuite, une blessure, un
5 septembre 2011