Poèmes de jeux vidéo
photo : A girl plays Space Invaders in Computerspielemuseum, Berlin, par Bsivko, Wikimedia Commons CC BY SA
Space Invaders
1978, Taito
Tenir point à point
l’infini des rencontres
en guerre rejouée
regard vers le haut
face aux ennemis en ligne
il faut bien se battre
Tetris
1984, A. Pajitnov
Il tombe un bâton
Or neige en bloc
Tel thé renversé
Liquide lambda
Jusqu’au sol inversé
Zébrer la surface gauche-droite
Serre le vide et remplit-le
Super Mario Bros
1985, NES
Vert tuyau
t’ouvre
aux mystères
souterrains
or qui plane
feu floral
ciel violet
brique brique brique
impossible retour arrière
des questions s’ouvrent
la nature file
au-dessus des gouffres
Out run
1986, Arcade Sega
Horizon libre
de s’éloigner toujours
choisir malgré
choisir sans fin
croiser l’automne
en chemin d’une vie
la route percute
l’espoir de franchir
le désert du couple
cheveux au vent
au volant seul
en dedans de soi
traversée du printemps

Phantasy Star
1987, Sega
La paix ne dure pas
entre deux guerres
éternelles
comme guêpes géantes
entre les planètes
l’épée dans l’eau
l’épée dans l’air
aux souterrains se jouent
les sortilèges
du destin
quelle clé
pour quelle porte ?
Shinobi
1987, Arcade Sega
Masque de justice
étoile de vengeance
la ville chaos
tu te décuples
aux flammes des grilles
dans le lointain des monts
un palais de bambou
révélera
Prince of Persia
1989, Brøderbund
Souplesse du sultan
magie noire du désir
les heures tournent
au cadran d’une épée
qu’un miroir dédouble
en gestes fusionnés
qui est délivré ?
le mouvement est illusion
Populous
1989, Bullfrog
Au commencement était
le menu de sélection
élever
creuser la terre
aplanir
pour se faire
adorer
détruire aussi
du Pouvoir Bleu
naîtra
le glas tremblant
l’Armageddon
Sonic the Hedgehog
1991, Megadrive
Plans du paysage
aux pensées multiples
glisse à rebours
pals et pâquerettes
palmiers rectilignes
mémoire télévisée
rouleaux de lave
guette l’asphyxie
dans le cercle d’un anneau
dans l’envers d’une boucle
labyrinthe de tes errances
au ressort de la vie
Lemmings
1991, DMA Design
On se suit parce qu’on s’aime
sacrifié sans parachute
on se suit parce qu’on s’aime
à bâtir des ponts
et creuser des
on se suit parce qu’on s’aime
tomber s’anéantir
on se suit
tomber creuser marcher
parce qu’on s’aime
imploser de joie
on se suit on a peur
parce qu’on s’aime
Doom
1993, ID Software
Chairs éparpillées
sommeil éclaboussé rouge
contre les murs
rêve acide de têtes
arrachées flottantes
ton visage regarde
un ciel sans issue
sans éveil
au miroir de tes plaies
aucun canon ne contredit
les sabots du Minotaure
t’enfoncent
Starcraft
1995, Blizzard
L’avenir n’est pas devant
mais tout autour
impénétrable
sauf si l’on a
déjà vécu
lire la pierre
en faire nos armes
cristal de roche
en faire la vie
dans l’ombre comme en nous
il y a toujours
l’ennemi
aucune parole ne pourra sauver
gommer c’est vaincre
bâtir c’est mourir
Snake
1976, Arcade Gremlins Industry
Quand la vie tient
à un pixel
Cliquez pour jouer, puis utilisez les flèches du clavier : oui il faut un clavier à l’ancienne !
À noter que certaines images ci-dessus sont cliquables (que fera ce lien ?)
Une illusion d’optique peu apparaître dans le texte si vous regardez longtemps celle de Prince, hasard de la programmation qui rend hommage à la rotoscopie utilisée dans le jeu.