Rencontre avec la seconde 8 du lycée Michel-Ange

Je rencontre la seconde 8 du lycée Michel-Ange àVilleneuve-la-Garenne. Ils sont vingt, curieux, avenants, joyeux, accompagnés de leur professeur Sarah Alami. Les deux heures passent àtoute allure. Ils lisent àhaute voix deux pièces brèves que j’ai écrites qui mettent en jeu des adolescents ou des jeunes adultes àpeine plus vieux qu’eux. Les sujets ne sont pas faciles et le vocabulaire parfois assez cru. Aucun ne refuse de lire. Les remarques sont pertinentes, aigües. Ils parviennent àfaire une analyse très pointue du texte.

Seconde séance, c’est àleur tour d’écrire. Chacun décrit les membres de sa famille en une phrase et reconstituent son arbre généalogique. Quelques réticences mais chacun se lance, puis lit àvoix haute. Ils se découvrent autrement. Leur professeur accepte de participer àl’exercice.
Il y a celui qui ne citera que des hommes, celles qui pensent que leur père les aime moins que leur voiture... des images naissent et on arrive àpercevoir une ambiance, une température familiale. Il y a pour chacun l’effort véritable de lever une barrière en se lançant àl’eau dans l’écriture, dans la lecture àhaute voix. Ce processus de dévoilement vis-à-vis des autres qui leur donne confiance et les fragilise aussi. Certains réalisent que c’est en osant le plus qu’on est finalement le plus protégé. Étrange paradoxe.

Restitution le jour de la dernière séance devant une classe de première et de terminale. C’est la veille des vacances. Nous constatons l’absence de quatre élèves. Maladie ? Vacances anticipées ? Timidité ? Désaccord sur le projet ?
Nous ne saurons pas. Les présents ont l’impression de vivre un vrai baptême du feu devant leurs ainés. Ils acceptent de monter sur scène, de jouer avec l’autre sexe, de se regarder dans les yeux, de prendre la parole. Fou rire, gêne, concentration... la présentation continue. Dans le bord plateau qui suit ils répondent aux questions. Chacun se sent responsable, acteur, de ce que nous avons vécu ensemble.

Ce n’est pas simple de se quitter. Il y aura des regards que je n’oublierai pas. On se promet de se retrouver en mai pour une des représentations de la Troupe Éphémère. Qui sait peut-être que certains y participeront la saison prochaine maintenant qu’ils sont au courant de cette aventure qui se déroule avec des jeunes amateurs àquelques stations de tramway de leur établissement, au TGP. Ce théâtre, ils le fréquentent grâce àSarah Alami leur professeur de lettres qui fait partie de ces pédagogues capables d’ouvrir tous les possibles, ce genre de professeur qu’il faudrait qu’on rencontre tous au moins une fois au cours de notre scolarité.

12 mars 2019
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