Sylvain Courtoux / Action writing 3  

extrait de "Action Writing 3", texte inédit

Sylvain Courtoux est né en 1976 à bordeaux.

publications:[i.e], Aencrages & co, 1999.
en revues : (passé/futur): plastiq, fusées, java, ccp, action poétique, evidenz, le corridor bleu, ainsi qu'à doc(k)s - akenaton - membre du comité de rédaction de la revue plastiq (avec emmanuel rabu, Nantes)
co-fondateur avec Charles Pennequin et Jérôme Bertin du collectif d'action poétique POESIE EXPRESS.

 

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Action-Writing est un manuel, comme on pourrait le dire d'un manuel de grammaire. Grammaire bien spécifique s'il en est, puisqu'elle tente de mettre à nu, de défier, de décliner (et d'attaquer) les postures des processus de domination et d'asservissement idéologique. Son matériau est l'idéologie . Mais pas que.
C'est aussi un travail de résistance, dans , par, et pour la Langue.
La pratique poétique doit être révolutionnaire, virussante (prendre d'assaut les leurres-écrans). C'est un état de guerre totale.

S. C.

(extrait)

méthode de ce travail: montage littéraire je n’ai rien à dire dit-elle seulement à montrer je ne détournerai rien d’important (ou presque) ne m’approprierai aucune formule intelligente mais les (dread]loques les déchets les merdes pour ainsi dire non pour les répertorier mais pour leur rendre justice de l’unique façon possible en les utilisant (”Benjamin) : c’est à la littérature qui tente d’exprimer une autre communauté potentielle de forger les moyens d’une autre conscience & d’une autre sensibilité dit-elle {- quels beaux sentiments quels beaux discours ! c’est vraiment très (trop) beau (ou bien) je n’avais jamais rien entendu de pareil (ou bien) quel lyrisme quel éclat !}l’unité est incommunicable l’expansion est incommunicable la pratique n’est pas commode et c’est héroïque de lire ce texte merdique en essai théorique dit-elle délirant que la f(r)iction crée l’orgasme puis se change en discussion vidange (vintage) dialectique libidinale pour sorbonnagres agressifs du capitalisme idéologique (-tu crois ?) je sens littéralement et dans tous les sens exactement l’inverse de ce que l’on (ne) comprend (pas) au contraire dit-elle ce prélèvement de mémoire / même minutie de choix jusqu’au dégoût mais je préfère mon nouveau dégoût à l’ancien goût dégoûtant dit-elle le bouffant soyeux du slip au centre du pli ta motte déborde & je centre ma pisse Ô centre de ta motte étouffante _tu n’as qu’à faire comme s’il ne s’était rien passé dit-elle (pas d’inceste rien rien on oublie tout) _le saccage des chairs les sacs d’abats une autre façon pour un texte [...] par un recours à des citations explicites et massives de transcender sa clôture ou son immanence et le corps n’a plus qu’a la boucler dit-elle "je voudrais voir le corps en train de régler ses futurs charniers" (s'amender non dit-elle) la fin du monde c’est ce corps psyclone qui per/force/forme le décorps la solitude de l’être exactement sans fin & son corps décompte chaque strate d’immonde entrelacé(r)é avec le mien m’abouche me suce me presque presse comme intimement de rejoindre le chaos [rien n’est liquidé alors que tout est presque bousillé] les révolutions s’annonceront avant tout dans la langue en tant que part non fatale du devenir la révolution ne relève pas d’une dynamique compulsive des désirs mais d’une dialectique des moyens dit-elle _c’est ça croulez sombrez sabrez votre mort vous croyez bien sûr en avoir un peu plus besoin c’est parti c’est le coma (en)grossé à l’envers d’où je suis je les vois chuter je les vois sombrer goutte à goutte de nouveau l’enfilade post-lyrique facile (permettez) à fond d’ass(ins)piraction das-ein assassin pompe à trompe trauma de transmission du quotient (en) intellectuel crétin chromo barbouillé de cyprine consensuelle -t’as qu’a lire dit-elle: y’a marqué oeuvre d’art c’est bien ça y’a marqué que c’est une putain d’œuvre d’art pas même un bout de papier pas même un truc pour s’torcher l’cul c’est une véritable oeuvre d’art (crois-moi dit-elle) un truc auquel on a pu longuement réfléchir (regarde les s’exciter) qui symbolise la quintessence de l’esprit humain (je vais peut-être en rajouter une couche) tu sais un truc hyper sérieux pour lequel on chialerait (s)pèr(m)e et mèr(d)e dit-elle _ce qui me plaît davantage dit-elle dans ces prises de positions (je veux dire ces prises/crises de prostrations qui interpelle tout lecteur sérieux dit-elle) c’est qu’elles n’ont rien de sincères c’est ce qui les fonde pour ainsi dire {on est d’ailleurs pas obligé d’aimer tout le monde pas obligé non plus de copiner avec tout le monde (il y a vraiment pas mal de bon suceurs de bites déjà)} un texte comme celui-ci définit a-priori sa catégorie lectorielle (au choix) _que le champ poétique dans sa logique interne de champ ait besoin d’illusion et d’autojustification constantes pour (se) prouver sa (grande) vitalité ne me parait pas déterminant pour ainsi dire pour une quelconque pratique alternative dit-elle et la langue qui survient force la passage "la société est intégrale avant même qu’elle soit gouvernée sur un mode totalitaire" son organisation embrasse même ceux qui la combattent elle établit les normes qui modèlent leur conscience dit-elle & c’est la bourgeoisie qui produit ainsi ses propres fossoyeurs de mots de maux des mots y en a des pas nommables: "tu m’pouilles a vif l’moineau dans ta boutique de fion" des mots collant suspendu jouant dans sa vulve (j’aime sa glaire) elle dit avec franchise ce qu’il faut attendre d’une liaison: quelques heures de plaisir ou pire sauf quelques centimètres entre les cuisses et comme elle a craché y’a plus qu’à essuyer ça pue la merde c’est pas possible la merde ça fout la gerbe d’avoir une bouche qui pue comme ça je veux bien que tu me bouffe la merde du fion (au moins la recueillir) mais je ne veux pas à chaque fois l’essuyer sur le bout de mon chié & son anneau qui mastique l’usine extatique -le mal la souffrance la douleur respirent en moi comme à plaisir dit-elle _il faut pouvoir maintenir ceci: la révolution est la réalité (reprise) la révolution est l’impossible dit-elle il faut pouvoir penser contradictoirement à l’immanence l’imminence de la révolution dit-elle tu peux foutre le feu à ta liasse de textes dit-elle elle a la bouche ouverte elle a la bouche grande ouverte on pourrait croire qu’elle gobe les mouches au ciel mais c’est plutôt la gerbe le fiel qu’elle veut faire sortir de sa grande bouche ouverte: finis les révolutionnaires à 2 balles dit-elle de ces égotiques de la résignation postmoderne tout ces textes de merde où le politique est concassé trituré en un sens crucifié désarmé pour ainsi dire déjà coulé dit-elle (le diable probablement)_pour la place du mort: ils commencent à faire le compte depuis 45 (tout le monde fourche) soyez tranquille soyez sans crainte rien ne sera perdu rien de ce que vous avez été ne sera perdu on s’occupera bien de vos restes de vos belles vestes & de vos beaux (s)textes (pour les faire fructifier en quelques sorte) on pourra même sodomiser votre dépouille votre épouse décédée (pour vraiment pas grand chose) en 48 heures chrono l’affirmation face au réalisme vulgaire d’une production signifiante comme procès matériel et dialectique dit-elle dérapages controllés _ex-traction des virus [the depopulation bomb] _les révolutions ne s’annoncent jamais jamais ne s’amassent dans la langue ni dans les formes de pensée de ceux contre qui elles se font _"on voudrait bien une révolution mais à la con(cé)dition qu’elle soit aux mesures de la qualité marchande globale" disent-ils AErévolutionner d’abord le désir devenu vecteur d’asservissement universel dit-elle [ph(r)ase x-termin’a(na)le de l’humanité] + donner un visage à la menace (the war just begins) la dialectique au sens de l’invention originale d’une étape synthétique dépassant ou relevant la contradiction est un leurre (=dialectique des vainqueurs)_tout l’art de la guerre est basé sur la duperie c’est pourquoi lorsque vous êtes capable feignez l’incapacité actif la passivité appâtez l’ennemi pour le prendre au piège simulez le désordre & frappez-le [the disinformation plague] "j’ai tué mon père j’ai tué ma mère et je tremble de joie" dit-elle (forclusion) si l’état du monde provoque encore en moi un violent désir de le refuser tel qu’il est et de le voir subvertir dans sa totalité c’est que précisément dit-elle j’ai fait l’expérience dans l’impossibilité où je me voyais de ne plus rien avoir à lui opposer d’une vie qui s’absente bien qu’elle se perpétue par pure inertie du cycle biologique vitale dit-elle_ vu de l’extérieur rien ne me distingue d’eux et comme tout se résume désormais à l’extérieur je suis condamné à être comme eux _nous savons que les mangeurs d’hommes ont leurs maîtres en europe euraméricaine que comme caïn ces maîtres et leurs élèves resteront sous égide nous savons aussi qu’au moment où les steppes chinoises pataugent dans leur révolution industrielle les occidentaux se désindustrialisent et dressent les ingénieurs des futurs bio-pouvoirs dit-elle _la révolution est en fin de compte l’événementialité majeure paroxystique de ce qui peut advenir au pouvoir d’état ou de l’intérieur du pouvoir d’état: sa subversion sa cessation transitoire _la révolution est l’expérience inouï de ce que la fin d’un état est possible expérience inouï puisque lui-même affirme sa pérennité inaliénable qu’il soit de droit divin ou qu’il se place au fondement naturel de la liberté cette dernière étant donnée comme espace conjoint du capitalisme et de la démocratie parlementaire _la révolution est l’expérience de la fabrication d’un texte elle est l’expérience de ce que la fin d’un état est possible dit-elle _tu dis: la révolution est possible parce qu’elle s’appuie sur les contradictions du système juste un doigt sur les conflits de classe juste un doigt sur les intérêts des opprimés juste un doigt et sur une analyse qui nous montre que la prospérité promise par le système est nécessairement le privilège d’une élite décroissante juste un doigt la révolution a toujours été pensé comme le renversement d’un ordre de maîtrise par une maîtrise inverse cette seconde maîtrise devant à son tour produire le sujet d’une autre histoire ou se produire elle-même comme sujet d’une autre histoire (de l’homme et du monde) le renversement de la domination du retournement d’une maîtrise dans l’autre d’un sujet dans l’autre et d’une (auto)product° dans l’autre: c’est à dire d’un schème conformateur de tout l’occident dit-elle (des gélules se sont brisés dans sa gorge elle va vomir elle va mourir) 1.le mot révolution est aujourd’hui définitivement dévalorisé puisque synonyme des plus grdes barbaries du siècle. 2.la seule politique possible est une politique non révolutionnaire ce qui veut dire une politique réformiste donc social-démocrate ou centriste 3.puisqu’il n’existe plus de cause révolutionnaire les gens en général et les intellectuels en particulier se doivent de rallier le discours réformiste (c’est à dire socialo-jospino-mittérandien) 4.un penseur digne de ce nom est aujourd’hui un “intellectuel”; c’est à dire une propagandiste du réformisme qui dénonce toute récurrence révolutionnaire; 5.puisque le camp de la révolution est définitivement battu détruit la démocratie parlementaire est la seule forme de gouvernement politiquement acceptable 6. Il se déduit de l’énoncé précédent que tt forme politique autre doit être considéré comme l’étape préparatoire au triomphe d’une démocratie parlementaire (y compris pdt le début historique du fascism) 7. Puisque la démocratie parlementaire est par excellence la forme bourgeoise du politique il s’en déduit que la politique ne saurait être que bourgeoise [corollaire: tout ce qui n’est pas bourgeois doit être qualifié de “barbare” voire de “sous-homme”] 8. Puisque l’idée révolutionnaire était antérieurement l’idée d’une histoire conflictuelle et guerrière menant à la victoire de la politique révolutionnaire sur la politique bourgeoise il est décrété que l’Histoire n’a plus lieu qu’entre le ‘déjà là’ de la forme bourgeoise et le ‘pas encore’ de cette même forme lisible en creux dans les formes non-humaines (barbares quoi!) [thèse conjointe de la fin d el’Histoire et du triomphe de la politique humaine sur la politique in-humaine]; 9. La thèse de la fin de l’Histoire est en même temps la thèse du triomphe de l’économie capitaliste sur tout autre forme (empirisme vulgaire). Etant la seule économie possible et dominante les USA peuvent se permettre de mettre les gants au secours des économies socialistes éffondrées 10.selon la thèse de l’empirisme bourgeois pensée aujourd’hui dominante en europe et dans le monde il existe une relation mecanique entre l’instauration d’une économie capitaliste et l’émergence des formes de démocraties bourgeoise. Corollaire: commercer avec les dictatures est pour les économies capitalistes la meilleure manière et la plus raffinée d’assurer le triomphe du droit (axiome de Védrine) 11. Corollaire de l’énoncé précédent: dans le cas d’une contradiction même provisoire entre le droit et l’intérêt lînteret est ce qui dicte le point de vue à partir duquel le droit peut être envisagé 12. Qd une puissance capitaliste rencontre un point de coïncidence entre ses interets géostratégiques et économiques et la langage du droit elle se doit de présenter son intervention dans ce dernier langage: cas de figure de la guerre dite du Golfe. Dans le même temps elle se doit de présenter son adversaire comme abominable moralement au détriment de tout raison valable politiquement quitte à laisser cette dictature en place par la suite et à oublier d’aider les populations qui s’éfforcent de lutter contre elle (axiome Bush). 13. Puisque le temps venu de la fin de l’histoire est celui de la coïncidence entre économie capitaliste et démocratie poulaire comme forme idéale de gouvernement tout guerre doit désormais être représentée comme action inconditionnelle du droit et donc à la limite hors humanité. Vérification de l’axiome de Schwarzkopf qui affirme que le droit n’a de compte à rendre à personne sur l’usage qu’il fait et continue de faire de la force armée nous ne vous dirons pas les chiffres des morts 14.il convient dans cette perspective de sous estimer systématiquement tout ce qui pourrait apparaître comme contradiction ou compétition entre puissances capitalistes dévéloppées notamment dans le domaine militaire: ainsi ne doit être en aucun cas révélé qui réellement ne cesse de fabriquer des armes chimiques et biologiques (la liste des pays est à gauche). Le secret defense sera le noli me tangere qui s’opposera en chaque cas à la moindre révélation de cet ordre 15. Dans le même étét d’esprit il est impérativement recquis d e désigner par le substantif terrorisme toute action politique ou militaire violente qui pourrait menacer l’omnipotence de l’économie capitaliste mondiale et de son corollaire politique la très sainte démocratie bourgeoise (©Sichère) JE ME DECLARE EN ETAT DE GUERRE TOTALE dit-elle