1 CARMEN SAECULARE || Soleil magne | attelage rutilant
du jour | qui le promet et l'occulte | l'autre le même renaît
d'après Horace
2 SAUVETAGE || Buée de paroles sur la vitre |
fragments de souffle au contact du froid || Touchant du doigt les mots
| qui vérifient | réfrigèrent : | vitrifient || Avec
la vapeur d'eau | la preuve que l'on efface | mais le sens que l'on sauve
de l'asphyxie | économe de mots ainsi que ranimés
3 SCARABÉE || Roulant pilule d'excrément | ainsi progressons-nous
: | collés à terre || Sans domicile fixe de la pensée
| en traversant les territoires | poussière de gypse en
fer de lance | goudron des rues | carrelage d'ex-voto | avec des
raisonnements voilés || Faut-il attribuer au scaphandre | les difficultés
d'articulation | le poids de l'air insufflé | les réticences
devant l'opaque ? || Sitôt la pente conçue | l'aile revient
en mémoire | et de fugaces reflets noir-bleu | que l'élytre
libère
1 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Depuis que la forêt est partie
en fumée | je loge dans une cabane de fusain
4 THÉ CÉLESTE || Au ciel infusent les étoiles d'hiver
| Orion en suspension dans le soluté | quand je m'endors | ce goût
de mot d'anis | sur le bout de la langue | de piqûre de scorpion
5 LEÇON D'ALGÈBRE DANS LA BERGERIE || Une somme d'animaux
qui bêlent sans cause | son résultat binaire : | ici
égal à un || Docilités au moindre voeu d'en haut
| déroulent tapis de laine et de piétinements | devant ce
pâtre du chantage | quémandent du sens || Ce champs
où paître à l'ombre de sa crosse : | leur diapason
|| Un seul qui ne tient bulle | que pour parole agile | sphère
impesable | impensable retenue | bêle bel : | à cause
de cela l'égale à zérO | mouflon dont les
cornes se retournent contre lui
6 LE GÉANT DES MARÉES || Sur la plage où nous marchons
| longeant l'ourlet mousseux des vagues | des générations
de coquilles | concassées par le ressac : | un chant fait de succions
et de crachats || Chaque vague se lance dans le rachat de celle qui la
précède | avec les fonds du sac de cités englouties
| pense à la succession || Dire que nous en foulons la monnaie
| battue par le temps | par d'invisibles vagues | et l'invincible
barbare casqué | qui commande aux marées
7 AUTOMNE MARTIEN || Ces feuilles dites mortes | tombées
des nues || Fragiles moulages d'une dépossession | qui résistent
aux coups de bec | de l'horloge atomique | ce merle en mal de subsistance
|| Des formes que mars mémorise | imprègne de rêves
de vert : | l'oreiller de laurier
8 L'ESCARGOT DE KANT || Une bruine de sensations | et le concept sort
de sa coquille | progresse par capillarité || Ses antennes
rétractiles | trient les signaux : | cristal de galène et
spire à induction || Ceps dont il se sustente | jusqu'à
ce qu'il croise | sur le chemin critique | la tortue porte-stèle
2 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Pruine matinale | jour que l'on cueille
| avant qu'il se tale
1 DÉVOTIONS Á FLORA || PLUIE OU ROSÉE
| BEAUTÉ DES GOUTTES | SUR LES FEUILLES D'OEILLETS
9 PERCECIELS || Etoiles de graines | qui ont pris
dans le terreau | des questions dernières || La main qui les a
semées | semée avec || Noir-noir | pas d'absence de sauts
| mais profond de la profondeur | pas la nuit de dormir | mais
la veille ténébreuse | les yeux plantés dans l'arrière-ciel
: | y germent
10 JUDITH || Je partage tes pensées | de bronze et de pétale
|| Pensées acéphales | idées bronze | dont les pétales
se décantent | à la pointe des crépuscules
| entre cygne et louve
2 DÉVOTIONS Á FLORA || PARFUM DE ROSES
ANGLAISES | DU MÊME ROSE | QUE LES GALETS NOIRS
3 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Torrent que l'univers | galets ses planètes
| la terre où je m'éveille : | la lune par la fenêtre
11 LES ÉPICES DE MALABAR || Un oreiller en forme d'auge | à
gâcher le plâtre | l'enduit de nuit | ses masques ||
Des sorties dans l'espace | où l'on se cogne | contre la masse
cachée de l'univers | contre la patte du lampadaire | grue
borgne | au plumage noir || Plus de rêves ou alors | à forte
consistance de réalité | un travail de subduction nocturne
| qui délamine || Restent les nuages | exemplaires | inclassables
| faits de la matière des projets inaboutis | les plages où
se succèdent | abandons et engouements : | les épices du
retour à Malabar
12 SOUVENIR DE LECTURE || Jeune femme au torse nu | à plat ventre
sur les coudes | un livre grand ouvert | sur la taie : | dessous un crâne
| confère du volume à l'oreiller || Nul paysage | que les
replis profonds de la couverture du lit | du livre | des cavités
osseuses || Elle a redressé la tête : | regard réglé
sur l'infini | yeux noirs aussi | presque brûlants d'avoir trop
lu || Les directives d'un lamaneur d'Utrecht | des bruits de guerre dans
l'hinterland | un brusque assombrissement ou l'inverse : | accidents sonores
ou lumineux | que trahit la brillance des yeux | poseurs de questions
| la peau blanche des réponses | jamais satisfaites
d'après Marie-Madeleine pénitente de Johan Moreelse
13 AMBRE GRIS || Déjections pleines de becs de sèches |
échouées sur la plage de faire | du nouveau avec de l'ancien
14 SATIRE DES MÉTIERS || Toutes les formes de forme | et couleurs
de couleur inventées | de terre arable des marais | dans
les tombeaux du refus de voir | extraites des fouilles cérébrales
| puis chantées sur la harpe de cuir : | la souffrance du nattier
| à tresser le chant du papyrus
15 RECONSTITUTION || La petite main d'Eros | seulement la main
| dans le dos d'Aphrodite accroupie : | l'excroissance cassée nette
au poignet | le scintillement de la calcite à l'endroit de la cassure
| la main qui me manque
16 HISTOIRE COMPARÉE || Ce couple en bois du Nil
| debout bras contre bras | que tout oppose à l'étrusque
| enlacé dans l'argile : | leurs visages d'antéfixes habités
| par l'assurance du nombre infini de lendemains | l'air d'être
peints par Leonardo || Tout sauf l'étreinte | concentrée
dans la matière ligneuse | dans la zone de contact intime
des bras : | la mélancolie de leurs regards parallèles |
devant les difficultés de l'existence | quand poind la décrue
17 CRYPTOGAME || Draps qui pendent aux fenêtres | en face de la
champignonnière || Des strates de pailles et de crottin jusque
haut | se décomposent en fumée et substrat | tandis que
prolifère l'agaric | dans la galerie calcaire || Draps qui sèchent
| blanchis des squames et de l'urée | des efforts à s'extraire
du tuyau ténébreux
18 BOUC ÉMISSAIRE || L'extinction de voix d'un
trop à dire | des dialogues en double-aveugle | un choeur ventriloque
: | prémices à tragédie || A l'origine de tout :
| la rétribution de l'entrejambe | des mitoses fatales | la loi
d'y désobéir || Fusion froide | que les protagonistes entretiennent
| la bouche noire de charbon | de vérités pas bonnes
à dire | dans la lumière ocre de l'embolie
19 TECTONIQUE DES PLAQUES || Le son de ma voix | sortie
des sutures de la boîte d'os | celle d'un naufragé à
la dérive | sur la magma cervical | qui me tend la main depuis
son radeau || La conscience de sombrer | de compenser en lâchant
du lest | de l'être : | musique de fosse
20 CENTRE DE MÉMOIRE || Des hippocampes argentés | suspendus
dans la vodka | rebondissent au centre rouge | du temps du rêve
|| Le temporal décomprimé | demain n'est déjà
plus une hypothèse | sur la carte des récifs coralliens
|| Après des miles à contre-courant | s'échouer ensemble
sur la plage vénusienne d'Ille | connivences de fugitifs
21 LE GRAND CHAPERON ROUGE || Colère des larmes
que tu polis | loupes à travers la colère déformante
|| Sa fureur ne réchauffe pas | ni ses babines ne consolent | de
tant de grande proximité éburnéenne || Que toutes
pertes susceptibles d'advenir | de clefs de linge et d'argent |
l'identité de papier | tous dérèglements lui
adviennent | au lieu qu'à toi || Comprends | ses bonds sur toi
| immédiatement versés au compte du regret | voudraient
agrandir le cadran lunaire | aux engrenages en dents-de-loup : | sa rage
te prévenir de la morsure | à goût de jusquiame
22 DU PAREIL AU MÊME || Solide solitude | d'avance visqueuse | sous
la pluie drue | du ne pas m'entendre | ficelé dans l'anse | du
ne pas m'attendre || Ou bien linflation galopante | des devises
en robe de chambre | à dragon dans le dos | des billets dans le
caniveau : | ces paroles azotées | qui suintent de l'enfer
23 RÉGIME DE FAVEUR || Manger tout seul | cela ne se peut
| huîtres asperges foie | trop de subtiles fadeurs | trop
d'intime présence dans la mastication | dans la déglutition
de sommités : | le miroir magnifiant de l'assiette vide
24 OUÏ || La tige creuse de calcaire | et pétales d'ardoise
| clochers dénoyautés. || Ça | le nectar du silence
| l'attente irrésolue de la cadence ? || Où fondues | en
quoi ? || Encore parviennent leurs infrasons | jusqu'au rocher sagittal
: | le bleu vertigineux | des nappes de campanules | un labyrinthe mélodique
25 CRONOLOGIE || Des ancêtres bouilleurs de crus
| aux pommes farineuses | génisses au pré paissant
| dans la brume des pommiers || Leurs sabots concassent | les rognons
de silex | qui damait la cour | gémissent à la chaleur de
l'étable || Des pis endoloris | les tiges de lait extrudées
| cinglent le seau en zinc : | la tiède émulsion du présent
| et puis ?
1 YONI SUTRA || Tes mains sur ma nuque : | la puissance des caresses |
prodiguées à l'épagneul || En équilibre sur
la truffe | haletants orifices | le sucre de la récompense | partagé
2 YONI SUTRA || Mains sur la margelle du bassin | le visage immergé
| dans l'eau de ton ventre : | mâle de bonellie
26 GARE SAINT LAZARE || Qui suit la byzantine | emprunte
l'escalator | sous des voûtes d'azulejos || Mollets sous leurs gousses
de nylon | se frottent aux règles des regards | la masse de ses
cheveux : | électrisent les yeux | s'y accolent | de petits
bouts de papier || Elle n'a rien omis : | défaire les noeuds |
le réglage des sangles | provision de fruits secs et la menthe
| avant de boucler son havresac | sa chevelure
27 SOUS LE PORTIQUE DES PEINTURES || Le tableau est là | enregistrement
de gestes | qui les repasse au ralenti | image par image || Que tu n'as
pas besoin de posséder | qui te possède | relève
de la possession || Mélange de substances pensantes et étendues
| opéré dans le pot du crâne : | étale d'attente
| abandonné des mots
28 SIMA || Si | la chimie des étoiles de terre
| le sable dans l'oeil || Ma | réagi à l'air | hérite
de l'incandescence | des conditions initiales || Ce voir | porté
à l'aveuglement | portulan pour les espaces profonds | où
se détresse le corps de l'âme | cicatrise sous la
croûte | à distance discrète | avec la précision
furtive | des rêves au réveil
29 LEGS A LA COHOIRIE || Parpaings de pouzzolane | en
quoi j'ai édifié ma demeure : | la chaux à l'eau
noire gâchée || Maison d'adret aux vitres micacées
: | par elles filtrent d'obscures fulgurances | contre elles se cognent
le bruit des mondes | l'étoupe des mots | affectée au colmatage
| de la coquille fendue | de l'oeuf noir galactique
30 NOTRE CIRCONSTANCE || Galets d'yeux clos | régal d'oreilles
| au polissage des cubes en sphères || Carpes et métacarpes
d'harpistes | à s'en déchirer les palmes | sur les cordes
de pierre | aux arpèges grégoriens
31 PORTE DES HOULES || Bouvier de vaches noires au pré en sable
: | des cornes de glaise | dans leurs sabots fossiles | affaissées
au pieds de la falaise || En langue de galets | elles meuglent de trop
plein | la main qui apaisent | d'extraire du pis appréhendé
| du poing formé | le lait bleuté du littoral
32 VITAM IMPENDERE VERO || Loge la vérité
dans la friction | dans la pointe du bâton frotté
| bois sur bois | dans le mouvement rotatif de l'arc dévoyé
| que la fumée dévoile
33 LIED BLANC || Nuit où elle plaque | ses quintes de toux | sur
le piano du lit : | son corps mouvementé | de positions indécidables
|| Nuit noire de blanches et de croches | noire de noires | quand le collutoire
des paroles susurrées | drape son pharynx
3 YONI SUTRA || Le goût de ta langue | ton odeur de plis | du cou
des seins de l'aine | l'étroitesse de calice des fesses : | autant
d'indices criants | en foi de quoi | de toi | sur la piste du Sphinx
| me perdre dans le noir
34 SYNOVIALE || Galets-syllabes imprononçables | à se tordre
les chevilles en parlant | en marchant dans la salive || Rotules réitérées
| autant de fois que le pieds prend appel | appelle de ses voeux | le
sable compact des concomitances | le réceptacle de tous
les épanchements
35 LA CATHÉDRALE ENGLOUTIE || Ces bouts de verre sucés |
jaune brun vert bouteille | à la mer par les vagues | à
quel vitrail soustraits ? || Combien de plomb démonté |
dissout ? || De moellons réduits à l'extrême | dans
le vacarme des gargouillements ?
36 LE GRAND OEUVRE || Un parmi des milliards de sculpteurs nains | rivé
au broyage | privé de langage | hors des râles scandés
| livré à l'inachèvement qui poind | chaque battement
de peur | d'aller trop loin : | rivage d'où la vérité
sourd | son buste de sable entre les dents
37 LE VIN CHAUD || Des mots qui m'hantent | persévèrent
dans la bouche | l'ample délectation | de tout ce qui reste
à venir | à sous-venir : | les remonter de la cave
| où ils se bonifiaient
4 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Récalcitrantes mûres |
est-ce jus ou sang qui perle | de la pulpe de mes doigts ?
38 VOL PARABOLIQUE || Mais d'ire | la glotte avale son cachet d'iode |
pour qu'en thyroïde se cache cette vérité là
| en ici central || Hémisphère d'argile et de paille
| à la salive agglomérées : | une idée d'hirondelle
| aux boucles successives d'élans et de remords | de mots gobés
dans un ciel violet | les plus durs à dégurgiter
| les crissements de becs qu'on déclouent
39 SPÉCULATION || D'abord il y a ce don qui endette || Mais quoi
: | de l'air respiré | de l'eau bue | quantité d'émois
par tous les pores | tous les axones éprouvés ? || Corps
qui nous consent ce prêt | à taux infini | prime l'âme
40 HABEAS CORPUS || Pavot si beau fané qu'en fleur | aux pâles
vertiges de balancier || Ce rose pétaleux | carrés de gaze
| en prévoyance de proches dislocations : | de parlers morse ||
Trébuche le silence | réduit à poudre rouge | désole
de l'intérieur | le regard du paysage || Il oscille | pivote |
se cogne la tête contre la tête | victime du mal des senteurs
pierreuses | avant de coucher son nombril | sur l'abîme blanc |
plus grand vivant que mort
41 CIEL-ÉTHER || Quel voyage en fauteuil ascensionnel
| sous les tropiques halogènes | avec la sensation de souffrance
sereine | au frottement des récifs de nuages || La clé universelle
de l'extase dans la bouche | le grand-écart des mâchoires
| inhalées à travers le masque de cuir vert | les
molécules volatiles || Ainsi s'opèrent les amygdales | loin
des intrigues de palais | mais les condyles douloureux | de lecture sur
les lèvres | le rapt consommé : | annihilé
5 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Tellement de nuages | des bouts de ciel
entre | on dirait l'inverse
42 ENTRÉE EN MATIÈRE || Au bain d'océan | le saisissement
| le désossement : | les lames affûtées | sur la pierre
d'horizon || A la fin la tête flotte | dedans l'esprit vaque | l'enveloppe
de peau liquide || Avec le retour au sec | le retour anadyomène
à l'entité : | sur la plage de corindon chaud | le corps
retrouve de l'adhérence | ses limites abrasives || Ses limes
| avant de reprendre le chemin des flots | avec une volonté d'invincible
armada : | la difficulté de se narrer
43 VERS TON ME CHAUDE || Le déchirant des fanfares
de laiton | toute la complexité des choses fondue | laminée
chaudronnée claironnée | sous les doigts experts en maniement
de ressorts | en sortilèges : | jazz du fond des âges
44 PRODROME || La vie après lamort | des mots préconçus
pour : | précoces || Quantité de cosses versée dans
l advenir : | le fausse || Le nombre de pieds pairs | la rime amère
| parentèle des vers et des points auguraux : | souper de pois.
45 MISSIVE SOLAIRE || Étoiles sonores | surgies de terre | aux
intrications minérales et végétales | à mi-règne
: | château de ciel | aux parfums d'herbes écrasées
| entre deux soleils || Rebondi sur le socle du temps métamorphique
| l'écho de ses cloches entre les arches || Vous en jouer l'hymne
| sur ma lyre d'Ur | aux cordes écrouies
6 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Dans le champs de lavande | les abeilles
vrombissent | autour de mes chevilles
3 DÉVOTIONS Á FLORA || AGAPANTHES D'ÉTINCELLES BLEUES
: | AU CIEL CEPENDANT | NUL CORDON DE SOUDURE
46 VALLÉE D'AUGE || Sous la presse à longue étreinte
de la mélancolie : | son manoir aux constructions de briques rouges
| aux toits à noues || C'est alors que la pommade verte des prés
opère | nous masse le coeur et les yeux | avec la douceur des pentes
| et doigté d'herbe | à l'exemple des pommiers récalcitrants
47 AVEUX DE FAIBLESSE || La soif de foi en soi | quand la vague escarpée
quitte le confessionnal | aux parois rouges et vertes d'algues phosphorescentes
|| Tutélaires | des colonnes et des voûtes soutiennent la
falaise | qu'elle creuse dans le geste d'absoudre
48 BÉTHANIE || Où tu as choisi de naître
| le plus près possible de toi | le plus proche de l'inexprimable
|| La paix avec les marées | sans cesse à renégocier
: | un traité écrit à la patte de goélands
| au loin le mirage | de l'armée alliée des vagues
4 YONI SUTRAS || Prana quand tu poses ta langue | sur le plus et le moins
de ma dyna-mot | appuies ta joue sur la jante du mandala
49 APRÈS LA BATAILLE D'ARBÈLE || Morte
planète pulvérulente | après pierre | pierre | rouges
environs || Des yeux sans l'appareil de visée | dans l'envoûtement
des ruines et des concrétions | sans qu'il y ait jamais rien eu
de bâti | i.e. de limites complaisantes assignées à
la forme | ni théodolite
7 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Ce jour d'éclipse solaire | à
l'atteindre presque | la perfection du rouge-gorge
50 CONSOLATION || Fond forme mouvement éclat couleur | du moineau
que sa panoplie de plumes | dissimule dans le noisetier | quand il se
jette dans les bras du vide
51 LA VALLÉE DES TROIS GORGES || Tu te taire | barrer ce que tu
sais d'ancien | tu pour jamais | dans les grottes hydrocéphales
|| Avalée l'anthologie des trois cents | les sites jaunes révérés:
| place à la connaissance par l'indignation | au transfert du siège
de la mémoire dans le rachis
52 L'AUTRE EST JE || Il a prouvé à l'encre
verte | son indépendance la plus manifeste | devant les tares de
l'aurore | et les soirs de toutes tailles : | déclaré le
feu bactérien à l'aucuba || Dans le mouvement de peser |
atermoiements et arbitraires | il a sacrifié l'équilibre
| au balancement du désir | le monnayage numismatique à
la poignée de mains
53 LA FILLE DE JEPHTÉ || Les serments les plus difficiles à
tenir : | ceux que l'on a jamais prêtés | informulables
d'évidences | enregistrés sur le miroir témoin
| irréfragable
54 DÉFENSE D'INSTRUIRE || Onze tues d'apprendre à lire |
les versets trachéotomiques | les signes égales : | leurs
regards jetés dans le puits du nôtre | la pensée expulsée
du pensable | quel ?
55 CÉANS || Le souffle de ta présence |
par la fenêtre entrouverte sur le rivage | tes petits cris de mouette
en rêve || A mesure que se résorbent l'aube | et le roulis
hollandais | des hormones du sommeil | dérive le lit aux gréements
affalés | vers le littoral sibyllin | notre quotidien
5 YONI SUTRAS || Le piquant des locutions latines | traduites en sanskrit
| à mesure que je tourne tes pages roses | me délecte du
mélange de riz et d'épeautre | au congrès de nos
corps
4 DÉVOTIONS Á FLORA || TULIPES DE PÉTALES HUILEUX
| SEXAGÉSIMALES
56 ABRÉGÉ || Collectionneur de flammes et de timbres : |
de la fumée dans du cristal | ce monde
57 SUCCÉDANÉ || De la lumière et du son | que l'on
fabrique par la pensée | gong de quartz à rutile
5 DÉVOTIONS Á FLORA || IRIS AU DÉHANCHEMENT MAUVE
| LA VULVE INCONCEVABLE | SANS LE RHIZOME SOUS-JACENT
1 CRATYLE || PIERRES PRIÈRES | LE PIRE
EST DIT || PAS DE BRUIT | PARFUM DE BUIS | DANS L'ABBAYE EN RUINE
| DE TANT D'EXHAUSSEMENTS
1 CODEX || Dans la fosse aux dalles sculptées | d'hiéroglyphes
maya | il marche nu-pieds | sur des coquilles de noix | se tord les chevilles
| dans les rondesbosses des cerneaux
58 KLONDYKE || Pépites phrases des rivières
| qui se résolvent dans les vallées | encaissées
de mon cerveau | de chercheur d'hors
59 CAVATINE || En équilibre sur le chant du toit
| le merle pépite | d'or et d'anthracite
60 TABULA RASA || Miettes de minutes | sur la table du temps: | le doigt
mouillé sur la langue | n'en pas laisser perdre une : | notre pain
quotidien
61 COCCINELLE || Locataire des coins | et des plis de
rideau | dont l'envol contrecarre | la collision des dés
6 DÉVOTIONS Á FLORA || IL RÈGNE UNE PRESSION TELLE
| DANS LE BOURGEON D'UNE PIVOINE : | QUEL ANNEAU DE PÉTALES | AUTOUR
DU VASE EN CRISTAL DE BOHÊME !
62 HOROSCOPE || Une fois les grains de mondes croqués | les peaux
du connu | recrachées dans l'univers | nous restera la rafle du
zodiaque || Plus qu'une odeur de terre battue | et les traces de frottement
des coudes | sur les planètes crétacées |
tous rêves d'éblouissements | cuvés sur la terrasse
| constellée d'éboulis
63 L'AVENIR DU LIVRE || L'esprit dans les mots mis | l'incante qui lit
| une pièce sous la langue || Dans la chambre portative | tapissée
de caractères | tangue la barque de papier | rame le nautonier
|| Mais quand les cataractes | manqueront de courant | pour le transport
du corps | qu'adviendra-t-il? | Et les noyaux réduits à
du noir de fumée ? || Alors sur la terre parsemée de coquilles
| et d'encombrantes urnes de pixels | régnera l'en-nuit
8 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Un silence immense
| de feuille de papier | que chiffonne par à-coups | le pigeon
qui s'envole
2 CRATYLE || ÉCRITURE : | ÉCHOS DE CRÊTES | RATURES
DE CRIS
9 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Le vent rebrousse | le duvet vert-pâle
| du poitrail de la mésange.
3 CRATYLE || CORMORAN | CORPS MOTS REND : | IL PLONGE QU'IL RÊVE
7 DÉVOTIONS Á FLORA || DAHLIAS : | MÉTÉORITES
D'ÉTÉ
64 LE JOAILLIER-ASTRONOME || Qui transmute les jours
d'aulnes | en ovale à péridot ? || Qui débrutit le
saphir des heures nocturnes | le ronge jusqu'aux angles de convergences
? || Ses yeux le protègent de la poussière | des anneaux
saturniens | ses oreilles perçoivent le bruit fossile | des planètes
dagate | à se percer les lobes
65 TRAUMDEUTUNG || Travail du rêve | travail de
taille | des gemmes du sommeil | travail du vrai
66 REMÈDE INUIT || De l'eau de clou contre l'endormissement | et
l'éblouissement des chromes de la complexité : | ce que
réclame la conquête des antipodes | la conduite du
traîneau des idées || Une solution corrosive additionnée
| de quelques gouttes d'iode à phares : | de la teinture boréale
| aux fins de traitement du mal par l'art
67 REPENTIR || Pas le courage de corriger : | par trop
de du des à distraire | ou geste de bravoure désespéré
? | Puis ce serait comme de gommer | ce qui supplée à la
tétée | renier celle doù je découle
qui se prénomme comme || Donc je regrimpe au toboggan de la monotonie
irrégulière | me laisse glisser dans lentonnoir
| ou men coiffe ?
68 NAISSANCE DE LA TRAGÉDIE || Sur le cliché il s'agrippe
| au boulier d'une chaise-haute || Dans les yeux déjà la
fixité | de mosaïque byzantine | une lutte gréco-romaine
d'anticorps | dans les jointures exsangues || Les ans comptés |
la mue travestira ses cordes vocales | en colonnes de temple | où
le bouc rendra gorge
69 SOUS L'INFLUENCE DE SIRIUS || Retour d'ascension | de la neige éternelle
| tassée au fond du sac | pour qu'elle ne fonde pas | que son éternité
ne se démente pas || Mais la masse maculée | de poussières
des sommets | a goût deau plate dans la vallée | cela
seul persiste | et sous verre les edelweiss
70 ASSOMPTION || Soleil éteint | phalène
que leurre | le filament de tungstène | lestée de cendre
sur les ailes | de cendre d'ailes ?
71 L'ONGLÉ || Tachant de toucher | brisant de
prendre | non que le monde soit insaisissable | cassant à
caresser | mais les ongles bleuis | des coups de marteau | à
côté du clou
72 MISSIVE || Longs courriers de plus lourds que l'air | arches en orbite
géostationnaire : | Deucalion aux leviers de commande |
Laas à la sortie de terre | Laos au retrait des eaux
73 FUSÉES ANTIQUES || Ioniennes ou doriennes colonnes
| combien de siècles-obscurités fendus ? || Des tonnes de
poussée | qui ne s'exercent plus | que sur un ciel de marbre
| bleu marbré de nuages
8 DÉVOTIONS Á FLORA || AU PIED DE LA PALISSADE
EN CIMENT DE L'EST | DES BRAISES QUE RIEN N'ATTISE : | LES CHRYSANTHÈMES
DE TAO QIAN
4 CRATYLE || NARD DE NARTHEX | NARRE SEXE DE MA REINE DES PRÉS
| QUI DÉBOUTE LES MAUX DE TÊTE | MA SPIRÉE À
L'EXTRAIT D'ÉCORCE DE SEUL
74 FORETS || Dans la débâcle des saisons | l'arbre d'être
| son radeau cérébral || Persistant s'il se résigne
| à chercher le sommeil | sur un matelas d'aiguilles | dans la
ténèbre balsamique || Caduc s'il s'obstine à forer
| où gît du vert | où le doute térébrant
| cogitent des geysers
75 CONSTANCE || Ici-bas le traversant en bac | l'extrême proximité
de croix | barrant le ciel || Le rauque ronflement pulsé | de leur
turbine de plumes | chant de blancheur sommée | ainsi
les cygnes quand ils me croisent | au sommet de mon lac | de montagne
intérieure
76 MIEL || Ciel de mille fleurs : | vade mecum des monts et vaux cadastrés
|| D'abbayes de pétales en champs miraculeux | d'égarements
dans les gynécées en visitations || Combien de sommités
bues le suc | de repentir | de repartir : | de griffonnages carnet sur
le corset ? || Un essaim de bourdons dans un poumon de cire | l'ambre
liqueur et le dard contigus
77 PNEUMATOLOGIE || La bouée d'appréhender l'absence de
fond | tandis que se dégonfle | l'anneau de caoutchouc noir ||
Tant qu'à la fin la nage | la main d'Archimède sous le menton
| paroles d'encouragements | que tout corps reçoit | de bas en
haut | en l'eau comme sur la terre : | notre chambre à air
78 SOMMEIL DE PERSONNE || Dormeur doreur || Dort meurt
d'aurore : | rêve d'Orphée | orfèvre
2 CODEX || Langue d'immolé | de dragon dans la gorge || La fournaise
endocrine | par les naseaux de l'équidé | tandis qu'il se
sublime | insoumis nostalgique | se décontenance jusqu'à
l'émiettement : | cannelle de carbone
3 CODEX || La corde passée dans la langue | et
le pénis | d'elle et de lui s'égouttent | sur le papier
| par de tels chas versent le cens : | le feule
79 AZURS FACTICES || L'aubépine | dès lors
que se délite | le linteau de la nuit | l'ingère contre
les salves de systoles | édulcore le ciel | de bleu Della
Robbia
10 RENGA DE LA CABANE DE FUSAIN || Le ciel bleu | sauf un nuage : | la
lune
80 CX || Plus on avance vers le futur | plus on remonte
le passé || Bravant les tempêtes de temps | on navigue à
l'estime | entre des certitudes de fin | et l'espérance de durées
: | instants labiles | qui succèdent et précèdent
| le renouvellement de tous les soleils || Cent dix scolies daprès
lapocalypse | autant que d'ans dedans un siècle de romain
| au frottement de l'ère offrir | le plus de surface de cornée
et de tympan : | l'anse mélanésienne des larmes et des sifflements
| ce chant millénaire |