Jean-Gabriel Cosculluela / La pente de n'être rien

"La pente de n'être rien" de Jean-Gabriel Cosculluela, est extrait de "D'un retrait", à paraître à l'atelier des Grames fin 2002

à lire aussi: Une page d'oubli et d'ombre (oct 2003)

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à Jean-Michel Maulpoix

Rien. Froid. La pente. Après, que devient la neige ? Il y a la brutale présence de la boue ou du blanc d’où remontent la voix et le visage éteints du silence. Le secret est à nu, à rien. Et la pente est pour n’être rien dans les mots.

Après, toute main est gauche et elle écrit, elle ne voit rien, ou difficilement, de ce qu’elle écrit.

Rien n’est reconnaissable de ces voyelles et consonnes absentes dès que les yeux les touchent.

Il y a toujours l’extrême pointe de l’oubli sur la pente et, sans relâche, l’imprévisible, l’imprenable sur le sol seul et sur le ciel seul de la terre battue, pentue des mots.

“Je sentais une pente pour n’être rien que je ne puisse exprimer” (Madame Guyon)
“ Des gorgées de silence” (Paul Celan)

Le corps tombé à terre, devant les mots, il reste à les désapprendre en appréhendant la terre et le ciel et le silence du ciel à terre.

La page déserte n’est pas de trop. L’immédiat se plie dans la mémoire brève. Des gouttes de pluie déposent le silence sur la pente de la page déserte.

Dans la terre ou dans le ciel, reste un chemin de boue ou de blanc.