Frédéric Griot / Au fil, sous la

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(Au fil du temps)

VOILÀ que je remets ça que ça roule et roule et roule et se mord la queue et n'en finit pas n'en finit pas n'en finit pas de se raconter ne finit pas d'en finir et de tourner sur lui-même et de se travailler se malaxer se modeler s'essouffler et reprendre haleine élan et continue et continue et continue et continuer encore
Ça m'est venu comme ça oui je crois quand je cherche à me souvenir d'aussi loin que je me rappelle ça m'est venu — quoi — d'aussi loin que je me souvienne comme une espèce de drôle d'effort oui un effort un effort pour quoi un effort là au centre un effort tension une tension vers
vers
Vers quoi
Vers essayer vie pleine excitante oui tendue vers. Tendue vers quoi ? au fait vers quoi oui vraiment est-ce que je me suis déjà posé un jour la question vraiment ?
Vers aller plus loin donc mais plus loin c'est quoi loin c'est rien ça veut rien dire loin ça dépend tellement d'où l'on... alors pas arrêter peut-être oui pas arrêter là alors oui ça a peut-être plus de sens
et c'est là que
— quoi
les visions sont apparues soudain
peu à peu quoique soudain
plus hautes au-dessus comme suspendues arrêtées
et regardant autour tout autour le chaos
l'incompréhensible la quête épuisé soudain là
dans ce moment enfin
comme un point bref moment tendu où atteint la tension
atteint — quoi
la plénitude
paix
Là ces moments. Au centre. Au-delà de moi. Sans moi. Me dépassant. D'où tout est parti tout a commencé surgi. Comme d'un embryon le centre d'énergie le nœud d'énergie. Poussant et grimpant depuis là fleurissant tentaculaire et s'ouvrant depuis lui le centre en lui-même partant de lui. Les mots.
Point de cohérence d'incandescence. Instant pur craquement de lumière. Tout est parti de là.
D'où tout est parti et m'échappe aussi. Ce que je cherche là où ça m'échappe. Se fait comme sans moi ça oui que je cherche qui me grise et me porte et m'enivre et me soûle et tends vers ça mais aussi dans le même temps peur. Veux sans doute tout garder en main maîtriser TENIR.
A l'intérieur. Depuis. Dans. Généré de. Et puis recul. Empêchement. Echouage. Et puis recul. Et puis recul. Sûrement je n'ai pas toujours pénétré dedans.
Quelque chose contre lequel je bloque j'échoue je frappe... Quelque chose là que je ne peux crever. Sans doute que ça a quelque importance. Qu'est-ce ça — ce blocage ce point de contraction ? Ce point où de la tête je tape. Pour vouloir toujours faire mieux peut-être, où je ne rentre pas véritablement, où je ne m'enfouis pas véritablement encore totalement dans... dans mon élan mon démon. Où je ne m'y abandonne jamais, jamais sans aucune résistance, comme si je voulais oui voulais encore maîtriser comme si je luttais contre. Peur encore de m'y abandonner tout à fait. D'y perdre mes limites de les exploser de me perdre moi de m'y dissoudre trop violemment.
Peut-être. M'échappe...
A ce point-là où je ne vais au-delà qu'il me faut travailler...

Oui ça a commencé comme ça je crois ou à peu près ou alors c'est moi qui sublime embelli maintenant — tension vers encore — tendre vers — qui veut tout raconter comme agencé selon une évolution cohérente marquante successive progressive montante tendant vers tendant vers quoi
Là peut-être j'échoue. Déjà. A peine commencé.
Mais qui s'arrête pas en tout cas... parler ça s'arrête pas et cet échouage surtout qui s'arrête pas d'échouer et recommence et recommence... à parler essayer mieux... roule et échoue échoue ainsi des vagues...
Ou alors c'est moi. Je ne sais pas. Je ne sais pas finir. Rien. Ça roule roule.
Ce point d'échouage le traverser, le bousculer, le comprendre, l'entendre, le laisser entendre, le crever. Lui laisser prendre le contrôle peut-être...
Et pourtant ça s'arrête pas. Parfois ça me vide de mon sang et roule et me laisse séché crevé comme une brute...
JE NE POURRAIS M'ARRETER. C'est ainsi, c'est moi. Une incapacité totale. Je ne pourrais m'arrêter. Le bureau, la table, la fenêtre. Devant, les gens qui passent. La table, la fenêtre. Je ne pourrais.
On est comme ça comme ça tout seul dans le silence à attendre une petite voix une petite voix dans le grand le grand remue-ménage des voix des rues des voix des rues dans le brouhaha. On est comme ça.
Je ne je ne sais pas ne peux m'arrêter dans le silence là de mon travail on attend attend tous la petite voix qui dans l'écho tout doucement résonnerait.
Parler.