Bernard Bretonnière / portrait de l'artiste en invité pas facile
l'artiste vu par qui l'invite

Bernard Bretonnière est écrivain, et anime, à la médiathèque de Saint-Herblain, près de Nantes, des lectures d'écrivain de théâtre. Expérience qui l'a amené aux réflexions ci-dessous, qu'il a fait précéder de quelques citations...

Ce texte a été écrit pour les rencontres de l'Iddac (institut départemental de développement artistique et culturel): L'auteur, le territoire et ses publics .... Table ronde avec Roger Wallet, directeur du Centre Départemental de Documentation Pédagogique de l'Oise, André Markiewitz, conservateur en chef de la Bibliothèque municipale de Nancy, Dominique Bondu, directeur du Centre Régional du Livre de France-Comté et Bernard Bretonnière, écrivain. Blanquefort, le 15 novembre 2002

Sur les quatre premières années de l'histoire des résidences d'écrivains de la MEET, on pourra se reporter à l'article Port en littérature que j'ai donné à l'ouvrage Saint-Nazaire, port de toutes les littératures, dirigé par Jean-Bernard Pouy, Éditions Autrement, 1992.

Bernard Bretonnière a publié récemment Coeur d'estuaire et autres textes écrits à Cordemais, nouvelle, poème, paroles volées, paroles données, etc. Éditions Ponctuation et Estuarium, 2000. ISBN : 2-913179-02-9. Ponctuation rue des Chaintres 44610 Indre (tél. 02 40 38 66 38).

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„ (...) il y a entre la névrose obsessionnelle et l'art un rapport indiscutable. ... Arthur Adamov

Tout art tire son origine d'un défaut exceptionnel. ... Maurice Blanchot

Tout art doit être rébellion. ... Edward Bond

L'art est fait pour troubler. La science rassure. ... Georges Braque

La création d'art a pour première tâche de bousculer l'esprit pour le mettre en mouvement et donc, pour l'obtenir, de réfuter la norme. ... Jean Dubuffet

Il me semble que la fonction de l'artiste est de faire face au monde et par conséquent de ne cesser de le contester. ... Jean Dubuffet

L'artiste, selon moi, est une monstruosité ˜ quelque chose de hors nature. ... Gustave Flaubert

On n'est pas artiste sans qu'un grand malheur s'en soit mêlé. ... Jean Genet

L'artiste est un mouton qui se sépare du troupeau. ... Witold Gombrowicz

L'art n'est pas l'oeuvre de charmeurs polis sous tous les rapports, c'est l'affaire d'hommes dramatiques. ... Witold Gombrowicz

(...) un artiste n'a pas à être positif. ... Tadeusz Kantor

Art peut seulement venir du refus. Du cri seulement, pas de l'apaisement. ... Karl Kraus

L'oeuvre d'art na d'autre but que l'évocation magique des démons intérieurs. ... Michel Leiris

L'artiste ne crée que parce qu'il lui est impossible de faire autrement. Il n'y a pas de plus grand ennemi pour l'art que le talent. / L'oeuvre d'art est toujours une révélation. Elle est toujours prophétique. Elle sort toujours des ténèbres. Elle se tourne toujours vers un ignoré. ˜ Car l'oeuvre d'art, c'est l'appel de l'inconscient universel... ... Marcello-Fabri

La vie de tout artiste authentique est celle d'un homme constamment déchiré par l'insatisfaction de soi. ... Vsevolod Meyerhold

Dans le meilleur des cas, le bonheur est une catastrophe pour l'artiste. ... Jean-Pierre Milovanoff

Il n'y a pas que les champions sportifs dont les performances s'expliquent par des adjuvants suspects. Les grands artistes ou les grands écrivains ne se fabriquent pas autrement. Boiteux, battus, exilés, fils de pervers ou de divorcés, ensuite mal aimés : dès leur plus tendre enfance, dopés au malheur. ... Dominique Noguez

La littérature, comme toute forme d'art, est l'aveu que la vie ne suffit pas. ... Fernando Pessoa l'art traite (de) la misère psychologique (l'angoisse) ˜ qui le cause (qui contraint tel ou tel à s'y investir). Et exécute cette misère (en beauté si possible). ... Christian Prigent

Et de Umberto Saba (Ombre des jours) : Le poète est un enfant qui s'étonne des choses qui lui arrivent, à lui-même, devenu adulte. Mais adulte jusqu'à quel point ? / Nous touchons là à l'une des différences qui séparent la petite et la grande poésie. Ce n'est que là où l'enfant et l'homme coexistent, sous des formes le plus possible extrêmes, dans une même personne, que 'naît avec l'aide de bien d'autres circonstances' le miracle : c'est Dante qui naît. Dante est un petit enfant, constamment stupéfait de ce qui arrive à un homme immense ; ils sont vraiment „ deux hommes en un seul .... Regardez comme le petit Dante tressaille, crie, s'éclaire de joie, tremble de colère et d'épouvante (feinte), exulte, s'exhibe, s'humilie par coquetterie, porte aux nues les choses extraordinaires qui, à travers lui, arrivent à Dante en pourpoint et la barbe au menton. ... „ Chez le poète, c'est l'enfant qui s'étonne de ce qui arrive à l'homme. Pour le grand art, il faut (outre les accessoires) un enfant extrêmement petit (trois ans) et un adulte, qui coexistent dans la même personne : Dante. Si l'enfant n'est pas là, le poète est impossible. Si l'adulte n'est pas là, on a le „ poeta puer ..., une honte, un scandale : Pascoli et sa soeur. ...

Bernard Bretonnière / Portrait de l'artiste en invité pas facile

L'organisateur, appelons-le ici l'invitant, qu'il soit élu politique ou responsable culturel, ne sait peut-être pas ceci: le plus beau cadeau à offrir à un artiste, c'est du temps.

Pour créer, un artiste a besoin de disponibilité, il a besoin d'être, par périodes, soustrait aux contraintes du quotidien, aux obligations de son métier, à ses charges familiales, même. Nicasio Perera San Martín, longtemps président de la Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire1, utilise très pertinemment l'expression „ faire halte ... à propos des résidences d'écriture qu'organise la MEET. Une telle résidence constitue bien, en effet, une halte que l'artiste va pouvoir mettre à profit pour créer. ... va pouvoir mettre à profit pour créer...

Est-ce certain ? Est-ce assuré ? Quel contrat garantit l'invitant du résultat par l'invité ? Et si, parfois, l'artiste ne pouvait pas ? Ces questions ne sont pas accessoires : il m'apparaît fondamental que les invitants connaissent la nature de leurs invités avant de les accueillir et afin d'agir au mieux dans les temps d'interventions ou de résidences qu'ils leur proposent. Car un artiste, un écrivain par exemple, peut ne pas pouvoir, il peut tomber en panne. On ne saurait passer commande à un artiste de la même façon qu'on passe commande à un artisan. L'obligation de résultat n'est pas compatible avec la fonction d'artiste. Un artiste ne fait pas de devis ; un romancier n'est pas un entrepreneur en maçonnerie. Est-ce à dire que tout artiste aurait le droit de se moquer du monde ? Je n'en connais aucun qui pense ni agit de la sorte.

Très simplement, et peut-être un peu brutalement, je voudrais faire comprendre que l'artiste est pétri de doutes et d'angoisses, qu'il est fragile, souvent saisi par le désespoir, qu'il souffre et que c'est parce qu'il souffre qu'il est artiste. Louis Calaferte, entre autres innombrables auteurs, a souvent et très bien parlé de cela ; j'en citerai trois phrases :
1.- „ Écrire, c'est ne jamais trouver. ...
2.- „ Après tout, écrire n'est rien d'autre que s'avouer malheureux. ...
3.- „ Il y a quelque chose d'anormal dans le fait qu'un individu s'installe dans un coin avec son porte-plume et sa feuille de papier. Ce n'est pas sain. ...

Aucun écrivain ne connaît la facilité. La facilité d'écriture n'existe pas. Il y a des moments de grâce et des moments de pannes. Écrire est un plaisir ET une souffrance. Un artiste est tourmenté ; comme disait Georges Perros : „ Je ne travaille pas, je suis travaillé .... Avez-vous remarqué tous ces écrivains alcooliques, dépressifs, hypocondriaques, gavés de médicaments, flirtant avec l'autodestruction ? Michel Butor : „ Il y a dans toute oeuvre d'art une tentation surmontée du suicide. ... Impossible d'inviter un écrivain sans connaître cette réalité et sans se tenir prêt à l'affronter. L'invitant a le devoir de savoir qu'il va se retrouver face à certaines difficultés touchant à la nature particulière de ceux qu'il invite. Depuis que le monde est monde, on ne compte pas les commandes qui n'ont jamais été honorées par les écrivains, les musiciens, les peintres auxquels elles ont été passées ˜ et qui n'ont pas pu... On ne compte pas non plus les commandes de „ petites choses ... qui ont donné le jour à des réalisations immenses, à des chefs-d'oeuvre. Voilà donc le risque, énorme et magnifique, que prennent des élus politiques ou des responsables culturels au moment où ils invitent un artiste à travailler dans ou sur leur territoire. Ignorer ce risque, c'est aller au devant de toutes les désillusions, de toutes les amertumes et des plus dramatiques incompréhensions. Prendre ce risque en connaissance de cause est courageux et riche d'espoirs. Reste qu'on n'invite certainement pas un artiste au hasard ; on se renseigne préalablement... Dès lors qu'un artiste accepte de rencontrer le public, des publics, l'invitant doit être assuré de la détermination de cet artiste à donner, à écouter, à échanger, à partager, à expliquer. J'ai le souvenir d'un écrivain invité à une lecture-rencontre et s'installant d'entrée de jeu dans une posture hautaine, voire hostile, répondant avaricieusement aux questions du public et assénant à ses auditeurs, sans les nécessaires précautions et éclaircissements d'usage, qu'il n'écrivait en aucun cas pour les autres, mais pour lui-même, que s'adresser aux boulangers (sic) ne l'intéressait pas car son écriture visait plus haut (sic, encore !). Je pense légitime et responsable qu'un invitant refuse de recevoir, pour des rencontres, un auteur qui n'est pas disposé à ... rencontrer, qui n'a rien à dire au public, et cela quelle que soit la qualité de son ¯uvre puisqu'on peut fort bien lire cette oeuvre en dehors de la présence physique de son auteur.

Oui, un accueil revendique et engage d'autres relations. On n'invite pas un muet à prononcer une conférence. Allons, pour les besoins de la didactique, je vais grossir le trait jusqu'à la caricature : un artiste est : impudique, insolent, susceptible, égocentrique, capricieux, geignard, insupportable, dépressif, mégalomane, cabotin, caractériel, ingrat, asocial, insatisfait, intolérant, etc. un artiste n'est : pas sage, pas raisonnable, pas diplomate, pas obéissant, pas conformiste, pas langue de bois, etc. un artiste n'est : pas toujours poli, pas toujours sobre, pas toujours propre, pas toujours gentil, pas toujours etc.

Un artiste n'en fait qu'à sa tête.
Un artiste est imprévisible.
Un artiste est, pour employer un vilain mot, ingérable.
Horace, déjà, parlait de „ la race irritable des poètes .... Lope de Vega kidnappait les femmes qu'il convoitait, Alfred de Musset s'effondrait sur le pavé après s'être enivré à l'absinthe, Jean Genet se présentait à table avec une chemise si répugnante que ses hôtes l'obligeaient à aller se changer. J'en passe, et de bien pires que vous connaissez également. Il me reste, sur l'artiste, quelques belles citations en réserve pour plus tard si nous en avons le temps et l'envie.

Mais, mais mais : l'artiste est aussi : généreux, sensible, reconnaissant, empathique, plein de délicatesse, etc. Est-ce que je caricature ? Avec sa formidable intelligence sensible, Umberto Saba dit que, dans le poète, coexistent un enfant ET un adulte... Ingrat ET reconnaissant, aussi, donc, le poète, alliant les contraires. Comme est la poésie, alliance des contraires. L'art est un trouble et l'artiste dérange, nécessairement. Ce sont leurs fonctions et c'est bien dans ce trouble et dans ce dérangement qu'on va rencontrer la nature singulière de l'art, sa différence avec la nature attendue, prévue, conforme et conventionnelle des autres produits, des produits-marchandises. Est-ce pour autant que l'invitant doit tout accepter de l'artiste ? Une mère ou un père cèdent-ils à tous les caprices de leurs enfants ? Ce sur quoi il convient plutôt d'insister ici, c'est que nul ne peut ignorer, ou nier, la personnalité spécifique de l'artiste, à partir du moment où il a décidé de lui lancer une invitation. Dans cette logique, on ne confondra pas l'artiste avec d'autres types d'intervenants.

Comme le plaide Kossi Efoui, l'écrivain n'est pas „ un salarié du ministère du Tourisme .... Bien entendu, une collectivité territoriale pourra préférer faire appel à des responsables de communication ou à des publicitaires plutôt qu'à des écrivains : c'est une autre démarche. J'avais, en rédigeant le brouillon de cette intervention, oublié d'évoquer la question de la rémunération, à croire que l'écrivain que j'ai la charge de représenter ici échappe à un seul défaut : la vénalité ! Mais on ne peut faire l'impasse sur cette question, à l'origine de nombreux malentendus entre cultureux (ou politiques) et artistes. Nombreux sont encore ceux qui croient que tout écrivain vit confortablement de ses droits d'auteur et qu'un peu de notoriété équivaut à beaucoup d'argent. La réalité est tout autre, que je me suis amusé à décrire dans la postface de Coeur d'estuaire

2. La plupart des écrivains sont salariés, et dans des métiers les plus divers. Pour répondre à une invitation, l'écrivain salarié va devoir prendre un congé, et souvent un congé sans solde. Or, payer un forfait de moins de cent euros (exemple datant de la semaine passée), frais de déplacements compris, pour faire intervenir un écrivain toute une journée à cent kilomètres de chez lui est inacceptable et ... courant. Pourtant, la puissance invitante est une structure nationale, une solide collectivité territoriale ou un établissement culturel au budget conséquent plus souvent qu'une petite association économiquement faible. Ce type de commanditaire va donc offrir une rémunération misérable aux artistes (arguant parfois que le seul fait de les inviter est un cadeau pour eux car „ ça leur fait de la pub ...) tandis qu'il trouvera toujours l'argent pour éditer de luxueux programmes et honorer les grosses factures (je ne dis pas illégitimes) des graphistes et des imprimeurs. Je n'insiste pas, nous pourrons en débattre plus tard, mais notre écrivain avec sa journée à cent euros en est de sa poche, c'est lui qui a payé l'invitant (!) plutôt que l'invitant ne l'a payé. Aussi, il me semble que le meilleur interlocuteur à solliciter pour être conseillé sur cette question est la Maison des Écrivains (celle „ de Paris ...) qui devait être représentée aujourd'hui. Je reviens à présent sur la commande d'écriture.

Que peut-on demander à un écrivain, et que ne peut-on pas lui demander ? Je me souviens que la Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire, association vigoureusement soutenue par la municipalité, a commencé par commander dans cette ville, ce territoire, „ un texte écrit sur Saint-Nazaire ....

Or, tous les textes remis n'ont pas été, littérairement, à la hauteur des espérances, peut-être à cause de cette trop forte (et limitative) contrainte de territoire. Aussi, la commande a-t- elle été, fort intelligemment, transformée en „ un texte écrit à Saint-Nazaire .... Ce qui n'empêcha pas la plupart des auteurs d'écrire, mais librement, sur Saint-Nazaire ! Aussi, comme le parent et son enfant, l'invitant doit-il jouer avec son invité plutôt que contre. J'ai trop souvent vu, et de l'intérieur, des cultureux profiter des artistes, les consommer, les utiliser impudemment comme du combustible pour leur machine, leur chaudière : sitôt exploités, brûlés, réduits en cendres, ils les balayaient et les oubliaient. (Je noterai, entre parenthèses et en écho à ce que nous avons entendu ce matin, que les petites associations et les bénévoles manifestent parfois davantage d'égards et de respect pour leurs invités que les grosses institutions).

Enzo Cormann, pur et dur écrivain de théâtre, s'exprimait comme suit dans une interview dénonçant encore cette forme d'exploitation, ou de mépris, de l'artiste par certains cultureux : „ Quand quelqu'un vous dit qu'il n'y a plus d'auteurs, entendez d'auteurs à son goût, d'auteurs pour SON théâtre, en quelque sorte de nègres à sa botte. ...

Une dernière chose : on voit parfois, sans doute par manque d'attention ou de réflexion plutôt que consciemment et délibérément, les organisateurs écraser leur invité en résidence sous un monstrueux programme d'interventions. Ils sont alors, tout bonnement, en train d'enlever le beau cadeau attendu par l'artiste : du temps. Quand celui-ci créera-t-il s'il doit assurer trois débats, deux lectures et un atelier par jour, de facs en maternelles, de médiathèques en maisons de retraite ? A-t-il été d'ailleurs préalablement consulté et informé, est-il préparé, a-t-il donné son assentiment au programme, désire-t-il ce genre de rencontres, saura-t-il s'y révéler à l'aise et offrir un échange bénéfique à tel ou tel public ? Et par-dessus le marché, on voudrait que l'artiste laisse un chef-d'¯uvre à la gloire du territoire et du prince qui l'ont invité !?... Non, nous ne sommes plus au temps de Corneille qui concluait ses dédicaces à genoux, et même si ce n'était qu'une façon, par : „ Votre très humble et très obéissant serviteur ...

Il va sans dire que j'ai su apprécier, ce matin, les propos de Nicole Fisbach insistant sur la liberté d'adaptation offerte aux résidents qu'elle accueille à Neuvy-le-Roy. En conclusion, et avec le désir d'ouvrir des portes plutôt que d'en fermer, j'insiste sur le fait que ce type d'invitation (résidence d'auteur, résidence d'écriture, lecture, atelier d'écriture, commande d'écriture, rencontre, débat, etc.) doit s'établir sur un désir mutuel de connaissance, ET de connaissance curieuse : connaissance de l'invité par l'invitant ET connaissance de l'invitant par l'invité. Il s'agit ici très simplement de respect, et de respect mutuel, je le redis. Merci.

©Bernard Bretonnière

P.S. - Je regrette, a posteriori, de ne pas avoir, dans cette intervention, consacré une partie à la notion de fraternité. Je suis en effet convaincu qu'écrire, peindre, danser, etc., c'est toujours donner, même à l'intérieur du paradoxe qui reconnaît l'artiste comme égocentrique. Pour nourrir cette réflexion, on peut prendre appui sur la phrase de Paul Éluard (même si l'homme n'a pas vraiment incarné cette fraternité célébrée par le poète) : „ Il y a un mot qui m'exalte, un mot que je n'ai jamais entendu sans ressentir un grand frisson, un grand espoir, le plus grand, celui de vaincre les puissances de ruine et de mort qui accablent les hommes, ce mot c'est : fraternisation .... Je défends depuis longtemps cette idée que l'expression d'un artiste est ouverte à toutes les fraternités. Dans les pages les plus noires ou dénoncées comme „ nombrilistes ..., le lecteur est toujours convié à trouver sa consolation en comprenant qu'il n'est jamais seul au fond de sa misère même.