240. Les Trois Marionnettes
Trois marionnettes me harcelaient de questions. Il y avait un
Pierrot narquois qui n'avait pas pleuré depuis trois mois, une
Mère Michelle qui n'avait jamais perdu son chat, et un Père
Lustucru gros et gras, encore plus gras que Louis VI le Gros, sorte
d'ogre, moitié roi, moitié croquemitaine. Dans une pièce
il y avait toute seule Bjork avec ses affreuses lunettes du film de
Lars Van Trier. Elle pleurait car on lui avait volé la plus méchante
de ses poupées
(janvier 2002)
241. Cinq Marionnettes
Cinq marionnettes, très méchantes, des dents jaunes
et pleines de pus, voulaient me faire la peau. Il y avait un Polichinelle,
mais il avait de beaux yeux très lumineux et sa bosse avait disparu.
Il était accompagné de son valet Arlequin qui portait
un habit terne, gris et rapiécé, de deux marionnettes-chiens,
des « Rottweilers » sans doute ( ?) Il y avait aussi la
petite fée islandaise à la voix pointue, qui murmurait
gentiment : « Les yeux verts vont en enfer ». Puis cris
de harpie malade.
(janvier 2002)
242. L'héritage
Sous le marché de Niort, cette vieille fée qui
vendait des légumes, mais c'était Björk avec vingt
ans de plus. Elle n'avait donc plus aucun succès dans la chanson
? J'avais pourtant appris qu'elle avait fait un petit héritage,
oh une simple bergerie à demi ruinée, vers les Rochers
de la Chaise, commune de Champdeniers, avec plein de clapiers, de vieux
bois, et des lapins malheureux comme la pierre.
(janvier 2002)
246. Faux rêve doux-amer
Sous le marché de Niort le poissonnier Le Pen vendait
des soles marquées d'une croix gammée. Mais le boucher
Bruno Mégret, avec sa tête de pharmacien malade, prétendait
que ses steaks étaient la nourriture du Troisième Reich,
qui devait durer mille ans. Alors nous achetâmes des légumes.
(29.04.02)
201.Faux rêve des poissonneries
Pour aller jusqu'à chez Elle il fallait s'engager dans
des ruelles tortueuses, un lacis où étaient installées
de luxueuses boutiques de marchandes de poissons qui s'approvisionnaient
exclusivement dans le petit bras d'eau de la Sèvre niortaise
qui longeait la rue de Bessac jusqu'à la blanchisserie Grippon.
Ces magasins étaient fort bien approvisionnés et pourtant
la pêche provenait uniquement de la rivière. On pouvait
se demander comment des brochets aussi énormes pouvaient avoir
été capturés dans ce petit bras d'eau fangeuse
sans qu'ils aient le moindre goût de vase ou d'acidité.
Ces poissons présentaient une chair des plus blanches et servis
froids avec de la mayonnaise constituaient un plat des plus succulents.
On y vendait aussi des écrevisses d'une taille phénoménale
et des illustrés des années 50, comme chez le marchand
de journaux à l'angle de la place du Port et de la rue de la
Regratterie.
(14 et 15.2.01)
202. La Banque De France
J'étais allé voir mon vieux cousin, directeur
des titres à la Banque de France. Il m'avait reçu dans
un appartement somptueux, orné de grenats et de rouges, un appartement
cossu. Puis il m'emmena visiter le château de Versailles et manger
des escargots place du Tertre à Montmartre. Nous étions
entourés de peintres. Je remarquais à ma grande stupéfaction
que tous les tableaux représentaient des pendus sur fond rouge
crépusculaire. Je trouvais l'atmosphère plutôt angoissante.
Mais mon cousin me dit :"C'est qu'ils en ont marre de dessiner
la Tour Eiffel."
(club rêves du 26.10.1990. Retrouvé le 19.2.2001).
203.Le Fermier Maudit
Il y avait vers la Fougeassière entre Mignaloux-Beauvoir
et Nouaillé-Maupertuis un fermier dont les vaches étaient
mortes parce qu'elles avaient mangé trop de mûres. Ses
cochons étaient tombés dans un puits, ses chevaux et toute
sa collection de timbres-postes dans la rivière.
(remix du 29.06.03)
204.La Marchande Malade
Sous le marché la marchande de champignons déclara
qu'elle était atteinte de la maladie de Carré, comme les
chiens épileptiques et baveux du Couloir Merdeux, là où
naquit Madame de Maintenon, dans une vieille maison, pleine de poissons
rêveurs.
(13 et 18.6.01)
209.Les Poissons Mélomanes
Sous les halles de Bressuire on trouvait les plus merveilleux
poissons de France. Ils connaissaient des chansons inconnues de Claude
François, période rythm'n'blues. (14.07.1)
2. Diane Et L'Epicière Naine
la déesse Diane m'apparaissait en songe et m'ordonnait
de lui baiser la main puis d'aller faire quelques courses pour elle
à l'épicerie de la Rue Sainte-Marthe, rebaptisée
alors énigmatiquement "Sainte-Martyr", et dont le nom
s'affichait en vert pâle fluo sur la plaque de la rue. Il lui
fallait de l'angélique et des pattes de cerf pour confectionner
une recette à l'occasion d'un grand banquet, des noces, au fond
de la forêt (elle ne me dit pas qui se mariait). Mais l'épicière,
une naine au regard froid, n'en avait pas. En revanche, elle voulait
à tout prix me vendre des épices : de la cannelle, de
la rhubarbe, des "clous" de girofle qui n'étaient pas
"rouillés". "Encore heureux..." pensais-je,
mais je m'abstenais de tout commentaire.
(5.10.97. Recopié le 7.10)
4.Les Danseuses
La scène se passe dans un château de province.
Je revois le soir ou plutôt la nuit dans la grande salle de garde
du château de Surin. En compagnie d'amis nous avions banqueté
jusqu'à une heure fort avancée de la nuit. Assemblés
autour de la vieille flamme vive, joyeux par moments, livides à
d'autres, nous dansions et chahutions. Certaines filles s'étaient
mises nues et se contorsionnaient devant les hautes flammes grises,
prises de frénésie. Le souvenir des soixante chevaliers
enterrés là sous les pierres ou du moins dans la cave
de ce vieux château laissait les garçons indifférents
à leurs contorsions brutales et à la teinte pourpre de
leurs corps, soulignées par ces hautes flammes bordeaux qui semblaient
embraser jusqu'aux murailles du manoir.
(6.10.91; numéro 386; revu le 29.12.97)
386; revu le 29.12.97)
5. Les Calendriers Du Diable
Comme illustrations du calendrier de l'Avent cette année-là
(la scène se passait vers 1956) dans la cuisine on avait le chat
du charcutier qui se faisait torturer par son maître; Barbe-Bleue
étranglant ses femmes et les violant tout en souriant benoîtement,
la barbe poissée de bonbon à la menthe; les contes de
Gulliver chez les fantômes; et d'autres gravures horribles, chaque
fois qu'on retirait un jour du mois de décembre et qu'on prélevait
un petit morceau de chocolat représentant soit un diable soit
un bouc soit une princesse. Je pensai qu'on s'était fait "refiler"
un calendrier diabolique dans un de ces petits supermarchés anonymes
qui commençaient à émerger à droite et à
gauche.
(12.10.91; numéro 409; recopié le 29.12.97)
7.Les Anes Dans L'Eglise
je voyais des ânes qui entraient dans l'église
Sainte Radegonde, et qui se frottaient aux statues des saints comme
pour en obtenir certaines guérisons miraculeuses. L'un des ânes
se mit à braire en pleine église, mais comme elle était
déserte cela ne dérangea personne. Je les chassai en leur
administrant de vigoureux coups de bâton; l'un d'eux faillit me
décocher une ruade, mais plus leste que lui je l'évitai
de justesse et le frappai vigoureusement au milieu du dos, ce qui le
fit décamper aussitôt, avec perte et fracas, tandis que
les autres baudets se confondaient avec des animaux de vitraux.
(16.10.91; numéro 413; revu le 29.12.97)
8. Vieux Jouets de Noel
Pour Noël on m'avait remis de vieux jouets qui m'avaient
été donnés en fait par le diable : il y avait en
particulier un guignol avec des figurines monstrueuses : une mère
Michelle sorcière; un chat de la mère Michelle qui avait
des yeux verts de mauvais enchanteur et des griffes incroyablement longues,
des dents jaunes d'être humain; un Méphistophélès
plus vrai que nature, incroyablement rouge et laid; un petit bossu de
Carême ainsi qu'un personnage ressemblant à un gros Flamand
de Breughel sur sa fameuse toile, Le combat de Mardi Gras; il y avait
aussi le PetiT Chaperon rouge, en costume de bal; et un Pierrot maigre,
verdâtre, maladif, la braguette ouverte, souffrant d'une gingivite
et d'un rhumatisme articulaire à la cheville; enfin un Polichinelle
vieillard avec un maquillage outrancier.
(17.10.91; numéro 415; revu le 29.12.97)
15.Les Oiseaux De Martine Neveu
Martine Neveu avait acheté de petits oiseaux tout noirs
qui prédisaient l'avenir. A l'époque elle était
coiffée d'un catogan pirate qui lui allait extrêmement
bien et elle était très jolie. Dans ce rêve c'était
l'époque où Michel Polnareff chantait ses merdes, vêtu
d'un petit Shetland rose trop court. Martine garait son petit Cady tout
blanc (mob) à la Roussille et s'en allait se balader avec ses
copines sur un petit chemin de hallage qui menait à des sources
inconnues et à des chemins de ronde près de vieux châteaux
victimes de la Guerre de Cent Ans, où elle collectionnait de
petites statuettes en plomb de Du Guesclin, Charles VI, Isabeau de Bavière,
et autres.
(14.3.91; numéro 145; déjà dans Dimanche... mais
je l'ai modifié le 30.12.97)
16. Le Repas A L'Elysée
Le général De Gaulle m'invitait à déjeuner
à l'Elysée en compagnie de Daniel Cohn-Bendit. Daniel
arrivait avec une étonnante chevelure d'un roux flamboyant mais
ne disait mot durant tout le repas. Le général baissait
la tête le nez dans son potage ou dans des pâtes au gratin
(il avait des vers au nez comme un adolescent acnéen) mais avait
gardé son képi (un peu crasseux).
Les domestiques, froids et hiératiques, changeaient les assiettes
et les couverts d'argent à chaque plat. Je faisais les frais
de la "conversation", un long monologue banal où je
comparais les mérites respectifs de John Mayall et ceux de Jimi
Hendrix, que le général ne connaissait pas, à part
un petit EP « sans grâce » (sic), où figurait
"Purple Haze" et "The Wind Cries Mary". "-
Qui était donc cette Mary ? Etes-vous sûr qu'elle était
absolument douce ?" me demanda-t-il en me toisant au dessert (tarte
aux pommes sans grâce). Je n'osai lui répliquer qu'il confondait
avec une chanson figurant sur Blonde on Blonde (peur de le contrarier
? Absolutly Sweet Marie). Cohn-Bendit, l'air indifférent, presque
impoli, feuilletait La Nouvelle République ou Le Courrier de
l'Ouest, en tout cas un journal régional.
(24.3.91; numéro 163; voir Dimanche...; repris le 30.12.97 ;
puis le 29.06.03)
17. Jean-Paul Sartre Embastillé
J.P.S. avait été embastillé pour avoir
cassé la gueule à un flic lors d'une étape du Tour
de France, à Bordeaux. Puis avec Simone de Beauvoir il luttait
contre des loubards à coups de chaîne de vélo. Simone
les traitait de "Sales blousons noirs! racaille! Petites ordures"
et faisait allusion pour je ne sais quelle obscure raison à la
citadelle préincaique de Machu Picchu (qu'elle avait l'air de
confondre avec le Chtulhu de Lovecraft, à cause de sonorités
voisines). Boris Vian arrivait avec sa trompinette et jouait un petit
air de jazz insipide, puis se vantait de l'avoir composé dans
une cave du quartier latin "où l'air était méphitique",
un caveau "à deux pas de là", ajoutait-il, propos
qui décontenançait l'adversaire loubard de Sartre. Le
philosophe existentialiste s'en apercevait, en profitait pour lui lancer
un coup de genou dans le ventre en s'écriant : "Toi, tu
vas morfler" et on voyait passer la momie de Ramsès II transportée
par un voyou moyen âgeux qui ressemblait à François
Villon (qui justement "avait eu une rixe dans ce quartier",
me fit remarquer De Beauvoir, un doigt sur ses lèvres).
(26.3.91; numéros 167 et 169; in Dimanche...; changé le
30.12.97)
24.Le Secret De Jean Marais
Jean Marais (l'acteur) avait laissé dans une lettre manuscrite
le secret de sa longévité : cela consistait à manger
du pâté d'oiseau, mais d'un oiseau spécial, de l'étourneau
aux raisins de Corinthe macérés dans du Cointreau. Il
fallait d'abord plumer la bête à la lune montante, puis
la vider de ses intestins et de ses boyaux, briser le cou, casser le
bec, la plumer, ôter la peau, faire cuire à feu doux ou
du moins pas trop brutal, faire revenir avec du madère, ajouter
sel, poivre et fleurs de lune. "Mais où trouverais-je des
fleurs de lune ?" lui demandais-je. "Eh bien, dans la lune"
me dit-il avec son fin sourire étrange et ses petites dents minuscules.
(2.4.91; numéro 186; inclus à Dimanche...; recopié
le 31.12.97)
27. La Visite D'Hannibal, Rue Basse
Rêvé qu'Hannibal venait me voir, venait sonner
à ma porte avec tous ses éléphants. J'ouvrais et
je tombais sur un grand type borgne, sémite, la peau halée,
habillé à l'ancienne. Plusieurs éléphants
s'entassaient dans la rue Basse, l'air malheureux (comme des bêtes
de cirque) . Mon père sort en trombe de la droguerie, blouse
blanche, son balai à la main, s'écrie l'air agacé
"Que se passe-t-il ?" Je lui réponds :"C'est rien,
c'est Hannibal avec ses éléphants". Il regagne son
magasin, sans mot dire. Hannibal me demande si j'ai passé un
bon séjour en Angleterre. Moi, l'air embarrassé et déconcerté:
"C'était bien", mais je m'empresse d'ajouter que je
n'ai guère fait de progrès dans la langue parce qu'on
s'est trop souvent retrouvés entre Français. Cependant
je n'ose pas lui demander comment il est au courant ni en quoi ça
l'intéresse, d'autant plus que ses pachydermes font un boucan
incroyable et que le teinturier d'en face, un gros chauve, un Pied Noir,
me fixe l'air furax, les bras croisés, sur le trottoir d'en face.
"Il aurait fallu pour cela franchir les colonnes d'Hercule..."
. Là, je me réveille et je note tout de suite ce rêve,
de peur de l'oublier.
(11.4.91; numéro 203; déjà dans Dimanche... mais
modifié le 31.12.97)
31. Les Aventures Souterraines De Georges Pompidou
J'ai rêvé que le premier ministre (en 1968) G.P.
avait participé à une expédition sous la terre
à la recherche à la fois de l'Atlantide et du Pandemonium
des anciens traités de démonologie. Ils n'avaient trouvé
(lui et ses compagnons) au bout d'un $moment que des fragments de la
ville d'Ys , quelques menhirs usés par les ans, des tessons de
bouteille. En remontant à la surface voilà qu' ils trouvaient
un fragment de l'Atlantide : c'était une statue du général
De Gaulle toute en or avec son képi en vermeil et son cor de
chasse en bandoulière. Elle criait, comme Brennus :"Vae
Victis"
(18.4.91; numéro 214; déjà recueilli dans la suite
de Dimanche...; repris le le 31.12.97)
36. La Fontaine De Bélouère
Comme je me promenais dans les bois de la Garenne à Nouaillé-Maupertuis,
un vieil homme me mit en garde : "Ne buvez pas de l'eau de la fontaine
de Bélouère, elle rend sourd". Je lui disais qu'il
commettait une erreur, qu'il s'agissait vraisemblablement de "la
fontaine qui sourd" et que cette superstition était liée
à une déformation populaire. Il me répondit sans
vraiment m'écouter : "Mon cheval est devenu aveugle en un
après-midi pour en avoir bu, et ma femme est devenue bègue
et méchante." Il me sembla dur d'oreille, ce qui me déconcerta
un peu.
(26.4.91; numéro 230; recopié le 1.1.98)
44.La Nouvelle Assistante d'Anglais
Il y a une nouvelle assistante d'anglais dans la boîte.
Elle est jolie, elle a du charme. Les cheveux courts, noirs, habillée
de noir. Elle me dit : "C'est 15 shillings la passe". Je suis
ébahi par de tels propos et fais semblant de ne pas avoir entendu.
Je reste seul dans mon coin à corriger des copies. Plus tard
un lézard traverse la salle des professeurs. Elle lui dit :"C'est
vingt shillings la bière en Angleterre". Le lézard
s'enfuit à toutes jambes. Elle rit. Il y a du sang sur ses gencives.
Peut-être fait-elle une gingivite? Elle parle des taxis londoniens
qui sont souvent conduits par des Pakistanais, ivres de bière.
Puis elle demande si les gâteaux secs sont Alsaciens et fabriqués
avec une farine spéciale qui viendrait d'Espagne. Je me dis qu'elle
a le goût des voyages mais me tiens coi dans mon coin.
(11.10.91; numéro 7; recopié le 2.1.98)