Fred Griot | oui oui mer

extrait de town town _ continuum _ work in progress textuel, graphique, sonore, réalisé on line depuis fév 2005 _ et faisant suite àjour où remue silence


oui oui peut-être avait-il raison qui sait finalement peut-être avait-il quoique - les choses sont si si petites elles passent comme ça comme ça et les feuilles mortes o oui et làdans la rue soudain ouais soudain làle fracas bruit souffle oui oui toujours là-dessus commence et làdans la rue soudain ouais soudain làle fracas bruit souffle dans la rue qui descend làouais vers le port vers la mer vers l’eau poisseuse et puis plus loin bleue vers la mer bleue d’iroise ouais vers les boats ouais vers les quais ouais vers les docks ouais vers le bas ouais cette putain d’odeur dès que dès que l’on descend du train ouais du wagon wagon ouais cette odeur làla mer ouais l’ordure les rues crades ouais le musc et la mer ouais la mer la mer ouais voilàet puis descendant làvers la mer descendant dégringolant dans les rues àputes les putes blacks les putes aux grosses jambes ouais vers la mer vers la mer la mer toujours oui me disais-je tu crois pas que je sais pas que et je descend heureux après picole dans les bars bondés d’hier après après les putains de rhums ouais et descends vers la mer ouais là-bas derrière les toits ouais vers la mer encore toujours la mer les goélands squattent sur les toits toits de tuiles arrosés de soleil avec au fond entre les toits les petites fenêtres pauvres ben la mer la mer toujours je descends je descendrais je descendrais tout àl’heure cette ruelle étroite raide crade avec les putes au bord en bas assises sur les voitures je descendrais tout àl’heure pour l’instant j’écoute coute coute du gros son dans l’appart que l’on ma prêté dans la baignoire il y a une grande trainée de rouille sur l’émaille blanche
les choses sont si petites elles passent comme ça ai descendu la rue la rue dégringolée suis passé devant les putains devant les grosses jambes des putains elles montrent assises sur des voitures ai dégringolé làen bas tu et voilàjusqu’àla mer jusqu’au port jusqu’àlàle vent làl’odeur làle sel làle cailloux làle flux le reflux làle large la vague làla lumière bleue acier làle soleil làla chaleur làle rocher làla mer làla mer làle flux làle reflux làles barques làle sable làles bouteilles plastiques làla merde làlàlàlàles vagues les algues làles poissons crevés làle bleu le vert le jaune le blanc le bleu le bleu la corniche quand on passe les choses sont si petites oui et ce soleil cette lumière bleue acier tendue blanche ouais làdans le trouble de la mer le trouble bleu vert les rochers les pneus les sacs les sacs plastiques bleus et toute la puissance de la mer le sel le sel le sel oui et comme comme toujours toujours on marche on marche je marche vers la mer la mer la mer et ce trouble du bleu du vert sur le fond blanc sur le fond vert quand on passe les choses sont si puissantes les choses sont si fortes et les vagues des vagues quand on passe les choses sont si fortes si puissantes et les vagues des vagues des vagues des vagues
et souffl et flux et reflux et souffl
et souffl et flux et reflux encore
oui làquand on passe c’est toujours aussi puissant aussi blanc aussi éblouissant aussi piquant aussi blanc aussi blanc et le sel le sel le sel et la mer la mer on y revient toujours la lumière tendue blanche au trouble de la mer

oui oui oui mer on y revient toujours on y toujours on ne peut que accoudé àla corniche on voit partir accoudé on voit partir au loin on voit partir au loin les barques on voit partir au loin le regard vers la corniche la mer le flot flot des bouteilles flottant sur le flux on regarde làet c’est comme si passé comme si passait on regarde làles choses aller et venir on regarde loin au loin on regarde les choses flotter on imagine ceux qui sont arrivés làceux qui ont vu l’arrivée làceux qui sont arrivés d’autres espaces ceux qui sont arrivés migrants ceux qui ont vu en arrivant la corniche làflottant entre deux brumes de chaleurs sous la lumière aveuglante l’éclat du calcaire blanc lessivé on regarde au loin le regard vague on plisse on regarde dans la lumière blanche aveuglante l’odeur prenant l’odeur prégnante on regarde ce qui vient là-bas de minces filets blancs de minces traits blancs flottant faisant route faisant vers le large faisant route vers le large làlà-bas et on regarde on regarde ce vieux sac plastique flotter traverser la nasse traverser l’entrée du port et làgrand axe fort rectiligne la jetée et on regarde la jetée les gros bateaux là-bas sur le dock béton sur le dock peinture sur le dock acier sur le dock rouille on regarde et au loin derrière l’axe rectiligne les déchargements sous le soleil on regarde dans cette odeur de silex de béton brà»lant de vieux filet de coquillage et de grue on regarde les grues
et on se dit que là-bas en regardant au loin on verrait peut-être là-bas de l’autre côté làcette ligne là-bas de l’autre côté est-ce que ce ne serait pas est-ce que ce ne serait pas ça que l’on aperçoit là-bas et on regarde accoudé on regarde on ne se lasse pas de regarder accoudé regarder aller et venir là-bas au loin quelques barques et le sac plastique flotter dans l’huile et l’odeur de silex frappe et on regarde on regarde on regarde parle peu avec les copains qui regardent regardent en même temps regardent d’un même regard vers le inlassable regardent le inlassable continu flux regarde le inlassable ligne là-bas le inlassable trait là-bas que deux trois barques traversent on se dit peu de choses on se dit juste que làoù le regard le inlassable flot bleu traversent quelques traits traversent et souffle gros vent qui nous balaie gros vent tiède qui nous souffle gros vent tiède qui nous souffle les mèches et les cheveux secs claquant les drapeaux de plage claquant accoudé on regarde là-bas on touche la mer on touche l’eau bleue verte le fond vert ocre les drapeaux de plage on plonge dans l’eau on claque des dents on caille on se marre on se frictionne on court sur les rochers on court àpoil les drapeaux claquent
et on se remet en marche àmain droite la mer toujours

déc 2005
© txt & image_fred griot
19 mars 2006
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