Rouges et autres couleurs

(c) Xavier Krebs, huile sur toile, 2002 ;
photo : J.-Dominique Fleury, DR.

Quoi ? L’automne. Ça y est, il fait froid, humide et gris parfois, outside. Avec Marguerite Duras et Michèle Laverdac. Un dialogue d’artistes en vidéo. Timbre et couleurs des voix.

Certains rouges
Comme les feuilles qui tombent. Comme l’affiche des assises de l’édition indépendante àl’Arpel Aquitaine et qui rappelle que les feuilles imprimées qu’on vend, c’est pas au poids... Pourtant, aujourd’hui, àSaumur, la librairie Val de Loire se mue en centre culturel Leclerc...

Rouge d’encre de Michaux àLa Roche-sur-Yon pour une journée d’études. Rythme de ses peintures, de ses phrases, et lectures plus stage, ou exercices critiques.

Rouge terre. « En mon pays suis en terre lointaine.  » Toni Morrison invitée au musée du Louvre autour de ce thème et aussi dans Vacarme.

Rouge scène : au théâtre, lecture d’un texte de Gérard Haller, Figuren, une autre voix, un autre rythme sur la Shoah, rappelant que dans les camps, pour « désigner [l]es cadavres qu’il fallait dire Figuren. Les nazis avaient interdit les mots "mort" ou "victime". Il fallait dire Figuren, c’est-à-dire "marionnettes", "poupées". Mise en scène encore.  »

C’est après cette « mort sans phrases  » et sans mots que le théâtre de Beckett prend aussi sens. La BNF accueille le manuscrit d’En attendant Godot avec faste, les 14 et 15 novembre. Relire Bing.

D’autres rouges
Big bang et Chaos de Franck Venaille. Une belle lecture de Corinne Godmer : rythme contradictoire des vies ensembles et dissemblables, de la naissance dans un monde complexe : « Symphonie du chaos que ce recueil dirige, distribuant de ses touches un ensemble orchestré jusque dans ses hiatus.  »

On pourrait reprendre les mêmes termes, « orchestré jusque dans ses hiatus  » pour Christian Prigent qui livre ici un extrait inédit de Demain je meurs, une « géographie pathétique  », « de Gouë t et Gouë dic, Doux-Venant, Légué àFleuve Jaune ou Bleu via Rhin et Volga, comme dans ses campagnes contre l’ennemi de lui-même qu’est lui  ».

Liban. Le petit cèdre rouge, rouge sang, sang qui s’écoule en pulsations rapides et douloureuses. Exil, mort, simple départ – mais est-ce si simple ? – le texte d’Anaïs Escot est une ode.

De Virginia Woolf, Shoshana Rappaport nous conte par petites phrases rythmées les instants autour de l’écriture, avec un extrait de son livre Léger mieux : « Elle s’enveloppe dans son grand manteau rouge et sort humer l’air. Le soir tombe àpeine.  »

Et toujours dans la revue, un autre texte de création, la nuit, cette fois, la treizième nuit d’été de Pedro Kadivar.

D’autres nuits, d’autres couleurs
Celles de Kierkegaard, que l’on sait douloureuses, heureusement ponctuées par l’humour du Ce qui est perdu de Vincent Delecroix. Ronald Klapka poursuit sa correspondance avec Magdelaine en lui offrant de gourmandes kierkegaardises.

Et, pour finir le festival, avec Catherine Pomparat àpropos du peintre Alexandre Delay : « rose tendre puis brunissant jusqu’au sépia obscur / couleur crème pâle avec un léger reflet ocre (àpeine distinctement saumoné), salie de verdâtre souvent maculé de brun foncé  ». Jamais de marron, naturellement. Seul le brun est une couleur. Les marrons, c’est bon pour les arbres, ou au coin du feu, dans une poêle àtrous, avec un peu de bernache (ou vin nouveau) un livre sous les yeux, àl’automne...

9 novembre 2006
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