Quelque chose passe, se passe

[Désolé pour le double envoi de cette lettre, dont la première version contenait de nombreux liens non valides. GB]

Quelques choses arrivent, sur remue.net. Chaque jour où presque, se déposent, en Une ou dans nos rubriques, des éléments d’un duvet solide, sombre étincelant sous la surface tiède de l’écran.

« Quelque chose se passe » est le titre immense et simple, immensément simple, du livre de Stéphanie Chaillou, paru aux éditions Isabelle Sauvage, parution et réception par poste dont Jean-Marie Barnaud nous tisse le récit. Le cadeau simple qu’est un livre qu’on reçoit, avec quelque chose dedans. Simple et immense, car : « Tout est très limité. La terre est sous vos pieds. Le ciel au-dessus de vos têtes. »

La cadeau d’un livre, le cadeau d’une bibliothèque : une bibliothèque qui s’ouvre est une bonne nouvelle. Dominique Dussidour nous mène à Ségou, Mali, et conclut ainsi : « Voyagez bien, lisez bien. »

À quoi l’on obtempère avec plaisir en allant lire cet extrait de « La Fille de la maison sans fin », roman de Ana Maria Sandu, texte qu’Éric Pessan-, via la traductrice Fanny Chartres, nous apporte de Roumanie : « Les fines lignes, les stries qu’on suit parfois de haut en bas en s’aidant d’un petit bâton, ont chacune une histoire cachée. »

« Et si tu te, et si tu ne le, enfin si t’arrivais à, sans forcer le trait, mais juste essayer de ne pas trop, de ne pas enclore là, dans l’espace qui réunit, dans ce lieu là, si fragile tu sais, alors tu prendrais le temps de, juste le temps ça serait, »,
un flot, celui de Lise-Marie Barré, auteure accueillie avec joie sur remue

« D’époque en époque ça se déplace : ça veut donc dire que ponctuellement ça cède. C’est pour cela qu’il faut continuer : à écrire, à penser, à former le goût, à rétablir la valeur. » Une belle phrase parmi d’autres, dans ce livre d’entretien, recensé, celui que publient les éditions Argol avec Christian Prigent, intitulé « Prigent quatre temps » :

Et en écho, cet entretien avec Olivia Rosenthal, qui nous parle de sa façon, d’écrire et d’enregistrer de la parole pour en faire langue écrite ET qui parle :
« un projet sans doute utopique mais pour faire des entretiens il faut forcément partir du principe que les uns et les autres, malgré nos différences, nous allons réussir à nous entendre (à tous les sens du terme). »
et
« Je croyais que la langue avait certaines limites et qu’au-delà ce n’était plus la langue ou en tout cas que c’était un lieu de la langue que je ne pouvais pas investir, et, grâce aux entretiens, je réussis à passer les limites. C’est donc une source de renouvellement et d’énergie qui est en train, je crois, de devenir nécessaire pour moi. »

« Cela dit, les « Matériaux de construction » sont d’abord des textes littéraires » Jean-Marie Barnaud nous signale la parution des Cahiers Claude Simon 4 ; Jacques Josse, lui, nous fait part de la belle nouvelle de La rivière échappée réchappée pour notre bonheur de lecture.

Les chroniques régulières ou moins, sont matériau d’importance sur le site, on vous convie à sinuer en Italie avec Philippe Rahmy qui y est allé lire : « « ce qu’on ramène d’une lecture », se partage entre l’envie d’en rester là et celle d’y revenir – en rester là, tant ça a demandé de forces, tant ça a puisé à des profondeurs que personne n’imagine quand on se met juste là pour une heure, juste là bien en face avec le verre et le micro, juste ça, qui ne pourra pas être reproduit, tant il faudra chaque fois se contenter de moins, de beaucoup moins, mais personne ne s’en rend compte dehors où la machine à mots tourne rond, »->http://remue.net/spip.php?article3091], et à Catherine Pomparat pour les épisodes deux et trois du Petit chose dans l’espace quatre, déambulations autour de quatre essais de Brian O’ Doherty.

Le feuilleton Instin continue de nous perdre, nous perdre de ferme et souriante façon, avec Nicole Caligaris cette fois, qui nous convie à La place du mort, conférence sur la conférence sur l’autorité du général Instin, prononcée lors du festival instin.

Et l’on vous rappelle surtout notre prochaine, cinquième, rencontre de la saison 2008-2009 proposée par remue.net en amicale collaboration avec la Scène du Balcon le samedi 14 mars à 20 heures au Centre Cerise : 46, rue Montorgueil, 75002 Paris, métro Sentier ou Les Halles.
Vous y écouterez et Michaël Batalla et Vincent Tholomé, se lire soi et l’un et l’autre, et vous présenter Le clou dans le fer. On vous le rappelle car c’est une belle occasion aussi de se voir et causer, ces rencontres, et pour mémoire et vous donner envie, écoutez donc Dominique Quélen et Aurélien Dumont nous présenter leur opéra : ça pense avec d’immenses sourires. Immenses, et simples.

1er mars 2009
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