Editions de la Phocide : Aillaud, Bailly et Grüber ainsi que Manchev

Les éditions de la Phocide poursuivent leur chemin, leurs croisées de chemins.

On se souviendra que remue.net avait salué leurs premières parutions, notamment Le poids d’une pensée, l’approche de Jean-Luc Nancy et Ethique et expérience. Lévinas politique est de Gérard Bensussan. Nous avions également invités cette jeune maison d’édition à dialoguer avec Eric Vigne, lors d’une précédente rencontre remue.net.

En cette rentrée, les éditions de la Phocide offrent deux parutions significatives de leur démarche tranverse, entre bifurcations, traces et impensé.

Le premier livre est la nouvelle publication d’un livre épuisé de Gilles Arnaud, Jean-Christophe Bailly et Klaus Michael Grüber, La medesima strada.



Il s’agissait d’un spectacle mis en scène par Grüber au Piccolo Teatro Sudio à Milan, créé le 8 janvier 1988.

Jean-Christophe Bailly rappelle dans une introduction inédite :

« Si aujourd’hui je repense à ce spectacle, à son aventure, à ses moments divers - rien n’étant si éloigné, un peu plus de vingt ans seulement - je ne peux le faire qu’avec une certaine tristesse et beaucoup de stupéfaction : en effet Gilles Aillaud et Klaus Michael Grüber ne sont plus là, comme ont disparu également les trois grands acteurs qui tinrent les rôles des philosophes dans le montage que nous avions réalisé : Tino Carraro qui fut Héraclite, Lino Troisi qui fut Parménide et Raf Vallone qui fut Empédocle. Il va de soi, dès lors, qu’en envisageant la réédition de ce livre que nous avions été trois à signer, je ne peux le faire qu’en ayant à l’esprit ceux avec qui je n’ai pas même pu en parler, au nombre desquels je dois malheureusement ajouter aussi Christian Bourgois, qui l’accueillit d’emblée, et Philippe Lacoue-Labarthe, qui non seulement co-dirigeait la collection où le livre parut mais qui aussi, par sa pensée, y était déjà en quelque façon présent.
Par-delà cette dimension d’hommage teinté de deuil, ce qui me pousse à vouloir republier ce livre, c’est bien sûr sa question, l’actualité sans fin recommencée de sa question : la nature du tragique et la relation entre tragédie et philosophie à partir du seuil que la Grèce ancienne a placé derrière - ou devant - nous. »


Jean-Christophe Bailly, « Lande arride, herbes folles », pages 6-7

Gilles Arnaud, Jean-Christophe Bailly et Klaus Michael Grüber, La medesima strada, Editions de la Phocide, 2009. ISBN : 978-2-917694-03-9


Une autre publication des éditions de La Phocide est à souligner en cette rentrée : La métamorphose et l’instant. Désorganisation de la vie de Boyan Manchev.



On peut lire en quatrième de couverture :

« La vie nous excède : axiome dont toute vie – et toute la vie – est la preuve, sans aucun jugement final. La vie – l’excès permanent de la vie.
La question de départ du livre, qui s’articule dans l’espace où il n’est pas possible de dissocier pensée du monde et éthique, est la suivante : peut-on faire l’expérience de la finitude sans la relever en événement absolu ; sans sublimer la dépense irréversible de la vie par l’infini du salut, du sens, de l’accumulation des biens et du bien ? Peut-on excéder l’héritage messianique qui a marqué toute l’expérience moderne de la finitude ?
La métamorphose et l’instant, les deux figures privilégiées de l’événement, s’aventureront, à la recherche d’une réponse à ces questions, dans la voie de la dynamique des singularités – ou de la désorganisation de la vie. Leur mouvement s’effectuera sous trois modes, qui correspondent aux trois parties du livre : la désorganisation de la vie, la finitude du corps, la communauté finie. Chacun des six essais qui composent le livre s’élabore à partir d’un cas concret – les romans de Dostoïevski, les écrits de Bataille, d’Artaud et de Blanchot, ainsi qu’une Nature morte de l’artiste contemporaine Sam Taylor-Wood –, et sur un rythme parfois ordonné, parfois syncopé : épreuves conceptuelles sans terre promise au bout du périple.
 »

ISBN : 978-2-917694-02-2

11 novembre 2009
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