Des mots àcombiner (Les ateliers de Suzanne Doppelt)

Des mots àcombiner

Chacun donne 3 mots et il s’agit de composer un texte en les utilisant tous. D’abord dans le désordre puis dans l’ordre.
Les mots : ciment citron bélier mangrove apéritif phalanstère moulin absolu évanescent corde
singe vie secret rive ibis table limite fable


C’est un lieu sans ciment.
Une fable absolue.
Accessible seulement àdos de bélier. Qui nous ouvre les portes d’un château-fort évanescent.
La mangrove a investi les douves. Elle garde le secret de ce phalanstère animal peuplé de singes, d’ibis et de vies inconnues.
En limite de la civilisation, un apéritif m’attend. Une simple rondelle de citron àcroquer. Sans table. Sans verre.
La rive du parler s’éloigne. Seul demeure le crissement des cordes du violon. Pour apporter de l’eau au moulin du dialogue.
C’est un petit singe qui joue.



Un haut mur en ciment.
Derrière des citrons. Et un bélier au pied des arbres.

Comme la mangrove est loin... Et le souvenir des apéritifs pris au phalanstère.

Ici, on n’entre pas comme dans un moulin. L’interdit est absolu. Rien d’évanescent ni de léger. Jeter une corde contre le mur et grimper comme un singe risque de nous faire perdre la vie. Le secret de ces deux rives ennemies se perd dans la nuit des temps.

Allons !

Un Ibis chauve devant une table de tarot de Marseille pourrait àla limite expliquer les raisons de cette fable.
Que la raison a désertée.


Valérie Hau


Attablés - apéritif au citron - les soixante-sept membres du phalanstère du Moulin s’imprégnent lentement de la fable du bélier, de l’ibis et du singe, réunis sur la rive secrète de la mangrove : « La vie est souple comme la corde ; la vie est froide comme le ciment ; évanescent est l’absolu.  »


« Ciment, citron, ciment  » ....
... Ces sonorités acides ! Et pourquoi pas un autre son ?
« Bélier bêtisier belluaire  » ...
ou bien : « mangrove mâcher moustache ? » ....
ou encore : « Sur la moustache de Léopold, subsiste une trace de l’apéritif partagé au phalanstère du Moulin  » ...

Michèle Girouard


"Au moulin lorsque tu arriveras
le singe te sourira
l’ibis chantera
le bélier t’ouvrira
Lâche la corde et attache lààla rive !
Mais prends garde aux mangroves ! " Voici ce que lui disait la fable.

L’homme regarda la voà»te au ciment friable.
Quelques feuilles écrites au jus de citron l’avaient amené jusqu’ici en grand secret.
De ce lieu, jadis phalanstère, se dégageait une vie en quête d’absolu.
Pourtant rien ne se passait sur cet horizon évanescent presque sans limites.

Ce dont il était sà»r c’est qu’il serait en retard pour l’apéritif.




Il trouva làun ciment taché de jus de citron.
Les traces d’un bélier avaient défoncé la porte.
En bas les mangroves se noyaient dans les douves.
L’apéritif que l’on servait pendant ce temps sur les lieux d’un ancien phalanstère
devait servir àfournir les fonds pour la restauration du vieux moulin.
Qui pouvait encore croire àun élan de générosité absolu et évanescent ?
La corde rouge qui entourait l’homme avait été payée en monnaie de singe...
Tel était sans doute le prix àpayer : une vie arrachée en grand secret.
L’emblème d’un oiseau, ibis àcorps de femme, que l’on retrouvait griffonné
sur la table était la preuve tangible d’un sarcasme sans limites.
Mais voilà ! Qui allait encore croire àcette fable ?


Anna Marède


19 juin 2011
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